La Matapédia... ma Rivière Préférée !
Nous sommes le 11 juillet 2003. J'arrive tout juste d'un autre voyage de pêche au saumon sur la fantastique Matapédia.
Le temps est maussade, pluvieux, 14 degrés Celsius. Quelle merveilleuse température pour la pratique de mon sport favori, la pêche au saumon ! Entre deux averses, je prends une longue marche et je médite sur ce dernier voyage. Je fais un examen de conscience, quoi ! Mes bons coups et surtout mes erreurs me hantent. Comme tout se bouscule dans mon esprit, je suis tenté de tout mettre sur papier... Je m'exécute.
Retournons donc en arrière. Septembre 2002 : je reçois un courrier de la Corporation de gestion des rivières Matapédia et Patapédia (CGRMP). Fini les appels téléphoniques pour réserver dans les secteurs Glen Emma de la Matapédia. En effet, plein d'inquiétudes, je réalise qu'il y aura dorénavant un tirage au sort, soit un maximum de dix chances par pêcheur au coût de 5 $ chacune. J'envoie donc 10 coupons à mon nom et 10 autres au nom de mon épouse. Mon copain fait de même.
Voilà un autre 100 $ facilement dépensé, n'est-ce pas ? Mais, quand on est malade...
Le 8 novembre, j'ouvre mon ordinateur et je jette un coup d'œil au site de la CGRMP. Surprise ! La liste des gagnants y est et je suis le 36e sur 130. J'aurai donc un beau choix de dates. Quelques jours plus tard, le téléphone sonne et c'est Mario Pineau, le gérant de la Glen Emma. Eh bien, oui, j'ai le choix des dates et je choisis les 5 et 6 juillet et les 25 et 26 du même mois. Je jubile et je commence à rêver.
Voilà un autre 100 $ facilement dépensé, n'est-ce pas ? Mais, quand on est malade...
Le 8 novembre, j'ouvre mon ordinateur et je jette un coup d'œil au site de la CGRMP. Surprise ! La liste des gagnants y est et je suis le 36e sur 130. J'aurai donc un beau choix de dates. Quelques jours plus tard, le téléphone sonne et c'est Mario Pineau, le gérant de la Glen Emma. Eh bien, oui, j'ai le choix des dates et je choisis les 5 et 6 juillet et les 25 et 26 du même mois. Je jubile et je commence à rêver.
Mai et juin arrivent et j'essaie de me guérir quelque peu de cette crise aiguë de saumonite, mais mes nombreuses expéditions à la pêche à la truite ne suffisent pas. Enfin juillet... Mon copain Dany et moi préparons notre prochain voyage en prenant une bonne bouffe bien arrosée et en nous rappelant les souvenirs des années passées.
Dany est un chirurgien de Québec. Il est un excellent moucheur et aime bien s'évader lui aussi. Quel meilleur remède que la pêche de Saimo satar, ce roi de nos eaux ! Nous nous sommes connus à la Maison du moucheur Orvis de Québec, avons sympathisé et, depuis sept ans maintenant, nous faisons un pèlerinage ou deux chaque année en Gaspésie, et avec succès d'ailleurs.
Le 4 juillet arrive et, après une nuit sans sommeil ou presque, nous chargeons le véhicule 4X4 et hop ! Départ de Québec, arrêt à Rimouski pour nous sustenter, achat de provisions et troisième arrêt à l'Atelier du moucheur. Tiens, nous y croisons à cet endroit le président de la FQSA, M. Yvon Côté, avec qui nous avons discuté tout en achetant nos permis et quelques belles mouches. Nous sommes en mesure de constater d'ailleurs que l'inventaire de cette boutique est très complet, en mesure de satisfaire le plus capricieux des moucheurs. Un autre arrêt au poste d'accueil de la CGRMP de Causapscal, où nous prenons nos droits d'accès et jetons un coup d'œil au registre des prises des derniers jours. Ouf! ça s'en vient et paraît-il que l'on annonce des averses.
Selon la tradition, nous faisons un autre « stop » à la fosse Les Fourches, où une dizaine de moucheurs sont à l'œuvre. Nous en profitons pour saluer parmi eux M. Guy-Noël Chaumont, personnalité bien connue des adeptes de Salmo. Finalement, dernier arrêt, là où nous avons choisi de résider, soit aux chalets Aline de Sainte-Florence, lieu paisible, propre et confortable, tout à côté de la fosse Adams.
Nous voilà donc le 5 juillet au matin, après une nuit combien courte et perturbée de rêves de saumons bondissant hors de l'eau. Arrivés à la Maison Glen Emma, lieu de rencontre habituel, nous saluons nos bons copains, ces excellents guides que nous apprécions tant.
Après avoir joué à pile ou face, Mario, le gérant, nous confie à nos guides et nous indique les fosses où nous pécherons. A titre de gagnant, j'ai droit aux fosses Hells Gâte et Angus tandis que mon ami Dany prendra la Richard. J'ai pour guide Claude Gray, une vieille connaissance, et Dany sera guidé par son homonyme Dany Villeneuve. Ce sont deux excellents guides et nous nous félicitons d'être si bien tombés.
À 8 h 15, nous partons donc pour nos sites de pêche qui sont situés à quelques kilomètres. La journée hélas s'annonce torride. La fosse Hells Gâte, que je connais bien, me paraît agréable. La rivière est à une hauteur moyenne et l'eau n'est pas encore trop chaude. Nous embarquons, Claude et moi, dans notre merveilleux canot gaspésien qu'il manœuvre d'une main de maître. Une fois positionnés, nous débutons avec une mouche Black Bear Green Butt n° 8. Rien ne se passe, tout est tranquille ! À 9 h 25, nous décidons de changer pour une petite sèche, une Aqua que j'affectionne particulièrement, car cette mouche a fait ses preuves auparavant. Un lancer, puis un deuxième. J'allonge quelque peu, quand soudain, à environ quinze pieds du canot, un magnifique saumon d'une quinzaine de livres monte lentement, presque avec paresse, s'approche à un ou deux pouces de ma mouche et retourne tranquillement dans les profondeurs de la rivière. Ouf ! Extraordinaire spectacle, mais jamais mon guide et moi n'avons pensé qu'il s'agissait là d'un saumon preneur. Ce fut quand même vraiment quelque chose à voir. Mais le saumon ignora tous mes autres lancers.
Pendant ce temps, mon ami Dany a beaucoup d'action à la Richard, mais lui aussi fait face à des saumons peu preneurs. Les guides étant munis de radios émetteurs-récepteurs, nous sommes au courant des multiples péripéties que vivent nos copains. Soudain, un message arrive : la prolifique fosse Angus est libérée et nous appartient de droit, un saumon venant d'y être capturé.
Par une température de 30 degrés Celsius, nous nous rendons à cet endroit, et mon guide suggère d'y pêcher à gué, de peur de déranger le saumon qui y est disséminé un peu partout, mais quand même difficile à déceler. La fosse me semble immense et le courant est rapide. Je m'installe et couvre la fosse, du moins ce que je peux avec une Black Bear Green Butt. J'avance vers l'aval lentement, tout en lançant et, à un moment donné, j'aperçois une masse blanc-gris dans trois pieds d'eau. Claude, dis-je, là-bas en aval, est-ce un de ces gros blocs de béton avec des crochets pour décourager les braconniers avec leurs filets ? Affirmatif, répond-il. Ho ! Ho ! Me dis-je, voilà un spot qui m'intéresse. Je refais mon parcours en couvrant le même secteur à nouveau, ma mouche passe près de cette masse grise et paf ! À 10 h 35, ça y est, un super combat s'engage. Courses, sauts, éclairs argentés, déroulement de la soie, approche du saumon, nouveau départ, et voilà la ligne de réserve qui sort à un rythme inquiétant. Quand je réussis à l'approcher près de la puise, il détale à nouveau. Je n'ose pas le freiner trop brusquement et, rendu à une centaine de pieds, plus rien. Malheur de malheur ! Mon freinage était-il adéquat ? Mon guide prétend que Salmo n'avait saisi la mouche que sur le bout des lèvres. Enfin ! L'avant-midi avance à grands pas, le soleil est de plomb, l'eau se réchauffe constamment et il n'y a rien à faire avant la fin de l'après-midi.
Par une température de 30 degrés Celsius, nous nous rendons à cet endroit, et mon guide suggère d'y pêcher à gué, de peur de déranger le saumon qui y est disséminé un peu partout, mais quand même difficile à déceler. La fosse me semble immense et le courant est rapide. Je m'installe et couvre la fosse, du moins ce que je peux avec une Black Bear Green Butt. J'avance vers l'aval lentement, tout en lançant et, à un moment donné, j'aperçois une masse blanc-gris dans trois pieds d'eau. Claude, dis-je, là-bas en aval, est-ce un de ces gros blocs de béton avec des crochets pour décourager les braconniers avec leurs filets ? Affirmatif, répond-il. Ho ! Ho ! Me dis-je, voilà un spot qui m'intéresse. Je refais mon parcours en couvrant le même secteur à nouveau, ma mouche passe près de cette masse grise et paf ! À 10 h 35, ça y est, un super combat s'engage. Courses, sauts, éclairs argentés, déroulement de la soie, approche du saumon, nouveau départ, et voilà la ligne de réserve qui sort à un rythme inquiétant. Quand je réussis à l'approcher près de la puise, il détale à nouveau. Je n'ose pas le freiner trop brusquement et, rendu à une centaine de pieds, plus rien. Malheur de malheur ! Mon freinage était-il adéquat ? Mon guide prétend que Salmo n'avait saisi la mouche que sur le bout des lèvres. Enfin ! L'avant-midi avance à grands pas, le soleil est de plomb, l'eau se réchauffe constamment et il n'y a rien à faire avant la fin de l'après-midi.
Nous retournons donc à notre fosse vers 17 h. Il fait toujours très chaud, mais nous recommençons notre manège. Plus l'heure avance, plus Salmo marsouine et saute de temps à autre. 20 h, un message radio nous arrive. Dany, qui est maintenant rendu à la Hells Gâte, pique un saumon qui lui fait un beau combat. Quelques instants après, il est fier de nous annoncer la capture d'un beau saumon de 12 Ib. La pression est maintenant de plus en plus forte sur moi et nous décidons d'aller plus bas, là où ça saute un peu plus. J'avance lentement dans environ deux pieds et demi d'eau, mais dans un courant très rapide, beaucoup plus fort et la visibilité diminue de minute en minute. 20 h 30 arrive, j'avance tout en mouchant et, tout à coup, bang ! Je pique un monstre, et un vrai. Ma canne plie soudainement, et puis, tout lâche ! «Georges en tombe sur le dos dans l'eau et se rend compte, tout ébahi, les grandes bottes pleines d'eau, qu'il vient à nouveau de rater sa chance». Je suis sain et sauf, mis à part mon orgueil... Je rattrape ma canne et, pendant ce temps, mes deux comparses à la Hells Gâte se tordent de rire, ayant été avisés par radio. Quels gars sympathiques ! Et quelle force vraiment renversante que possédait ce satané saumon. Tremblant, grelottant (l'eau est rendue à 20 degrés Celsius), humilié et engourdi, je pique une truite de mer de 13 po que je ramène de peine et de misère. Je suis devenu le moucheur le plus propre de la Matapédia, et peut-être le plus penaud ! Retour à la cabine, séchage de bottes, souper, dodo, nouveaux rêves. Le lendemain matin, lors de notre arrêt habituel à la maison des guides, nous constatons l'arrivée de deux nouveaux pêcheurs, deux personnalités fort connues : Gaston Lepage et Patrice L'Écuyer. Ces gentlemen sont venus en hélicoptère. Je constate également que certains guides me regardent ce matin, avec de beaux sourires. Pourquoi donc ?
Nous retournons à notre fosse et le manège recommence vers 8 h 30. Tout à coup, encore près de cette masse grise, je sens deux coups sur ma Black Bear Green Butt et note plusieurs sauts dans ce coin-là. Et puis bang ! Ça y est ! Il est tout juste 9 h. J'en ai un très beau. Quel merveilleux combat dans cette immense fosse. Ce n'est pas un saumon, c'est un bolide, un jet. Quelle puissance ! Trois sauts hors de l'eau, course effarante, la ligne de réserve diminue à vue d'œil. Je rentre de la soie et, soudain, après une quinzaine de minutes, il faiblit. Après m'être rendu tout près du rapide, je le ramène et, hop !, dans la puise. Un beau treize livres tout argenté !
Nous avisons nos copains qui s'amènent immédiatement. Après les félicitations d'usage, Dany et son guide se mettent à l'œuvre. Je les quitte afin d'aller mettre mon saumon au frais. À mon passage à la fameuse fosse Milnikek, je regarde un pêcheur, lui aussi aux prises avec un beau spécimen. Quel spectacle ! Une heure plus tard, je retourne à la fosse Angus et, sur mon chemin, je croise les deux Dany, tout joyeux, car mon copain en a pris un autre, un beau douze livres près de cette fameuse masse de béton que je lui avais indiquée.
Quel merveilleux mais court séjour sur ma rivière préférée, la Matapédia, et dire que j'y reviendrai les 25 et 26 juillet.
Toutes ces péripéties me donnent vraiment l'envie de coucher mes souvenirs sur papier. Que j'en ai donc fait de belles expéditions, par le passé, là et ailleurs, et, plus j'y songe, plus je crois que je vais passer certaines de ces longues soirées d'hiver à noircir du parchemin et, bien entendu, à planifier l'année 2004.
Donc, amis saumoniers, la suite de mes souvenirs au prochain numéro... peut-être !
Nous retournons à notre fosse et le manège recommence vers 8 h 30. Tout à coup, encore près de cette masse grise, je sens deux coups sur ma Black Bear Green Butt et note plusieurs sauts dans ce coin-là. Et puis bang ! Ça y est ! Il est tout juste 9 h. J'en ai un très beau. Quel merveilleux combat dans cette immense fosse. Ce n'est pas un saumon, c'est un bolide, un jet. Quelle puissance ! Trois sauts hors de l'eau, course effarante, la ligne de réserve diminue à vue d'œil. Je rentre de la soie et, soudain, après une quinzaine de minutes, il faiblit. Après m'être rendu tout près du rapide, je le ramène et, hop !, dans la puise. Un beau treize livres tout argenté !
Nous avisons nos copains qui s'amènent immédiatement. Après les félicitations d'usage, Dany et son guide se mettent à l'œuvre. Je les quitte afin d'aller mettre mon saumon au frais. À mon passage à la fameuse fosse Milnikek, je regarde un pêcheur, lui aussi aux prises avec un beau spécimen. Quel spectacle ! Une heure plus tard, je retourne à la fosse Angus et, sur mon chemin, je croise les deux Dany, tout joyeux, car mon copain en a pris un autre, un beau douze livres près de cette fameuse masse de béton que je lui avais indiquée.
Quel merveilleux mais court séjour sur ma rivière préférée, la Matapédia, et dire que j'y reviendrai les 25 et 26 juillet.
Toutes ces péripéties me donnent vraiment l'envie de coucher mes souvenirs sur papier. Que j'en ai donc fait de belles expéditions, par le passé, là et ailleurs, et, plus j'y songe, plus je crois que je vais passer certaines de ces longues soirées d'hiver à noircir du parchemin et, bien entendu, à planifier l'année 2004.
Donc, amis saumoniers, la suite de mes souvenirs au prochain numéro... peut-être !
références
» Par Georges E. Tanguay
» Saumons illimités #68, Hiver 2004.
» Saumons illimités #68, Hiver 2004.