La Force du Nombre

     Saumoniers, unissons-nous. Je vois d'ici l'impact foudroyant que nous aurions, si chacun de nous, avait comme dessein d'apporter sa contribution, ne serait-ce qu'occasionnellement. Contribution qui peut passer par diverses formes. Please? Écrire aux ministères concernés afin de faire valoir nos inquiétudes, nos solutions. Si un ministère recevait un nombre saisissant de lettres, n'est-il pas permis de croire que ce ministère agirait davantage en fonction de nos besoins? Parfois un geste fait toute la différence. On loge une parcelle dense de nos grandes vérités communes dans la tête de tout un ministère, et cela, aussi incroyable soit-il, pour le prix d'une enveloppe et d'un timbre. Alors, saumoniers, à vos plumes! Comme autre forme il y a bien sûr l'adhésion à la FQSA, ou tout autre association qui a comme priorité la sauvegarde du saumon de l'Atlantique. Comme on dit... l'union fait la force! Pour moi (comme pour bien d'autres), il est clair que le salut du saumon Atlantique passe dorénavant par la FQSA. C'est par le biais d'un tel regroupement de tous les intervenants que viendra à poindre la grande solution. La solitude n'est guère de mise dans ce dossier. C'est en faisant front commun que nous arriverons à nous faire réellement entendre par les fonctionnaires d'Ottawa, qui bougeront sous une pression de tous les instants! Je propose aux membres en règle de la FQSA de doubler le nombre actuel de membres. Si chacun de nous se donne comme priorité d'abonner à la FQSA une autre personne, d'un coup, nous doublons notre force de frappe. C'est un pensez-y bien n'est-ce pas? C'est là une fois de plus un geste qui peut rapporter gros. Plus nous serons forts, plus notre voix portera. Quand tout un chacun aura réellement pris conscience qu'il peut faire un effort supplémentaire dans le dossier de la ressource saumon, notre cause connaîtra assurément des heures d'une gloire durable!

La Force du Nombre Par Denis Saint-Yves
     Le sénateur Jacques Hébert vient d'entreprendre une grève de la faim, et ce, en fonction de son programme Katimavik qu'il a mis sur pied il y a dix ans, et qui est menacé par la guillotine des Conservateurs. Selon le sénateur Hébert, c'est là le moyen ultime afin de faire valoir sa cause. Ce moyen est extrême, radical, et son positif en est la PUBLICITÉ qui en résulte. C'est foudroyant, n'est-ce pas? Je me prends à imaginer l'impact que cela aurait si un saumonier influent faisait de même en s'appuyant sur les points suivants:
     A) un quota de pêche à Terre-Neuve.
     B) un retard ADDITIONNEL de deux semaines à l'ouverture de la pêche à Terre-Neuve.
     C) une fermeture de la pêche à Terre-Neuve le 31 août plutôt que le 31 décembre. C'est là une idée démesurée, mais le problème que nous traversons n'est-il pas démesuré? Un saumonier influent qui aurait l'audace d'un tel acte nous donnerait une PUBLICITÉ foudroyante, et brasserait bien des consciences à Ottawa.

     La Zec York-Dartmouth a pris le taureau par les cornes, dans le dossier de la fosse Breeder, rivière Dartmouth. C'est réconfortant de voir tout l'effort déployé par notre Zec afin de servir au maximum les intérêts des saumoniers. Permettez que je prenne ici quelques lignes afin de vous entretenir de la fosse Breeder, car cela pourra servir de modèle à d'autres Zec aux prises avec le même problème. Chaque année la fosse Breeder accueille entre 200 et 400 saumons. Ceci à partir de la mi-juillet, quand l'eau commence à être à un niveau très bas. C'est là tout un spectacle. Mais, depuis nombre d'années il s'y vivait une situation pénible, celle du crochetage du saumon. 

     N'importe quelle mouche noyée pouvait accrocher un saumon «accidentellement». Si bien qu'il y a avait une catégorie de «saumoniers» qu'on ne voyait sur la rivière que fin juillet, début août. Les «fameux saumoniers» du crochetage. Pour dissuader ces «fameux saumoniers», nous avons voté, démocratiquement, une loi laissant à la discrétion du gérant de la Zec, le mode de pêche sur cette magnifique fosse. Quand le niveau d'eau sera haut, la mouche noyée et la mouche sèche seront permises sur la fosse. Mais quand le niveau d'eau sera bas, seule la mouche sèche sera permise sur la fosse. Ceci afin de laisser le saumon tranquille dans la fosse. Cela aura des effets positifs sur toute la ligne. 

     Lesquels? Permettre aux véritables saumoniers de pêcher selon l'art exact, sans craindre d'être dérangés par quelques «saumoniers» sans scrupule qui n'y venaient que pour crocheter... lançant au milieu du rassemblement de saumons... leur mouche qui ressemblait à une pierre! Ce qui avait pour effet de rendre la qualité de pêche à peu près nulle pour qui péchait selon les règles de l'art exact. On ne peut guère espérer faire prendre une mouche au saumon quand un «saumonier» voisin vient de défaire la fosse avec sa pierre. Qui plus est, les fosses en haut de la Breeder recevront du saumon plus détendu, moins craintif, ce qui aura pour effet de rendre la qualité de pêche meilleure sur ces fosses. Du positif sur toute la ligne! À l'avenir quand nous rencontrerons un saumonier sur la Breeder, fin juillet début août, nous serons certains d'avoir affaire à un véritable disciple de Salmo Salar. Les crocheteurs devront faire leur deuil de la Breeder. Personne ne les plaindra!

     Parlant de la mouche sèche fin juillet début août sur la fosse Breeder, il me vient une autre idée, toujours en fonction d'une protection accrue du saumon. Pourquoi ne pas laisser les rivières ouvertes aux saumoniers durant l'automne? Uniquement à la mouche sèche! Nombreux sont ceux qui apprécieraient une telle initiative, surtout qu'un grand nombre de fosses se prêtent à une telle pratique de la sèche en automne. Quels avantages cela aurait-il? Voici:

     A) Accroître la surveillance des rivières. Tous s'entendent pour le dire, les saumoniers sont les adjoints des gardes-pêches. Quand les saumoniers sont sur les rivières, le braconnage diminue de façon substantielle. Il y a trop peu de gardes-pêche pour assurer une surveillance étroite des rivières, alors quand les saumoniers se retirent, les gardes-pêche ont beaucoup de difficulté à bien cerner leur territoire, la plupart du temps fort grand. Avec des saumoniers sur place, les gardes-pêche peuvent concentrer leur effort sur certains points stratégiques.

     B) Le fait de ne permettre que la mouche sèche aurait pour effet direct d'accueillir strictement la crème des saumoniers sur les rivières en automne, les véritables mordus, les convaincus, les plus sensibilisés à la cause de la protection du saumon. Aussi, annulation du risque de crochetage.

     C) Mettre encore un peu d'argent frais dans le coffre de nos Zec. Cela est un point à considérer fortement. Plus une Zec a d'argent, meilleurs sont ses services.
Il va de soi que mon idée de laisser les rivières ouvertes en automne demande à être raffinée, mais comme on dit... mieux vaut laisser les rivières entre les mains des saumoniers et gardes-pêche honnêtes, que de les ouvrir un peu plus grandes aux bas instincts de braconniers sans scrupule. Il y en a pour affirmer qu'il n'y a guère de braconnage en automne. Voici un exemple concret: La rivière Grande-Rivière s'est faite vider de sa meilleure fosse à l'automne 84. Une fosse qui contenait au-delà des 70 saumons! Et cela avant même que les saumons aient eu le temps de frayer! C'est écoeurant à considérer une telle situation! 

     Croyez-vous que cette fosse se serait faite vider s'il y avait eu des saumoniers (à la sèche) durant l'automne? Certainement pas. Tout au plus les saumoniers auraient récolté quelques saumons, et cela dans l'art le plus exact. Les braconniers ont attendu que la fosse soit déserte afin de s'y rendre presque en toute quiétude. Je le répète, l'ouverture des rivières en automne est un atout de plus pour la conservation de la ressource saumon, car elle éloignerait de façon substantielle les braconniers. On est mieux de perdre quelques saumons avec art, que des centaines sans art !

référence

» Par Denis Saint-Yves
» Salmo Salar #5, Mai, Juin 1986.
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