Ma Passion; la Ouananiche

     Si la plupart d'entre vous me connaissez pour mon numéro 9, qui durant de nombreuses années était affiché au dos de mon uniforme des Canadiens de Montréal, d'autres m'ont fréquemment rencontré au tournant d'un sentier forestier, alors que j'étais à la chasse, ou encore sur un lac ou une rivière où je taquinais le poisson. Pour moi le hockey était une raison de vivre, une lutte incessante où la tension était excessive.

Ma Passion; la Ouananiche
     Avec les années, la routine s'installant, je ne percevais plus la fébrilité des premières années et mes moyens d'évasion devinrent la chasse et la pêche. En forêt, je retrouvais la paix d'esprit, le calme et la détente. Quel contraste avec une enceinte bruyante, où un public exigeant, que je n'oserais blâmer, nous en demandait toujours plus.

     Causer de hockey et de truites autour du poêle à bois dans un chalet de bois rond, ça diffère drôlement de la même conversation entretenue dans un train entre Montréal et Toronto, alors qu'une première position est en jeu.

     De tous les poissons que j'ai péchés et que je taquine encore, la ouananiche fut certainement « ce poisson », qui me fit oublier les périodes, parfois harassantes qu'un joueur de hockey doit traverser. Lorsque j'empruntais la direction du lac Saint-Jean, dès que je commençais à placer mes articles de pêche dans le coffre-arrière de ma voiture, la tension disparaissait. Par la suite, tout au long du trajet, alors qu'épinettes et sapins défilaient en bordure de la route, une forme de bien-être m'envahissait. À mon arrivée au lac, mon ami Alonzo Tremblay m'attendait et la pêche devenait le sujet de nos conversations.

Comment la pêcher?
     À l'aurore du lendemain, nous n'étions pas les derniers sur le lac, soyez-en assuré! Pas plus que nous étions les premiers à descendre de l'embarcation au soleil couchant. C'est certainement l'une des raisons qui me permirent d'obtenir du succès auprès de ce poisson, que je qualifie d'être le plus combatif, livre pour livre et que plusieurs auront reconnu: la ouananiche.

COMMENT LA PECHER?

     On peut pêcher la ouananiche de façon sédentaire ou, si vous préférez, à la « petite ligne ». On peut aussi la faire mordre à la mouche, ou à la traîne avec une « Mooselook ». C'est d'ailleurs cette dernière façon qui est la plus populaire au lac Memphrémagog. Toutefois, selon les régions de la province, la ouananiche semble manifester des caprices différents; au lac Saint-Jean, mes meilleures pêches furent réalisées grâce à la « Daredevle ». Disons que cet énoncé devrait en faire sourire plusieurs, mais mes explications devraient vous permettre de comprendre que cette cuillère ondulante, si populaire auprès des brochets, devient meurtrière pour la ouananiche après quelques modifications.

Deux inséparables la pêche, Maurice et Charles Lévesque
     En premier lieu, je lui enlève ce trépied ou hameçon triple, appendice habituellement beaucoup trop gros pour la gueule du salmonidé dont il est question. L'anneau retenant le trépied doit toutefois demeurer attaché à la cuillère. Un hameçon simple précédé d'un bas de ligne de 12 à 15 pouces de longueur est attaché à l'anneau de la cuillère, un méné est appâté à l'hameçon. Le tour est joué, vous êtes prêt à taquiner les ouananiches du lac Saint-Jean. Simple n'est-ce pas?

   En utilisant une canne à lancer léger, vous pouvez très bien lancer une cuillère ainsi modifiée, mais vous obtiendrez beaucoup plus de succès en péchant à la traîne.

     N'oubliez pas ce vieux dicton que j'ai déjà lu quelque part: « le leurre péché à la traîne demeure continuellement dans l'eau où sont les poissons. Celui qui est péché au lancer passe une grande partie du temps hors de l'élément liquide dans lequel nagent les proies que vous recherchez! »

     Il ne me reste qu'à vous souhaiter une bonne partie de pêche à la ouananiche, car je vous ai maintenant transmis mon secret!.

références

» Texte Maurice Richard
» Pourvoiries Chasse & Pêche printemps 1987.
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