La mouche fétiche de Gilles Aubert

« L’INCONNUE »

     Gilles Aubert a plus de 35 ans d’expérience à la pêche au saumon et est un monteur émérite de mouches. Il est coauteur avec André-A Bellemare et Gérard Bilodeau du réputé livre Saumon atlantique tout en étant chroniqueur au Magazine sentier CHASSE & PÊCHE depuis plus de 25 années. Certains se rappelleront l’avoir vu pratiquer son art dans des émissions de télévision ainsi que dans le film « Noblesse Oblige ». Bref, il est reconnu comme un grand saumonier du Québec.

Description

     Tout comme les alchimistes du Moyen Âge qui recherchaient la pierre philosophale capable de transformer les métaux en or, les saumoniers du monde entier tentent toujours de découvrir la mouche miracle.

     Heureusement qu’elle n’existe pas encore, car Salmo Salar aurait disparu de nos rivières. Il n’est donc pas facile de choisir l’artificielle qui saura l’inciter à attaquer cet agencement de poils et/ou de plumes ressemblant si peu aux insectes naturels.

La mouche fétiche de Gilles Aubert
     Cependant, pour le pêcheur, un des aspects intéressants de la pêche du saumon, c’est le plaisir d’avoir un assortiment de mouches de toutes les couleurs et grosseurs. D’ailleurs, près d’une fosse, il n’est pas rare de le voir engager la conversation avec des confrères pêcheurs, leur montrer ses boîtes de mouches, discuter du choix de la mouche à utiliser. Toutefois, même si des suggestions lui sont présentées, il fixera presque toujours à son bas de ligne une des mouches qui lui ont rapporté le plus de succès, qui ont prouvé leur efficacité dans plusieurs fosses de plusieurs rivières et ce, durant plusieurs années... celles en lesquelles il a confiance.

     Pour ma part, j’ai souvent employé une artificielle que m’a montré rapidement de loin un Gaspésien lors d’une excursion sur la rivière York en 1977. Que le temps passe vite... Je n’ai donc jamais eu le modèle original en main, car le saumonier qui venait de récolter un saumon ne voulait pas que je puisse noter les composantes de la mouche, me soulignant toutefois que Lee Wulff en était l’artisan. Était-il sérieux...? Celle que j’ai montée ultérieurement, étant le fruit de cette vue d’ensemble rapide, n’était fort probablement pas la copie conforme à l’original quant à ses matériaux et ses couleurs.

     J’ai fait des recherches durant quelques années pour retracer ladite mouche. J’ai même demandé aux lecteurs de la revue Salmo Salar de l’Association des Pêcheurs Sportifs de Saumons du Québec (APSSQ), volume 4, numéro 1 – janvier à mars 1980, dans la chronique Boîtes à mouches de me renseigner si possible. N’ayant jamais eu de réponses à mes interrogations, plus de trente années plus tard, elle porte toujours le nom que je lui ai donné en 1980 : « L’Inconnue ».

     Est-elle productive? Pour ma part, j’ai obtenu du succès dans la plupart des rivières fréquentées du Québec, du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse, de Terre-Neuve et du Labrador. Cependant, je dois vous avouer qu’elle s’est avérée davantage des plus productives dans les rivières dont les eaux sont cristallines, claires et limpides, souvent en période d’étiage, lorsque l’eau est basse, chaude et que la température extérieure est élevée.

     Il m’est aussi arrivé de prendre contact avec Salar, souvent après n’avoir obtenu aucune touche avec d’autres modèles. À propos, permettez-moi de vous signaler cette anecdote. Lors d’une saison de la décennie 1980-1990, présent durant cinq semaines sur la rivière Bonaventure, à titre d’expérience, je n’ai employé que « L’Inconnue » comme seul modèle de mouche noyée et ce, en eau haute, basse, lors de journées ensoleillées, par temps sombre, à l’aube, au crépuscule... et même en eaux légèrement teintées. Seuls sa grosseur (taille, dimension, pesanteur), le diamètre et la longueur du bas de ligne ont varié selon la hauteur de l’eau et la vitesse du courant. Et, croyez-moi, j’ai obtenu autant de succès que les années antérieures.

L'Inconnue
Hameçon : À saumon simple ou double.
Fil : Noir 6/0 ou 8/0.
Ferret : Fil lamé doré ovale étroit.
Bout : Soie jaune teinte vieil or.
Corps : Chenille de couleur vert irlandais.
Côtes : Fil lamé doré ovale.
Aile : Poils d’une queue d’écureuil gris teinte vert irlandais.
Coiffe : Plume de huppe de faisan doré.
Hackle : Plume de cou de poule teinte bleu foncé, en jabot.
Tête : Noire.
     Je suis toujours d’avis que le modèle de la mouche a moins d’importance que sa grosseur (taille, dimension, pesanteur) et ses composantes (quantité et qualité des matériaux). Et qu’en est-il de la couleur? Si elle a une importance capitale pour vous selon la rivière fréquentée, notez que « L’’Inconnue » renferme et harmonise les couleurs de plusieurs modèles de mouche qui ont prouvé leur efficacité dans plusieurs fosses de nombreuses rivières.

Références

Références
» Texte & Photos: Gilles Aubert.
» Saumons illimités Hiver 2013.

Page 7 sur 8