Les Leurres Artificiels

     Dans cet article, nous aborderons la petite histoire des leurres artificiels, nous ne discuterons pas des mouches. Je laisse l'historique et la description des 20 000 (et plus..) modèles reconnus de mouches à mon ami Denys Poirier. Nous nous limiterons aux cas de quelques leurres. Il faut bien que je garde du matériel pour d'autres articles dans le Salmo Salar!

Les Leurres Artificiels
     Quoiqu'il existe certaines exceptions, nous pouvons affirmer de façon générale que les leurres ("leurres artificiels") contiennent comme élément de base, un ou plusieurs hameçons. En quelque sorte, ils constituent une oeuvre d'art, ressemblant ou non à un appât naturel, placés en prolongement de l'hameçon. Certains leurres ne comprennent pas d'hameçon: ils servent alors à attirer le poisson vers le harpon ou la foëne, à la portée du pêcheur, qui agita ce moment comme un véritable chasseur.

     Dans les temps anciens, l'hameçon jouait à la fois son propre rôle et celui du leurre. Plusieurs anciens hameçons en bois ou en os étaient des sculptures artisanales servant à attirer le poisson. À partir du moyen âge, le bronze et le fer remplacèrent le bois et l'os. Le fameux "The Treatise of Eishing with Angle (1486)", écrit par Dame Juliana Bernes, affirme que les hameçons étaient à l'époque faits d'aiguilles. Dès 1650, un Anglais de Londres, Charles Kirby, devint le plus important marchand et fabricant d'hameçons. Kirby inventa de nouvelles méthodes de trempage et de nouveaux alliages permettant d'en faire un produit de qualité, et ce, de façon constante.

Les Leurres Artificiels
     Selon les experts, le premier leurre fabriqué en série par diverses compagnies fut le "Phantom" produit en Angleterre autour de 1800. Il s'agit de la réplique d'un poisson appât avec une tête en métal, des hameçons triples et un corps en soie coloré à la main. La soie permettait de bien reproduire la surface écailleuse du poisson. Plus tard, d'autres matériaux furent ajoutés pour ajouter de la solidité et de la résistance. Le fameux "Phantom" fut aussi produit par Farlow et Hardy. Ils développèrent leur série de "Phantom" en introduisant notamment le bois et un émerillon, tout en conservant la soie. Il est à noter qu'à cette époque le "Phantom" était en grande vogue pour la pêche au saumon.

Les Leurres Artificiels
     Le premier leurre américain fut breveté en 1852, mais le plus prisé fut breveté par Riley Haskell en 1859. Il s'agit du "Haskell Minnow" fait de cuivre. Il est la représentation fidèle et détaillée d'un "méné". Il existe très peu de Maskell Minnow" en montre aujourd'hui et le dernier a été acheté à plus de 22,000 $US à un encan à Kennebunk, dans l'est des États-Unis. Heureusement, il reste plusieurs leurres disponibles pour les collectionneurs, et ce, à des prix plus raisonnables.

     Un Américain, James Heddon, apporta sans doute l'une des plus grandes contributions dans l'évolution des leurres artificiels. Un jour, en attendant son compagnon de pêche, il sculpta un morceau de bois avec son canif. Lorsque son compagnon arriva enfin, il jeta le morceau de bois à la rivière où un superbe achigan l'attaqua violemment. Heddon en prit note et dès 1890 sculptait ses premières "plugs" avec hameçons qui firent sa gloire et sa fortune. En 1901 la James Heddon and bons commence à offrir aux pêcheurs le "Dowagiac Perfect Surface Bait". La Dowagiac est la rivière où arriva cet incident qui fait maintenant partie à part entière du folklore américain.

Les Leurres Artificiels
     Un autre manufacturier américain entreprit ses activités vers 1910. Il s'agit de la Creek Chub Bait Company ("CCBC") dans le Midwest-Garrett en Indiana. Les leurres les plus connus furent le "Pikie" vers 1920 et le "Pikie articulé ("jointed") vers les années 1930. Ces leurres de bois sont particulièrement recherchés des collectionneurs.

     Une autre histoire de folklore est celle du "Jitterbug". Pour effectuer une de ses expériences, Fred Arbogast avait sculpté un leurre dans un manche de balai et avait ajouté un morceau de métal pour faire plonger le tout. Au lieu de plonger, l'animal nageait de façon folle tout en éclaboussant la surface. Le "Jitterbug" était né. Arbogast fut aussi rendu célèbre grâce aux jupettes de plastique ajoutées à ses leurres et à son fameux "Hula Popper" (1948).

Les Leurres Artificiels
     Les vers et anguilles artificiels (en caoutchouc ou flanc de porc) existent depuis longtemps. Le caoutchouc produisait une odeur souvent répulsive au poisson et résistait mal à la chaleur à laquelle est soumis le coffre de pêche. Un certain Nick Crème, un jeune machiniste de l'Ohio, vint à manquer de lombrics durant une partie de pêche et jura que l'on ne le reprendrait plus. Il fabriqua un moule en acier du parfait lombric et utilisa une nouvelle substance, le plastique, dont Dupont débutait la commercialisation. Nick Crème fondit ses premiers lombrics sur le poêle de sa cuisine, mélangeant les couleurs et odeurs désirés. Le leurre fut si populaire qu'il fut interdit dans certaines réserves américaines. Un autre chanceux avait fait fortune et gloire avec un leurre.

     Les collectionneurs de leurres anciens sont de plus en plus nombreux au Québec. Il importe de dire qu'il ne faut pas essayer de "rénove" un leurre mais que l'on doit garder les hameçons originaux. De plus, les leurres conservés dans leur boîte originale sont les plus convoités des collectionneurs.

référence

» Par Pierre Provencher
» Salmo Salar #38, Printemps, Février 1995.
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