Les Accessoires de Pêche

     Comme mentionné dans un article précédent, les articles de pêche peuvent être regroupés dans cinq grandes catégories. Ces catégories n'ont rien de scientifique mais sont souvent utilisées par les spécialistes et les revendeurs. Les cinq grandes catégories sont les moulinets, les perches (selon notre bonne appellation de la Gaspésie), les leurres (incluant devons, mouches, etc), les accessoires (les épuisettes, musettes, coffres de pêche, boîtes de mouches etc) et finalement les oeuvres d'art. Dans la catégorie oeuvres d'art, nous pouvons inclure les affiches de publicité, l'art populaire, les reproductions, les sculptures et les tableaux.

Les accessoires de pêche
     Il n'existe probablement aucun sport qui nécessite autant de matériel et d'accessoires différents. On imagine déjà la variété non comptabilisée des leurres et des accessoires de pêche. Pour grandir cette variété, plusieurs artistes effectuent des peintures ou des sculptures qui, bien qu'elles ne soient utilisées pour la pêche elle-même, augmentent la richesse du folklore ainsi que notre plaisir.
Parmi la catégorie accessoires, on compte tous les articles utilisables pour la pêche, et ne faisant pas partie des catégories moulinets, perches, leurres et oeuvres d'art. On y retrouve notamment les articles suivants: les épuisettes, musettes, coffres de pêche, boîtes de mouches, boîtes d'appâts, séchoirs de ligne, gaffes, vêtements, moteurs et bateaux, anciennes ancres, etc.
Il s'agit d'une catégorie extrêmement large et variée. La variété de ces éléments en fait une catégorie recherchée mais abordable pour les collectionneurs.

     Les accessoires de pêche ne cessent de me fasciner. Il semble que j'en découvre des nouveaux tous les mois. Encore une fois un nom, un numéro ou le nom du fabricant vous aidera à en déterminer la provenance et l'âge. Il y a une grande demande aussi pour les couteaux et les assommoirs («priest»). Les étuis de perche en cuir, en bambou ou en bois sont aussi intéressants, particulièrement s'ils sont enrichis de l'oeuvre d'un artiste.

     Au cours de cette dernière moitié de siècle, avons-nous vraiment inventé quelque chose ou si nous n'avons qu'amélioré les accessoires de pêche? Par exemple, lors des années trente, Hardy met en marché le « Browne's Luminous Paint ». Cet ensemble de peinture permet de rehausser et de modifier les couleurs d'un leurre tels un devon ou une cuillère. Ce genre d'assortiment est actuellement en vente comme une nouveauté!

     Au début du siècle, on croyait faire fortune dans le design et la vente d'articles pour « décrocher » un leurre pris au fond ou sur un obstacle. On sait que l'accrochage est véritablement une plaie pour la pêche et le pêcheur. On attachait ces engins à la corde en espérant qu'ils se rendent jusqu'au leurre. On donnait ensuite un coup sur la corde de l'engin (« Tackle Releaser, Circa 1900 ») pour qu'il libère le leurre.

     Les musettes (« creels ») semblent aussi vieilles que la pêche. Faites de différents matériaux ou combinaison de matériaux (osier, saule, cuir, bois, écorce), elles sont souvent en elles-mêmes des oeuvres d'art. Le seul défaut est l'espace requis pour les conserver. Certaines sont décorées d'oeuvres d'art. Plus proche de la pêche au saumon, le fameux assommoir (ou « priest ») peut être retrouvé dans les plus anciens catalogues que j'ai consultés. Il semblait populaire et faisait partie de la façon «gentlemen» de tuer un saumon. Les compagnies importantes (Hardy, Farlow etc) en fabriquèrent de nombreux modèles. Plusieurs pêcheurs créaient leurs propres modèles.

     Plusieurs des anciens accessoires ont disparu. Le pêcheur à la mouche d'autrefois devait notamment transporter ses avançons dans des boîtes d'étain. Après utilisation de la ligne, il devait faire sécher celle-ci avec un « Line drier ». Il s'agit d'un engin permettant de dérouler la corde du moulinet sur une plus grande surface, permettant ainsi un séchage rapide et efficace. Les lignes mal séchées ou mal humidifiées avaient l'élasticité de l'acier. 

     Il existe plusieurs variétés de boîtes de mouches. Certaines sont de véritables valises de bois ou de cuir avec plusieurs tiroirs. D'autres en métal sont pourvues de fenêtres de mica pour protéger la mouche tout en permettant au pêcheur une sélection plus facile. Elles sont toutes intéressantes pour le collectionneur et, de plus, encore utiles.

     Qui, dans sa jeunesse, n'a pas utilisé le célèbre flotteur («une flotte») rouge et blanc pour maintenir la ligne à la verticale et avertir lors d'une touche? Les pêcheurs européens en font usage depuis longtemps. Les matériaux varient selon le besoin: bois, bois et liège, liège et aiguille de porc-épic. En 1938, Hardy en fabriquait plus de douze modèles, chacun ayant environ cinq grosseurs. La collection complète de cette année pour Hardy compte donc plus de 60 pièces. Bien qu'ils aient peu de valeur et qu'ils soient souvent difficiles à associer à un manufacturier particulier, ils embellissent et enrichissent une collection.

     Les épuisettes constituent une catégorie où le nombre de grandeurs et de variétés réussirait à remplir un château! Elles sont souvent relativement simples comme design, le défi des manufacturiers étant de construire la plus grande épuisette possible pouvant être transportée dans le plus petit format possible. Il m'est arrivé quelquefois de passer plus d'une heure pour comprendre comment assembler et désassembler une épuisette. Les gaffes, aujourd'hui défendues, sont le reflet d'une époque et ne sont dépassées que par les épuisettes en ce qui a trait à la variété.

     Dans cette catégorie, on compte aussi les milliers d'inventions qui devaient supposément révolutionner la pêche. Ces inventions sont du type « Amaze your friends! » ou encore « Prenez des poissons par milliers! » J'inclus, par exemple, le « Bait Caster » de Eurêka. Une compagnie avec un tel nom ne peut que promettre des inventions fantastiques. Le « Bait Caster » servait à la fois de flotte et permettait un lancer plus long et sans problème avec un appât vivant. Bien sûr, l'article produit dans les années quarante est disparu sans apporter la fortune à son inventeur.

     En conclusion de ce bref article, les mots clés de l'historique des accessoires de pêche sont variété et profusion. Il fut un temps ou, en effet, l'Office des brevets était littéralement assailli par les demandes d'invention d'accessoires de pêche. Malheureusement, peu d'entre eux ont révolutionné notre sport.

référence

» Texte et illustrations Pierre Provencher
» Salmo Salar #39, Été, Juin 1995.
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