À la Bonne École

     En raison de sa finesse et de son caractère éminemment sportif, la pêche à la mouche gagne en popularité. Ne permet-elle pas d'inculquer le respect du patrimoine faunique et de l'habitat naturel? Au Québec, pour obtenir le support technique, les jeunes et les adultes, débutants et plus aguerris, peuvent maintenant compter sur l'aide de moniteurs compétents.

     Observer un rond de gobage, identifier l'insecte attrapé, attacher l'artificielle appropriée au bas de ligne, maîtriser la canne avec aisance, poser l'imitation impeccablement, voir le poisson s'emparer du leurre, ferrer avec douceur et vivacité, combattre l'adversaire avec dextérité et l'amener à l'épuisette, le sacrifier proprement ou le gracier (le remettre vivant à l'eau) : voilà autant de gestes posés par le pêcheur à la mouche qui font de cette discipline, lorsque bien maîtrisée, l'une des plus captivantes et des plus actives qui soit.

     Malheureusement, et ce, à tort, la pêche à la mouche jouit encore d'une réputation d'activité récréative snobinarde et difficilement accessible auprès de certains adeptes de pêche sportive à la ligne.

     Quoi qu'on en dise, elle est assez facile à apprendre. Sans vouloir minimiser les problèmes pratiques à résoudre lors de l'apprentissage, tout amateur sérieux, persévérant... et bien conseillé peut réussir. Certes, il peut apprendre en lisant des bouquins et en regardant des vidéos spécialisés, mais pour éviter des erreurs possibles ou pour les corriger, il est préférable d'aborder cette discipline avec des pêcheurs expérimentés. Bien choisir l'équipement (canne, soie, moulinet, bas de ligne) selon l'espèce de poisson recherchée et les techniques de pêche utilisées, maîtriser le lancer, connaître les différents nœuds de raccord, sélectionner la bonne mouche, être familier avec les mœurs des poissons sportifs, sont autant de connaissances indispensables à la maîtrise de cet art. Souvent, les meilleures explications deviennent vite inutiles si on ne les met pas en pratique sur le «terrain».

Associations de pêcheurs à la mouche

     Appréhendez-vous débuter seul? Souhaitez-vous approfondir vos connaissances? Tout comme cela se fait pour le golf, le tennis et le ski, la possibilité d'apprendre la pêche à la mouche se rencontre maintenant beaucoup plus facilement. Depuis quelques années, les pêcheurs à la mouche québécois sont représentés par la Fédération québécoise des pêcheurs à la mouche (FQPM), née de la restructuration de la Confrérie des pêcheurs à la mouche ATOS du Québec. Dans plusieurs régions du Québec, des associations locales affiliées à la FQPM se chargent de dispenser un enseignement théorique et pratique à leurs adhérents, tels des cours de lancer, de montage de mouches, de fabrication de cannes, de techniques de pêche, d'entomologie, etc. Étant donnés par des bénévoles, ces cours sont gratuits ou requièrent peu de déboursés. Tout ce qui a un lien proche ou lointain avec la pratique de la pêche à la mouche devient même un prétexte de rencontre. D'ailleurs, durant la saison de pêche, des sorties de pêche sont souvent organisées en lac ou en rivière. Certes, ces rencontres peuvent avoir comme désavantage d'avoir à se plier aux exigences du calendrier, mais elles permettent d'établir des liens avec des pêcheurs expérimentés qui ne sont habituellement pas avares de renseignements.

Autres possibilités

     En plus des associations membres de la Fédération québécoise des pêcheurs à la mouche, d'autres regroupements régionaux de pêcheurs sportifs, des magasins spécialisés en pêche, des compagnies de produits de pêche et même des pourvoiries mettent aussi sur pied des sessions de formation. Et ce, sans compter les services individualisés de pêcheurs établis. D'une durée de quelques heures à quelques jours selon la demande, ces séances d'apprentissage sont dispensées soit à une personne, soit à un groupe, à des jeunes ou à des adultes, à des débutants ou à des habitués. Souvent, les cannes, les moulinets et les soies et, à l'occasion, l'hébergement, les repas et les droits d'accès à la pêche sont compris dans le forfait. Et à des coûts très abordables! S'ajoutent aussi les guides accompagnateurs présents dans plusieurs pourvoiries et dans certaines ZEC où ils s'imposent souvent pour des raisons de sécurité. Cependant, leurs principales tâches se limitent habituellement à trouver les bons coins et à apporter l'assistance technique nécessaire.

Mise en garde

     Il n'est pas facile de juger objectivement de la valeur absolue des séances de formation, car elles s'adressent davantage à des néophytes venus récolter leurs premiers poissons à la mouche. Qu'elles portent le nom d'école, de cours, de session, de stage, qu'elles soient à but lucratif ou non, ces rencontres de formation (initiation et perfectionnement) offertes ou non par des organismes affiliés à la Fédération québécoise des pêcheurs à la mouche ne sont soumises à aucune réglementation spécifique. Aucune organisation étatique ne chapeaute les activités de cette pléiade d'écoles, de guides et de particuliers. Le tout repose sur le contenu des sessions, de même que sur la valeur et la compétence personnelle de moniteurs qui n'ont pas reçu de formation pédagogique particulière. Transmettent-ils tous le bon enseignement, les connaissances entomologiques sont-elles toujours d'une rigueur scientifique?

     Serait-il vraiment souhaitable que les gens qui dispensent ces cours soient reconnus compétents par un organisme gouvernemental, para-gouvernemental ou autre? Devrait-il exister un brevet d'instructeur de pêche à la mouche reconnu? Même si cette profession n'est pas réglementée et qu'il y est assez facile d'improviser, je ne crois pas qu'il soit pertinent de souscrire à une éventuelle réglementation. Toutefois, avant de vous inscrire à une session de formation, informez-vous du contenu et de la notoriété des moniteurs. Un bon pédagogue ne fait pas qu'affirmer et décrire, il explique en détail le pourquoi et le comment de chaque geste. On peut être un habile pêcheur sans avoir les qualités requises pour l'enseigner.

Un avenir prometteur

     La pêche à la mouche artificielle que l'on peut pratiquer dans tous les plans d'eau (ruisseaux, rivières, lacs et même en mer) constitue le plus beau des sports halieutiques. Considérée comme une activité de loisir, les prises étant souvent remises vivantes à l'eau, elle permet une meilleure communion avec la nature. D'ici la fin du présent millénaire, le nombre d'adeptes ne cessera d'augmenter, d'autant plus que cette discipline s'avère des plus productives pour la pêche de la plupart des poissons d'intérêt sportif d'eaux douce ou salée. Est-il possible de prétendre que le nombre de plans d'eau réservés seulement à la pêche à la mouche ne cessera d'augmenter? Ne serait-il pas important de bien préparer la relève?

Références

» Texte & Photo: Gilles Aubert (Mai 1996).
» Magazine Sentier Chasse & Pêche.
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