L’Action des Cannes à Moucher par Jean-Pierre Martin

     Lorsque vient le moment de choisir une nouvelle canne, nous devons déterminer quel type d’action est le plus avantageux. Le choix qui s’offre à nous est assez vaste et va, pour un même numéro de soie, de très souple à très rigide avec, entre les deux, toute une gamme de possibilités.

    Bien comprendre les avantages et les limites de chaque action nous permet de faire un choix éclairé pour trouver la canne qui va vraiment répondre à nos besoins et nous apporter le plus de satisfaction.

Classification des Cannes

     Bien qu’il existe des normes de l’AFTMA (American Fishing Tackle Manufacturers Association) pour la classification des soies, il n’y a aucune norme établie en ce qui concerne l’action des cannes. Les manufacturiers sont libres d’inscrire ce qu’ils veulent sur leurs cannes. Ainsi, le numéro de soie suggérée est parfois sous-évalué ou surévalué. Bien sûr, cela a des conséquences sur l’action. La seule façon d’avoir une idée juste du comportement d’une canne avec une soie donnée est d’effectuer un lancer, ce qui n’est malheureusement pas toujours possible.

    Un américain, le Dr.William Hannemam, a mis au point une méthode simple pour pouvoir mesurer et comparer les caractéristiques de différentes cannes, le « Common Cents Systems ». Sur le site www.common-cents.info/caq.htm vous pouvez trouver l’explication de sa méthode, ainsi qu’une banque de données sur différentes cannes.

Les Cannes Rigides ou à Action Rapide

L’Action des Cannes
     Ces cannes ne laissent pas indifférent. Ce sont les Formule 1 des cannes et la performance est au rendez-vous. Leur principal avantage est de propulser la soie à grande vitesse. De plus, l’amplitude réduite de leur flexion va aussi favoriser une boucle plus étroite. Une grande vitesse de la soie ainsi qu’une boucle étroite sont des éléments indispensables pour réussir de très grands lancers. C’est la canne idéale pour ceux qui recherchent la distance à tout prix. Cependant, il y a un prix à payer pour ces performances et ce prix n’est pas seulement un coût plus important. Ces cannes nécessitent un geste plus compact et un effort physique plus grand pour faire fléchir ce puissant ressort.
 
     Pour faire quelques lancers lors d’une compétition de distance, il n’y a pas de difficultés, mais fournir un effort physique constant pendant plusieurs heures de pêche a pour conséquence une plus grande fatigue. Parfois, lorsque la technique n’est pas au point, des douleurs et des problèmes d’articulations se manifestent, pouvant même se traduire par l’interruption d’un voyage de pêche.
 
     Il est fréquent d’augmenter le numéro de la soie sur une canne trop rigide pour réussir à la faire fléchir convenablement. Cette solution est, d’après moi, loin d’être idéale. Cela équivaut en fait à rajouter du poids pour... ralentir... une canne trop rapide. Le résultat est un ensemble plus lourd avec des performances diminuées. Il est préférable dans ce cas de choisir une canne moins rigide et mieux adaptée à sa technique de lancer.
 
     Si la canne est vraiment sous-évaluée, alors il vaut mieux commencer par choisir d’abord le numéro de la soie et ensuite la canne qui propulse le plus efficacement cette soie.
 
     Pour pouvoir profiter pleinement des possibilités de ces cannes, la technique de lancer doit être supérieure parce que tout est amplifié, les performances comme les erreurs.

Les Cannes Souples ou à Action Lente

     Souvent méprisées ou sous-estimées, ces cannes ont pourtant de grandes qualités. Il faut manipuler une bonne canne en fibre de verre, qui se classe dans cette catégorie, pour goûter et apprécier la douceur du lancer d’une canne souple.

    Les amateurs de cannes en bambou savent tirer profit des qualités et avantages propres à cette action. Pour bien les utiliser, on doit ralentir le mouvement, ce qui dans notre société va à l’encontre du rythme de vie qui nous est proposé. La pêche à la mouche peut être autre chose que la compétition et le monde des records « Guinness ».

    Cette canne est l’outil par excellence des adeptes de l’art de prendre son temps et du « Slow Living ». Elles ne sont pas des vestiges du passé et on trouve sur le marché des cannes haut de gamme pour satisfaire les amateurs.

    Bien sûr, elles ne se comparent pas avec les Formule 1 de la distance, mais il ne faut pas se méprendre : entre les mains d’un pêcheur habile, elles peuvent offrir des performances respectables. Non seulement il faut être un peu zen pour apprécier cette action, mais il faut aussi... savoir lancer!

Les Cannes Intermédiaires ou à Action Moyenne-Rapide

Les actions des cannes à moucher
     Ces cannes sont celles qui conviennent le mieux à la grande majorité des pêcheurs. Elles offrent de bonnes performances tout en étant faciles à utiliser. Elles ont suffisamment de rigidité pour donner une bonne vitesse à la soie sans exiger un effort soutenu ou une technique impeccable. C’est le meilleur compromis entre les deux types d’action précédents.
 
     Cela ne signifie pas pour autant que c’est une canne de pêcheur moyen. C’est peut-être la canne du plus sage, novice ou expert, celui qui a clairement identifié ses besoins et fait un choix en conséquence.
 
     En résumé, on ne peut dire qu’un type d’action est meilleur qu’un autre. Cela dépend de la façon dont on aime pêcher. Mais peu importe son action ou son prix, seule une bonne technique de lancer nous permet de tirer profit du potentiel d’une canne.
 
     La canne la plus dispendieuse, mal utilisée, devient un simple bâton et la plus banale des cannes, entre les mains d’un bon lanceur, peut donner de magnifiques lancers.
 
     Il faut donc tenir compte non seulement des caractéristiques propres d’une canne, mais aussi de notre habileté à exploiter ces caractéristiques.
 
     Une fois que l’on a trouvé la canne idéale, il peut être amusant de vérifier si on est suffisamment habile pour s’adapter à tous les autres types d’équipement, de la vieille canne en bambou à la dernière innovation technologique.

Références

» Texte Jean-Pierre Martin (2007).
» Photos Jean-Pierre Martin.
» FQSA.
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