Chapitre 3 ; La pêche

Il vous est probablement déjà arrivé de vous trouver dans des situations où toutes les chances semblaient de votre côté: bonne hauteur de l'eau, température adéquate, poissons actifs, etc.

Malgré vos efforts et les conditions pourtant si favorables, vous n'arriviez à aucun résultat, impuissant que vous étiez à provoquer le moindre intérêt chez le saumon.

Sur le coup, vous vous sentiez accablé. Puis, l'expérience de ces moments vous ayant inculqué un peu de sagesse, vous avez retrouvé une certaine sérénité. Vous vous êtes arrêté, et, d'observations en analyses, vous avez su tirer des conclusions.

Servir au saumon la bonne mouche de la bonne façon: voilà ce qui fait de cette pêche une superbe aventure à caractère énigmatique.

Prendre un saumon à la mouche ... ÉPOUSTOUFLANT!

Le défi est de taille ... Il faut le relever. Cela nécessite jugement et savoir-faire.

PROBLÈMES DE LANCER...

Les saumoniers sont habituellement de bons "moucheurs"; leurs gestes sont synchronisés et harmonieux. Il arrive pourtant qu'ils aient de petits ennuis techniques donnant lieu à des erreurs de débutants. Les quelques rappels qui suivent ne seront pas superflus.

Quant aux pêcheurs moins aguerris à cet art du lancer à la mouche, ils ont tout simplement quelques "longueurs de ligne" de retard ... pour quelque temps seulement. La pratique méthodique du geste vrai sera pour eux le meilleur maître!

Quelques problèmes et solutions:
P = Problème C = Cause (s) S = Solution(s)

     P - Accrochage dans les herbages - bris de la mouche sur les roches lors d'un lancer arrière:
     C - Lancer arrière bas, retour du lancer avant tardif.
        - Canne trop penchée en arrière, poignet trop "cassé" ou lancer latéral.
        - Ligne manquant de vitesse.
     S - Suivre la ligne des yeux pendant le lancer arrière, relancer en avant aussitôt que la ligne est allongée.
        - Garder la poignée de la canne "collée au poignet".
        - Au moment du lancer avant, tirer la ligne avec l'autre main.
_______________________________
     P - Noeuds dans l'avançon - mouche qui accroche la ligne ou qui frappe la canne lors du lancer avant:
     C - " Coup de marteau " dans le mouvement du lancer.
     S - Le geste doit demeurer ferme. Éviter toute brusquerie.
        ... Une main d'acier dans un gant de velours.
_______________________________
     P - La ligne ne s'allonge pas et se mêle à la fin du lancer:
     C - Trop d'amplitude et de lenteur dans le lancer.
        - Mauvaise synchronisation: la ligne est libérée trop tôt. .. La poussée de la canne se perd dans le mou de la ligne.
     S - Accélérer le mouvement.
        - Réduire l'amplitude du geste afin:
        • d'obtenir une boucle étroite et horizontale;
        • de libérer la ligne au moment où le scion de la canne termine sa poussée vers l'avant.
_________________________________________
     P - Claquement de la ligne ou de l'avançon vers l'arrière (coup de fouet, etc.):
    C - Retour trop hâtif du lancer avant. 
    S - Suivre la ligne des yeux et attendre qu'elle soit com­plètement déployée à l'arrière avant de relancer.
_______________________________________________
     P - La mouche ou la ligne tombe durement à ia surface de l'eau lors du lancer avant:
     C - Le lancer a une direction "plongeante". 
        - La ligne est retenue ou libérée trop tard.
     S - Lancer au-dessus du point visé.
        - Libérer la ligne au moment où le scion de la canne termine sa poussée vers l'avant.
     
• La technique de lancer à la mouche dépend d'abord:

        - d'un équipement équilibré;
        - d'une synchronisation parfaite dans l'exécution des mouvements.
​LA PRÉSENTATION

LA PRÉSENTATION

Elle est, aux dires des pêcheurs, la clef ultime de toutes les techniques. Elle demande un certain sens de la pêche, et plus particulièrement le "sens de l'eau". L'instinct guide le pêcheur, et puisque "l'on est ce que l'on fait", on peut alors conclure: "On pêche comme on présente" ...

* La présentation est l'art de maîtriser le lancer et la pose de la mouche dans une zone déter­minée et d'y contrôler le temps ou la vitesse de sa dérive.

Point de secret, aucune recette, le saumon est bien trop imprévisible... Bienheureux sommes-nous!

C'est ici que l'utilisation d'un équipement équilibré devient capitale, Le résultat des efforts du pêcheur dépend en grande partie de la réussite du lancer. Mais le saumonier devrait savoir que malgré toute son habileté:

" LANCER N'EST PAS TOUJOURS PÊCHER ! "

Certes, la grosseur, la silhouette et la couleur de la mou­che ont leur importance (pensez donc, séduire un "monarque"!); mais là où les théories font l'unanimité, c'est sur le rôle essentiel que joue la présentation de cette mouche au saumon.

" SOUVENT, LA FAÇON DE DONNER VAUT MIEUX QUE CE QU'ON DONNE."

• Le pêcheur doit donc:

     - maîtriser sa technique de lancer;
     - choisir le meilleur angle de lancer;
     - contrôler la pose de la mouche et sa dérive dans le champ de vision du saumon.
Le diamètre du "cône" de vision à la surface est approximativement le double de la profondeur à laquelle se trouve le poisson.

Principes relatifs à la présentation:

     - En tout temps: PÊCHER AVEC CONFIANCE.
     - Se faire une idée exacte de la dérive de la mouche avant de lancer.
     - Pêcher distraitement ou négliger un lancer est source de mauvaise présentation.
     - Chaque lancer, quel qu'il soit, peut être le bon!
     - Un seul lancer manqué peut annuler l'effet de tous les lancers réussis. La mouche est la première pièce d'équipement et la seule, si possible, que le saumon puisse voir.
     - Une bonne présentation à 40 pi vaut mieux qu'un "PLOUF" désastreux à 80 pi. Attaquer de préférence un saumon dans l'ombre.
     - La surprise est une excellente tactique.
     - Commencer à "moucher" un saumon avec une petite mouche est rarement une erreur.
La mouche sèche:

Ayant calculé son attaque, le pêcheur s'approche de la rive et choisit sa position. De sa main sûre et ferme, il prête vie à la canne, qui ploie en exécutant une belle révérence. La ligne, ranimée à son tour, se met à fignoler de longues arabesques. Dans son élan, elle emporte la mouche fragile.

Le bal commence!

C'est un enchaînement de courbes élégantes aux silhouettes harmonieuses. Les gestes sont faciles, les mouvements fluides. Le pêcheur vise une cible précise et déroule avec brio une dernière vague légère qui, en mourant, laisse éclore la mouche. Celle-ci plane, puis descend lentement comme une araignée suspendue à son fil.

Cette présentation impeccable, art suprême, révèle au pêcheur le plaisir de lancer. Et, lorsqu'un saumon gobe la mouche, l'homme oublie la technique dont il était l'esclave. Il découvre d'un coup le plaisir de pêcher, enivré par maintes émanations d'un moment "immatériel" dont il est le témoin.

Il a, l'espace d'un instant, atteint la perfection!

Ce n'est plus un pêcheur, c'est un artiste!
     
• Une bonne présentation, c'est:
          - un lancer précis;
          - une pose "veloutée" de la mouche;
          - une dérive naturelle, sans sillage;
          - une dérive courte en temps et en distance;
          - un retrait imperceptible de la mouche;
          - une cadence dans l'exécution des lancers;
          - une mouche arrivant la première dans le champ de vision du saumon.

PRINCIPES GÉNÉRAUX:

     - La pêche à la sèche se pratique de préférence lorsqu'on voit le saumon ou quand on connaît exactement un "point chaud" dans une fosse.
     - Une mouche sèche, ÇA FLOTTE. On peut à cet effet lui appliquer un produit à base de silicone. Lorsque la mouche, alourdie par l'eau, perd de sa flottabilité, on peut:
     
• l'assécher par de faux-Iancers; (Le faux-lancer est un lancer avant "rappelé" en arrière avant que la ligne ne se dépose. Il sert à préparer les vrais lancers (ajuster la précision et la distance, acquérir le rythme) et à assécher la mouche).
• attendre qu'elle soit complètement sèche avant d'appliquer du silicone de nouveau;
• changer de mouche.

     - Pêcher avec un avançon de 9 à 10 pi de longueur (jusqu'à 12 pi si l'eau est claire et basse).
     - La mouche se pose sur l'eau avec une extrême douceur, sans éclaboussement.
     - Les yeux du pêcheur sont rivés sur la mouche.
     - Lors de la dérive, la mouche sèche ne devrait produire aucun sillage.
     
* Le faux-lancer est un lancer avant "rappelé" en arrière avant que la ligne ne se dépose. Il sert à préparer les vrais lancers (ajuster la précision et la distance, acquérir le rythme) et à assécher la mouche.
     - Présenter la mouche au saumon afin de le séduire, sans pour autant la lui donner! Dans un courant rapide, la laisser dériver sur une distance d'environ 3 pi; dans un courant lent, compter jusqu'à 3.
     - Après avoir dérivé, la mouche est retirée de l'eau avec autant de délicatesse qu'elle y a été déposée.
     - La pêche à la mouche sèche exige une bonne endurance du bras lanceur ainsi qu'une attention soutenue.
     - Pour mieux contrôler la présentation, pêcher à une distance d'au moins 35 pi du gîte du saumon. Au-delà de 55 pi environ, les lancers sont imprécis et fatigants. Bref, la technique y perd en efficacité.
     - La pêche à la mouche sèche exige une bonne endurance du bras lanceur ainsi qu'une attention soutenue.
     - Pour mieux contrôler la présentation, pêcher à une distance d'au moins 35 pi du gîte du saumon. Au-delà de 55 pi environ, les lancers sont imprécis et fatigants. Bref, la technique y perd en efficacité.

TECHNIQUE DES PREMIERS LANCERS:

Le pêcheur peut:

     - soit laisser dériver la mouche vers le champ de vision du saumon;
     - soit la poser directement dans le cône de vision du poisson (effet de surprise).
     
Cette dernière méthode est souvent efficace lors des PREMIERS LANCERS. Il est donc primordial pour le pêcheur de prévoir son attaque s'il veut que l'effet de surprise soit réussi. On peut supposer que le saumon, lors d'un lancer trop long par exemple, hésitera s'il voit arriver la ligne avant la mouche. Cela peut suffire à distraire le poisson, à le dissuader de prendre la mouche ou à le "coller" à son gîte ...

DES ENNEMIS APPRIVOISÉS:

• Vent:
     
Le vent peut rendre le lancer imprécis en raison du déplacement qu'il cause à la mouche. Il faut en tenir compte et compenser. Il peut être nécessaire d'aller jusqu'à utiliser un avançon plus court.

• Arbres ou obstacles:
     
Mieux vaut changer l'angle de lancer que de s'accrocher et perdre la cadence.

• Courants:
     
Pour éviter que le courant forme une courbe dans la ligne et l'entraîne dans le champ de vision du saumon avant la mouche, le pêcheur utilise une des méthodes suivantes:

• Courant régulier:
     
Se placer légèrement en aval du poisson et le "moucher" en amont. Sans déranger la mouche, rentrer la ligne à mesure qu'elle descend, ceci afin d'être prêt à relancer ou ... à ferrer.
• Courant fort entre le pêcheur et le poisson:
     - À la fin du lancer avant, agiter vivement le bout du scion pour que la ligne se dépose en serpent. Le courant entraînera le "mou" de la ligne sans affecter la dérive de la mouche.
     - On peut obtenir le même effet par un lancer volontairement trop puissant pour la distance désirée.
     - À courte distance, viser plus haut et immobiliser brusquement la canne à la verticale tout en arrêtant la ligne à la distance voulue.
     - À -longue distance, amener la canne à l'horizontale et laisser la ligne filer jusqu'au bout de sa course.
TACTIQUES DE SÉDUCTION:

• Prospecter une fosse:

     - Grâce à cette technique, il est possible de prospecter une fosse à la mouche sèche, même si cela se fait habituellement à la noyée.
     - Le pêcheur lance toujours en amont puisqu'il commence au bas de la fosse. Il explore d'abord les remous et les contre-courants les plus près de lui.
     - Parvenu à l'extrémité de la fosse, il peut revenir à son point de départ en pêchant à la noyée.

Remarque: Cette méthode est difficilement applicable dans une fosse où le système de rotation est utilisé (voir "La rotation ou pêche en alternance", p. 152).

• La mouche acrobatique:

     - Cette méthode de présentation demande beaucoup d'attention et de contrôle. Elle consiste à faire tourner la mouche au ras de l'eau sans la déposer dans la zone de vision du saumon.
     - Après un ou deux faux-lancers, le saumonier vise plus haut que normalement, et, lorsque la canne arrive à la verticale, il bloque son lancer. La mouche tombe alors en chute libre et se dépose sur "le nez du saumon". Utiliser cette technique lorsque le saumon est visible à faible profondeur, à une distance raisonnable et ... après avoir essayé la technique des "premiers lancers".
• Méthode du Dix Secondes (Ten Seconds Salmon):

La particularité de cette méthode consiste à:

     - S'imaginer un cadran d'une dizaine de pieds de diamètre autour du saumon, qui a le nez à midi.
     - Établir un rythme dans les lancers et conserver la cadence.
     - La mouche dérive cinq secondes et vole également pendant cinq secondes (faux-lancers).
     - Lancer d'abord à 1 :00, puis à 2:00 ... 3:00, etc., à partir de la rive gauche.
     - Quand le pêcheur est sur la rive droite, il doit faire un premier lancer à 11 :00, puis un autre à 10:00, à 9:00, etc.

TRUCS INUSITÉS:

Certaines méthodes de pêche paraissent farfelues et tout à fait paradoxales. Mais voilà, elles donnent de bons résultats. Certains diront que "C'EST LE MONDE À L'ENVERS!". Pourquoi pas alors "LA PÊCHE À L'ENVERS!"?

Le plaisir que procure la capture d'un saumon légitime aussitôt une petite entorse à la pureté d'une technique classique. Voici donc quelques "trucs" à utiliser lors de journées "mortes", quand vous avez tout essayé.

• La patineuse:

     - Ce truc est conseillé lorsque des présentations plus délicates ont échoué.
     - Le saumonier lance en travers du courant, qui entraîne la ligne en une longue courbe.
    - La mouche patine sur ses "hackles" et le pêcheur l'accélère en tirant sur la ligne.
     - La mouche doit passer devant le saumon localisé.

• La mouche "à gogo":

     - Cette présentation se fait dans un courant fort, et comme son nom l'indique, la mouche sautille et danse sur la crête des vagues.
     - Le pêcheur, placé à courte distance du point visé, tient sa canne de façon à ce que la ligne soit molle et pendante. La mouche, battue par l'eau turbulente, rebondit sans arrêt.

     - On aura plus de chance derrière une grosse roche qui brise le courant ou dans un entonnoir entre deux roches.

• La sèche-noyée:

     - Présenter la mouche quelques pieds en avant du saumon.
     - Avant qu'elle n'atteigne le poisson, tirer d'un coup sec sur la ligne afin d'immerger la mouche le temps qu'elle passe devant le saumon.
     - Donner ensuite du mou et laisser la mouche finir sa dérive en surface.

Avant de lancer, le pêcheur astucieux calcule la présentation, observe le courant et tente d'imaginer le déplacement de la ligne et de la mouche. Cela peut suffire à faire la différence!
Avant de lancer, le pêcheur astucieux calcule la pré­sentation, observe le courant et tente d'imaginer le déplacement de la ligne et de la mouche. Cela peut suf­fire à faire la différence!
La mouche noyée:

Cette technique semble généralement donner de meilleurs résultats. Serait-elle vraiment plus efficace ou serait-elle simplement utilisée plus fréquemment?
   
* Une bonne présentation, c'est:

     - un lancer dans le bon angle;
     - une pose discrète de la mouche;
     - une mouche arrivant la première dans le champ de vision du saumon;
     - une ligne allongée pendant la dérive;
     - une bonne vitesse de déplacement de la mouche;
     - un retrait discret de la mouche.

PRINCIPES GÉNÉRAUX:

Cette technique permet de couvrir une grande surface à chaque lancer.

     - Elle se pratique dans toutes les conditions d'eau, que le saumon soit localisé ou non.
     - Choisir de préférence une ligne flottante à bout calant lorsque le niveau de l'eau est au-dessus de la normale.
     - Utiliser un avançon de 7 à 9 pi de longueur (jusqu'à 12 pi si l'eau est claire et basse).
L'avançon long (A) cale moins.

     - Une mouche peu fournie facilite tous les aspects de la présentation.

TECHNIQUE HABITUELLE:

• Le lancer:

     - Le pêcheur lance la mouche en aval, à un angle d'environ 45 degrés par rapport à la rive.
     - Dans un courant fort, fermer l'angle du lancer.
     - La mouche se pose discrètement sur l'eau.

• La dérive:

     - Pendant la dérive, la ligne est allongée et le bout de la canne pointe dans la direction de la mouche, qui se déplace transversalement.
     - Plus la mouche bouge, plus elle est attractive. Dans un courant trop lent, animer la mouche par de petites oscillations de la canne.
     - Ne pas donner la mouche au saumon ... Elle doit au contraire se déplacer en s'en éloignant.
     - Laisser la mouche dériver jusqu'à ce qu'elle soit parallèle à la rive.
     - Avant de retirer la mouche, l'activer en ramenant la ligne par à-coups.

• Le retrait de la mouche:

     - La mouche est retirée de l'eau avec discrétion.

DES ENNEMIS APPRIVOISÉS:

Le saumonier peut rencontrer les mêmes conditions difficiles qu'à la pêche à la mouche sèche (vent, arbres, etc.); si tel est le cas, utiliser les mêmes techniques.

Dans les courants forts, le pêcheur peut, dès la pose de la mouche, soulever sa ligne pour la déplacer en amont.
TACTIQUES DE SÉDUCTION:

• Prospecter une fosse:
     - Cette méthode est surtout utilisée pour "tâter" une fosse susceptible de renfermer du saumon.
     - Débuter en haut de la fosse et procéder selon la technique habituelle.
     - Après un premier lancer, retirer la mouche, relancer 1 ou 2 pi plus loin et laisser dériver. Répéter la manoeuvre.
     - Se déplacer ensuite de quelques pas en aval et recommencer.
     - Descendre ainsi jusqu'au pied de la fosse.

• Pêche "à la patente" (The Patent):

     - Cette méthode convient lorsque l'eau est chaude ou que le poisson est inactif.
     - Utiliser de préférence de grosses mouches.
     - Lancer de 5 à 6 pi devant le saumon localisé.
     - La ligne doit rester molle; la mouche descend librement vers le poisson.
• Pêche "à la sauteuse" (The Portland Hitch):

     - La mouche est attachée à l'avançon d'une façon spéciale: faire une boucle avec l'avançon, derrière et autour de la tête de la mouche.
     - "Moucher" à environ 1 pi en avant et de l'autre côté du poisson localisé.
     - Dès son arrivée à l'eau, ramener la mouche en tirant sur la ligne par à-coups.
     - La mouche "déchire" alors la surface de l'eau en s'éloignant transversalement du saumon.


• Pêche avec "arc-de-cercle":

     - Une fois le saumon localisé, lancer transversalement et maintenir la canne dans cette direction pendant toute la dérive.
     - Le courant forme une courbe dans la ligne et accélère le déplacement de la mouche.
     - Si le courant est lent, tirer sur la ligne.

• Pêche "à la pompeuse":

     - Se placer dans l'axe du courant et pêcher en aval.
     - Laisser descendre la mouche en déroulant la ligne.
     - De temps en temps, remonter la mouche de quelques pieds en levant la canne ou en tirant sur la ligne par à-coups.

PRINCIPES DES GRANDS PÊCHEURS

     - Persévérance, détermination et finesse sont les vertus du pêcheur de saumon.
     - Ayez confiance en chaque mouche présentée.
     - Faites ce que la situation exige ... et non ce que tout le monde fait.
     - "Pas de changement... pas d'agrément!" Soyez différent. Essayez de nouvelles tactiques. Il y a toujours une première fois.
     - Les mouches que vous n'expérimentez pas ne prendront pas de saumon.
     - Préparez votre pêche: imaginez le lancer, la pose de la mouche et sa dérive dans le courant... Cela vous stimulera mentalement à passer à l'action.
     - Pendant la dérive, gardez la canne basse et les yeux rivés sur la mouche.
     - Présentez au saumon la mouche la plus "naturelle" possible. Précision et délicatesse sont plus importantes que distance.
     - N'oubliez pas que le saumon peut distinguer des reflets et deviner votre présence; pêchez hors de sa vue ...
     - Une mouche refusée n'est pas nécessairement une mauvaise mouche ... Modifier l'angle et la présentation est peut-être la solution.
     - "Arracher" bruyamment la mouche au-dessus du saumon va sûrement le rendre plus méfiant...
     - Ne persistez pas trop longtemps à "moucher" un saumon. Vous risquez de le conditionner à la mouche et il ne réagira plus ... Arrêtez un certain temps ... puis revenez mieux préparé.
     - S'il vient à la mouche une fois, il viendra probablement de nouveau. Un saumon qui montre de l'intérêt pour une mouche est généralement preneur.
     - Voici la formule à exploiter:

"PÊCHER AU BON ENDROIT, AU BON MOMENT ET DE LA BONNE FAÇON!"

     - Vérifiez régulièrement votre équipement (principalement l'avançon et les mouches).

DANS LE FEU DE L'ACTION ! ...

Le pêcheur qui réussit sa présentation provoque parfois une réaction chez le saumon qui monte sous la mouche sans la prendre (on dit que le saumon "vient voir" ou que l'on a "levé un saumon"). L'intérêt que manifeste le poisson révèle au pêcheur une grande possibilité de capture.

Le saumonier qui voit un bouillon, un "marsouinage" ou un saut vertical, ou qui sent une touche optera pour l'une des tactiques suivantes:
     - repérer la position du saumon et relancer immédiatement. S'il ne mord pas, arrêter au moins cinq minutes avant de lancer de nouveau;
     - choisir une mouche plus petite (le modèle est peut-être bon, mais il est trop gros);
     - employer une technique de présentation différente:

• remplacer par exemple votre sèche par une noyée;
• modifier l'angle de présentation ou l'action de la mouche.

     - à la sèche, lancer un peu plus en amont;
     - à la noyée, allonger sensiblement le lancer (de 1 à 3 pi); revenir à la première mouche ayant "levé" le saumon.

L'expérience et le bon sens aideront le pêcheur à choisir la meilleure tactique. Mais pourquoi le saumon refuse-t-il parfois de prendre la mouche?

Voici quelques interprétations populaires ...

À la sèche:

     - "MARSOUINAGES":

• la mouche est trop grosse;
• le saumon prendra peut-être une noyée.

     - SAUT VERTICAL:

          • la mouche est laissée trop longtemps à la surface;
          • le poisson détecte la présence du pêcheur.

À la noyée:

     TOUCHE ("TIRETTE"):
          • Le lancer est trop court.

Quelle que soit la mouche utilisée:

     BOUILLON:

          • la mouche est trop grosse;
          • la dérive est trop lente;
          • le saumon préfère un modèle complètement différent en forme et en couleur.

LE SAUMON ATTAQUE

LE SAUMON ATTAQUE
"Quant à savoir qui du saumon ou du pêcheur prend l'autre, n'en soyez jamais sûr ... ce sera mieux ainsi!"

"PLOUF!" Ça y est! Un bouillon ... Un saumon vient de "rouler" près de la mouche d'un pêcheur. Après un faux-lancer, le saumonier relance au même endroit... Le saumon revient à l'attaque ... Cette fois, il ne rate pas la mouche.

Le saumon qui prend la mouche redescend généralement vers son gîte. À ce moment, il est possible que le poisson se ferre de lui-même. Cependant, il n'est pas nécessairement bien piqué. Le pêcheur a de une à trois secondes environ pour permettre à la pointe de l'hameçon de bien "s'ancrer" dans la gueule du saumon.
Le saumon poursuit parfois la mouche avant de l'attaquer.
Ferrage:

* Ferrer: Tendre la ligne pour faire pénétrer l'ardillon dans la gueule du saumon.

Il suffit simplement de lever la canne à la verticale.
Beaucoup de saumons sont échappés parce que ferrés trop tôt (habitude du pêcheur de truite) ou trop tard.

COMMENT ET QUAND FERRER:

     - À la sèche, si le pêcheur voit le saumon prendre la mouche, il doit résister à la tentation de ferrer immédiatement et attendre que le saumon ait calé la mouche.
     - À la noyée, il arrive que l'on voie le saumon monter et prendre la mouche. Attention, c'est souvent la cause d'un ferrage prématuré. Ne ferrer qu'au moment où il redescend et que la ligne se tend.
     - Dans tous les cas où le pêcheur enregistre une résistance ou un coup violent, il doit ferrer immédiatement.
     - Lorsque le saumonier perçoit un léger coup sec (comme une "touche" de truite), attendre que la canne se plie et que la ligne se tende avant de ferrer.
     - Lors d'un bouillon soudain au bout de la ligne, ferrer immédiatement.

DÉTAILS À NE PAS NÉGLIGER:

     - Un saumon qui attaque brusquement doit être ferré aussitôt.
     - Pendant la dérive de la mouche sèche, récupérer le mou de la ligne à mesure qu'elle descend, ceci afin de réussir un ferrage éventuel.
     - Garder les yeux sur la mouche (à la sèche) ou suivre son évolution avec le bout de la canne (à la noyée) augmente les chances de ferrer au bon moment.
     - Repérer l'endroit où le poisson a attaqué la mouche ... Cela sera utile lors d'une prochaine tentative.

LA LUTTE

"Le saumon est piqué! La corrida débute!"

La pêche atteint son paroxysme une fois que Salmo a saisi la mouche. Saumon et pêcheur, déterminés à ne rien céder dans cette lutte à peine engagée, sont maintenant liés ... pour le meilleur et pour le pire!
Dès que le poisson est piqué, il se débat avec ardeur pour reprendre sa liberté. Le saumon qui combat saute, démarre précipitamment, descend ou monte la fosse, la traverse et peut revenir aussitôt vers le pêcheur. S'il veut remporter ce duel, le pêcheur doit bien "s'armer" et travailler prudemment ce fougueux poisson, doté d'une énergie surprenante.

• Laissez-vous ensorceler un temps par la symphonie de votre moulinet!

La lutte, c'est l'ensemble des réactions du pêcheur face aux comportements du saumon.

La stratégie du pêcheur:

     - Dès le départ, récupérer le mou de la ligne.
     - Sortir rapidement de l'eau si cela est possible.
     - Pendant toute la lutte, la poignée de la canne doit rester verticale et la ligne tendue. Dans cette position, la canne s'arc-boute et joue le rôle de "ressort".
Elle empêche la tension de se concentrer uniquement sur le moulinet.
     - Contrôler la tension du moulinet afin d'épuiser le saumon, de le ralentir dans sa course. Trop de pression pourrait casser l'avançon, ouvrir l'hameçon ou déchirer la chair du poisson.
     - Ne pas laisser le saumon se reposer.

Comportements du saumon

     - Il apporte la mouche en eau profonde et ne bouge plus
     - Il se déplace loin en aval
       ou
     - Il sort de la fosse
     - Il monte le courant
     - Il saute
     - Il effectue un retour rapide vers le pêcheur
     - Il paraît fatigué et commence à tourner sur le côté.

Réactions du pêcheur

     - Frapper sur la canne avec la main (à petits coups)
     - Gratter la ligne pour ainsi créer des vibrations
     - Se déplacer pour modifier l'angle et la direction de la tension
     - Augmenter et diminuer alternativement la courbure de la canne
     - Si la ligne de réserve sort, suivre le saumon en maintenant une tension
     - Tenter de rembobiner la ligne de réserve dès que le poisson se calme
     - Maintenir la tension
     - Si le saumon est proche (à environ 30 pi), baisser la canne en pointant le bout vers le saumon. Cela a pour but de donner du mou afin d'empêcher la "casse"
     - Si toute la ligne est sortie, tenir la canne haute afin de diminuer la tension du courant sur la ligne en la maintenant hors de l'eau
     - Reculer sur la berge en récupérant la ligne pour rétablir la tension
     - Le traîner en eau peu profonde
     - Faire attention au dernier effort ... à sa dernière course
Plus on augmente la pression sur la ligne, plus le saumon résiste, qu'il soit en mouvement ou non. Il faut chercher à tirer avantage de cette caractéristique.

L'élasticité de l'avançon et de la ligne ainsi que la souplesse de la canne peuvent absorber la majorité des coups secs que provoquent les sauts et les départs du saumon.

Le pêcheur devra donc laisser assez de ligne sortie pour contrôler la lutte.

Trop peu de ligne: La fougue du poisson est incontrôlable et risque de casser l'avançon.

Trop de ligne: C'est la traction du courant sur la ligne qui est incontrôlable.

LA CAPTURE DU SAUMON

​LA CAPTURE DU SAUMON
Rares sont les pêcheurs qui épuisettent seuls leur saumon

Salmo Salar, ce merveilleux poisson qui fait l'orgueil de nombreux amateurs, procure un plaisir incomparable lorsque de sa main, le pêcheur peut enfin caresser sa livrée argentée ... "II n'y a pas d'histoire d'amour sans caresses.'

     * Principes importants:
          - Attendre que le saumon soit bien épuisé.
          - Choisir l'endroit le plus propice à sa capture.

À l'épuisette:
     - Sans partenaire, il est difficile de capturer un saumon à l'épuisette. Le pêcheur se rend compte de l'épuisement du saumon lorsque ce dernier se laisse facilement manoeuvrer et tourne sur le côté.
     - Conduire le saumon en eau calme et peu profonde.
     - Déposer un caillou dans le fond du filet pour le garder ouvert.
     - Appuyer l'épuisette sur le fond de la rivière et prévoir suffisamment d'espace entre l'instrument et la surface de l'eau. Soulever l'épuisette uniquement lorsque le saumon est au-dessus.
     - C'est le rôle du pêcheur de diriger le saumon au-dessus de l'épuisette, que son partenaire tient en demeurant immobile.

À la main:

Quand le pêcheur est seul, qu'il n'a ni épuisette ni serre-queue, qu'il ne peut échouer son poisson à cause d'une berge surélevée ou qu'il désire goûter au plaisir d'un geste d'une savoureuse authenticité.
Ce pêcheur se tient dans l'eau calme, à mi-cuisses environ. Il dirige le saumon tête première vers lui.
Dans ce cas, le pêcheur devrait tourner sa main.

Saisir le poisson juste en avant de la queue et serrer fermement entre le pouce et l'index. La pression doit se faire à la base des deux longs os extérieurs de la queue, qui s'ouvrira en éventail.
Bonne prise
Mauvaise prise: le poisson glisse
À l'aide du serre-queue (tailer):

Afin d'obtenir une fermeture efficace du noeud coulant, tirer dans l'axe du manche pour exercer la pression dans la partie profonde de l'arc.
Juste en avant de la queue
Échouer (beacher) le saumon:

     - Choisir un endroit où la rive est en pente douce.
     - Reculer sans arrêt, ligne tendue, jusqu'à ce que le saumon glisse et s'échoue sur le gravier.
     - À ce moment, le pêcheur doit éloigner le saumon de la rivière en le saisissant ou en l'expédiant plus haut avec le pied.
Ne pas tenter de soulever le saumon au moment où il touche la rive; maintenir la traction en abaissant la canne sur le côté.

Une fois le saumon sur la berge, l'assommer, puis le saigner. Le pêcheur doit ensuite enlever les ouïes à cause de leur décomposition rapide.
Pour le pêcheur qui veut relâcher le saumon ...

     - Ne pas le sortir de l'eau et le manipuler sans pression.
     - Décrocher délicatement la mouche.
     - Éviter de toucher aux opercules et aux ouïes.
     - Saisir le poisson par la queue; le déplacer par un mouvement de va-et-vient pour forcer le passage de l'eau dans ses ouïes et ainsi rétablir son rythme respiratoire.
     - Le laisser aller lorsqu'il montre des signes de vigueur.
     - Lorsque le pêcheur aperçoit la moindre trace de sang, il ne devrait pas relâcher le saumon.

ATOUTS SUPPLÉMENTAIRES

Voici quelques théories reliées à certains facteurs naturels tels que la marée, la pression barométrique, les phases lunaires et les périodes du jour favorables.

Il est évident que chaque jour où le saumonier va à la pêche est une journée opportune... Il existe tout de même quelques principes reconnus.

Marée :

La pêche semble plus favorable lors de la marée montante.

Pression barométrique:

L'activité des poissons semble plus intense lors des changements subits de pression atmosphérique.

Périodes du jour dites favorables:

MATIN:

     La première mouche présentée dans une fosse tôt le matin a un effet de surprise et, à la faveur du crépuscule, engendre très souvent une attaque.

MIDI:

     La pêche durant la courte période du midi est quelques-fois couronnée de succès. C'est le moment d'essayer une fosse délaissée par les pêcheurs depuis quelques heures.

SOIR:

     De la toute fin de l'après-midi jusqu'à la brunante, le saumon est en général plus actif, et les chances de capture sont plus grandes.

Influence de la lune :

La rotation ou pêche en alternance:

Lorsque plusieurs saumoniers se retrouvent dans la même fosse, chacun effectue quelques lancers, puis se déplace de quelques pieds en aval et recommence.

Les pêcheurs doivent garder une distance raisonnable entre eux. Ce système permet à chacun de tenter sa chance aux bons endroits.

Lorsqu'un pêcheur fait monter un saumon sous sa mouche, les autres doivent lui donner la chance de poursuivre son action durant quelques minutes. S'il pique le poisson, les autres pêcheurs récupèrent leur ligne et se retirent afin de ne pas entraver la lutte.

LE PÊCHEUR DE SAUMON EST CELUI QUI...

Choisit • le bon équipement.
            • la bonne mouche.
            • le bon angle de lancer.
            • la bonne méthode de présentation.
            • le meilleur endroit de capture.
 
Observe • la rivière.
              • le gîte et la présence du saumon.
              • les conditions de l'eau.
              • les comportements du saumon.
              • la mouche pendant la dérive.
              • la vitesse du courant.

Attend • le bon moment pour ferrer.
           • l'épuisement complet du saumon avant de le capturer.

Pêche avec confiance.
... Et bientôt sur la grève. La fin d'un gros saumon devient source de rêve."

Page 4 sur 5