Le Leisenring Lift par Gilles Aubert

     En rivière, la pêche des truites arc-en-ciel, brune et mouchetée avec des nymphes est sans contredit l'une des plus productives. Pour obtenir du succès, encore faut-il utiliser les bonnes techniques. L'une d'entre elles, appelée Leisenring Lift, s'avère souvent très efficace si bien exécutée. Malheureusement, peu de pêcheurs à la mouche la connaissent... ou la pratiquent de la bonne façon.

Le Leisenring Lift
     Si vous êtes un moucheur qui préfère tenter d'imiter l'allure de l'insecte immature juste avant sa transformation en adulte plutôt qu'une copie conforme à l'original, l'approche de James Leisenring, ce réputé pêcheur américain des années 1940, vous conviendra sûrement. Selon ce dernier, pour les insectes aquatiques à l'état de nymphe et de pupe, il est surtout important de suggérer les branchies filamenteuses, les pattes, les élytres ou les ailes semi-transformées. Et toujours selon Leisenring, la technique devrait davantage être employée lors d'émergences d'insectes aquatiques, alors que les truites se gavent de nymphes et de pupes s'élevant dans la colonne d'eau vers la surface avant de se transformer à l'état adulte. Toutefois, même s'il n'y a pas d'insectes sur l'eau, son approche est aussi très efficace quand vous connaissez les repaires des truites.

TECHNIQUE

     Dès que vous avez repéré la truite ou son repaire, positionnez-vous perpendiculairement au sens du courant, à plus de 9 m (30 pi) de distance et légèrement en amont de la cible. Ainsi, comme il n'est pas nécessaire d'être très près du repaire, il y a moins de risques d'effrayer la truite. Tout dépendant de la hauteur de la colonne d'eau et de la vitesse du courant, déposez l'artificielle à un mètre (3 pi) ou plus en amont du poisson. Selon Leisenring, il faut que la mouche se déplace librement dans le courant et qu'elle cale progressivement pour entrer dans le champ de vision de la truite à son niveau ou même plus bas.

     Ainsi, plus le courant est rapide, plus vous devez lancer la mouche loin en amont et, si le courant est plus lent, plus l'artificielle doit être déposée près du poisson. Durant la dérive, selon la vitesse du courant, corriger ou amender la position de la soie sur l'eau vers l'aval ou l'amont pourrait s'avérer utile.
Tout en gardant la canne assez basse au-dessus de la surface de l'eau et dans la direction de la mouche, suivez des yeux la dérive de l'artificielle. Autant que possible, la soie devrait être tendue. Dès que vous vous apercevez ou que vous croyez qu'elle est à moins de 50 cm (moins de 2 pi) du poisson, arrêtez la canne dans cette position et élevez-la doucement et progressivement. L'artificielle s'élèvera vers la surface dans le champ visuel de la truite, tout comme les insectes aquatiques qui émigrent vers la surface pour se transformer en adultes.

     Si l'eau est profonde et le courant plutôt lent, élevez progressivement la canne jusqu'au-dessus de votre tête pour augmenter la vitesse d'ascension de l'artificielle vers la surface. D'ailleurs la touche, souvent brusque, a habituellement lieu pendant l'ascension de la mouche vers la surface.
À mon avis, c'est l'approche la plus productive pour imiter l'allure des nymphes et des pupes qui s'élèvent vers la surface du plan d'eau pour y émerger. Elle est facile d'utilisation et s'avère aussi efficace même sans la présence d'insectes aquatiques à la surface. Au risque de faire de l'anthropomorphisme, il semblerait donc que c'est la simulation de vie de l'artificielle en mouvement qui provoquerait l'attaque des truites.

     Une mise en garde s'impose cependant. Les insectes aquatiques s'élevant toujours lentement vers la surface de l'eau pour y émerger, évitez l'ascension trop rapide de votre artificielle. Agiter le scion de la canne de quelques frémissements s'avère souvent très productif. Avec un peu de pratique, vous apprendrez à maîtriser assez facilement cette technique de pêche. Je vous signale qu'il n'est pas toujours nécessaire que la mouche circule très près du fond du plan d'eau. J'ai obtenu du succès avec des artificielles qui dérivaient à près de 15 cm (6 po) avant de les élever vers la surface.

L'équipement

     Pour plus de facilité dans la pratique de cette technique, il serait souhaitable d'utiliser une longue canne (8, 1/2 pi et plus), très légère et très sensible, tout en étant assez rigide pour assurer le meilleur contrôle possible de la soie. Pour que la nymphe ne soit pas freinée par la traction, il faut souvent élever la soie de la surface ou l'amender, et il s'agit de manœuvres plus faciles à exécuter avec une longue canne. À l'usage, vous apprendrez qu'une variation de seulement 6 po dans la longueur d'une canne est importante pour l'exécution de certaines manières de lancer.

     Pour ma part, j'aime bien me servir d'une canne en fibres de graphite à action rapide d'une longueur de 9 pi, qui propulse une soie à fuseau décentré vers l'avant (weight forward) n° 6 ou 7. Évitez les soies entièrement calantes ou à bout calant. Quant au bas de ligne, il devrait être fuselé et au moins de la même longueur que la canne. Il serait important d'avoir un bout fin (tippet) d'une longueur d'environ 2 pi (65 cm) ayant une résistance de 4, 3 ou 2 Ib, tout dépendant de la grosseur de l'artificielle utilisée.

Des modèles

     Quoique certains pêcheurs utilisent des mouches légèrement plombées, Leisenring se servait d'artificielles et d'un bas ligne non lestés. Et il était d'avis que, pour être davantage efficace, la mouche ne devait pas avoir d'ailes comme la plupart des mouches noyées conventionnelles était partisan des mouches Soft-Hackle et, selon moi, celles-ci sont toujours à privilégier. Les composantes de ces mouche (corps en soie floche ou en dubbing fourrure et collerette formée d'un ou de tours d'une plume souple d'un oiseau - gélinotte huppée, tétras, poule, étourneau, corneille, faisan, etc.) font qu'elles imitent bien plupart des insectes aquatiques immatures qui dérivent dans le film de l'eau et ceux qui s'approchent de la surface de l'onde avant d'émerger. Habilement présentées par le pêcheur se sert du Leisenring Lift, elles simulent la vie… et provoquent l'attaque.

     Quant aux modèles, ceux qui sont faits d'un corps en soie floche ou en dubbing de fourrure de couleur jaune, orange vert et d'une collerette en plume souple de gélinotte huppée sont les plus productifs. De plus, étant donné que la nymphe ou la pupe a une apparence brillante lors de l'ascension vers la surface, procurez-vous aussi des imitations à l'état d'émergence, mais qui sont enveloppées d’Antron, une laine synthétique vendue da les magasins spécialisés de pêche à mouche.

     Il n'est pas nécessaire d'utiliser une mouche qui imite parfaitement le véritable insecte, les points à considérer été surtout la grosseur et la couleur. Ainsi, dans le cas des éphémères, on utilisent principalement des nymphes dans les n° 10 à 18; pour les trichoptères, les hameçons dans les n° 12 à 16 sont plus utilisés. Il est important de se rappeler qu'en début de saison, les mouches sont généralement foncées, et que plus saison avance, plus elles deviennent pâles. N'hésitez pas à vous procurer des hameçons de qualité et à tige plus fine, le Tiemco étant mon premier choix.

     NB : La technique du Lelsenrlng Lift et les mouches Soft-Hackles sont des éléments clefs pour la pèche des truites à la nymphe.

Références

» Texte & Photo: Gilles Aubert (Février 1999).
» Magazine Sentier Chasse & Pêche.

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