La Rivière du Grand Pabos Ouest

     Pour plusieurs, la rivière de la baie des Chaleurs qui se jette dans la baie du Grand Pabos à Chandler demeure mystérieuse. Ses eaux légèrement brunâtres accueillent encore une population de saumons de l'Atlantique.

La Rivière du Grand Pabos Ouest
Les premiers Gaspésiens

     L'histoire entourant la rivière est millénaire. Ses rives, fréquentées de façon assidue par des populations autochtones, ont livré aux archéologues plusieurs artéfacts. La richesse faunique de la baie du Grand Pabos et des rivières qui s'y jettent a permis à ces premiers Gaspésiens d'y vivre de pêche, de chasse et de cueillette. La rivière du « Ouest », en plus de fournir l'eau potable, permettait en effet d'atteindre l'arrière-pays en toute sécurité.

L'arrivée des explorateurs

     Les premiers Européens à fréquenter la baie des Chaleurs furent sans doute Bretons, Normands et Basques. Ils y faisaient du troc avec les populations indigènes bien avant la venue de Jacques Cartier. La pêche sera l'activité la plus importante dans la région jusque vers 1870. A cet égard, l'histoire de la « Ouest » se confond avec celle de la seigneurie de Pabos. Nous en avons déjà traité dans un précédent numéro.

L'exploitation forestière

     Ce n'est que vers la fin du XIXe siècle que l'exploitation forestière prend tout son essor. La rivière du Grand Pabos Ouest sert alors à transporter le bois par flottaison vers la scierie des frères King. Cette entreprise, un véritable complexe, était située à la pointe de Pabos Mills. On y avait construit, outre le moulin à scie à vapeur, une usine de fabrication de lattes, des écuries, des hangars et des quais. De la planche était expédiée aussi loin qu'en Suède.

     En 1907, la King Bros devient la Grand Pabos Lumber Company. Quelques années plus tard, l'entreprise est acquise par la St. Lawrence Pulp and Lumber Corporation. Les intérêts sont alors détenus par des financiers de Philadelphie.

     En 1915, débute la construction d'une pulperie, qui se nomme aujourd'hui la Compagnie Gaspésia Ltée. On baptise alors la nouvelle communauté établie autour de l'usine du nom de Chandler, nom du premier président de la compagnie.

L'ère des clubs de pêche

     Durant les années 1920, la pêche sportive du saumon sur la « Ouest » attire bien quelques « sports », mais ce n'est que plus tard que la papetière construit, sur les rivières du Grand Pabos Mord et Grand Pabos Ouest, des camps qui recevront ces messieurs. La protection des cours d'eau est assurée par des gardiens embauchés à cet effet.

     Les activités de pêche s'intensifient ensuite entre les années 1950 et 1960. La compagnie Gaspésia maintient cette forme d'exploitation jusque vers la fin des années 1970. Déjà, à cette époque, les populations de saumons sont en déclin. Le flottage du bois et le braconnage intensif ont eu, en effet, des répercussions fort négatives.
Quant aux bâtiments de l'époque, ils ont été incendiés par des vandales, il y a quelques années.

L'ère moderne

     Au début des années 1980, on a bien tenté de protéger le cours d'eau, mais sans grand résultat. Il a d'ailleurs fallu attendre encore près de dix ans avant d'assister à un réel effort de restauration.

     Les résultats obtenus par le Regroupement pour la restauration des trois rivières Pabos sont encourageants. Un programme d'ensemencement intensif ainsi que des efforts de protection bien planifiés laissent même espérer une reprise de la pêche sportive du saumon d'ici quelques années.

Développement

     Le programme de développement économique du saumon (PDES) et la restauration du barachois auront des effets bénéfiques sur la ressource tout en facilitant l'exploitation et l'accessibilité.

     La rivière du Grand Pabos Ouest renaît peu à peu de ses cendres.

référence

» Par François Bouchard
» Salmo Salar #41, Hiver 1995.
Page 8 sur 20