Anne Pelchat: Ma Folle Journée de Pêche !

    Le cadran sonne à 5 heures du matin. Nous avons à peine le temps de déjeuner que nous partons à la pêche, ma mère, mon père et moi. C’est ma première journée de pêche au saumon. Deux mois auparavant, mes parents m’ont amenée au Forum Spey de Sherbrooke où j’ai appris les rudiments des lancers spey sous l’oeil averti de l’équipe de la Maison des jeunes de Verdun.

Ma Folle Journée de Pêche ! Anne Pelchat
     Nous nous dirigeons vers la fosse 23 de la rivière des Escoumins. Armée de ma canne spey de 11.9 pieds, mon père me réexplique un peu les bases des lancers spey. Il me laisse seule quelque temps et revient pour voir mes progrès. La matinée passe et il ne se passe rien, aucune touche, ni saut... rien! Alors, nous changeons de fosse. Nous nous rendons à la fosse 19. On fait la même chose. Nous faisons notre rotation, mais il ne se passe toujours rien ! Je suis un peu déçue.

     Nous rentrons au chalet pour manger et nous reposer. Vers 4 heures, nous retournons à la rivière, pas question d’abandonner ! Les heures passent et… toujours rien. Vers 7 heures, nous retournons à la fosse 23, convaincus de la présence de poissons. Vers 7 h 15, un peu « tannée », je décide de prendre une pause et retourner sur la grève avec ma mère. Cinq minutes plus tard, mon père nous crie qu’il a vu un saumon « rouler » dans la fosse et me demande d’y retourner. Je prends mon équipement et j’embarque dans la rivière avec ma mère qui me tient par la ceinture pour ne pas que je parte dans le courant ! Je me positionne pour lancer ma mouche, une black dose no 6, là où mon père m’indique. Après le premier lancer, je sens une boule se former dans mon ventre. Dès que la mouche atteint l’endroit visé, le saumon s’élance sur ma mouche !! Ah, quelle sensation !!! Le saumon fracasse la surface de l’eau, mais ne prend pas la mouche. Mon père, qui est à quelques mètres de là, a tout vu ! La boule dans mon ventre grossit et mon coeur bat très fort. Je relance une autre fois... sans succès.

     Nous nous sommes levés tôt, j’ai combattu le fort courant toute la journée avec mes 70 livres mouillées, je suis fatiguée et je suis en train de me dire que ça ne peut pas être fini. Mon père me dit de laisser une pause au poisson. Sage conseil d’un ancien guide de pêche au saumon de la rivière George.

     Nous en profitons donc pour changer ma mouche. Ma nouvelle mouche? Une black bear green butt no 10. Je retourne dans le courant, toujours avec ma mère qui me retient par la ceinture ! Je refais quelques lancers et lors d’une dérive, mon père aperçoit ma soie s’arrêter puis tranquillement remonter le courant. C’est alors qu’il me crie : « Tu as un saumon ! Vite, lève la canne ! » Le saumon n’a pas brouillé l’eau, ni appliqué de tension sur ma soie, je n’avais rien senti ! Ça y est, j’ai un saumon au bout de la ligne !!! Mon père vient me rejoindre pendant que ma mère, toute énervée, court chercher la caméra.

     D’un coup, ma soie se met à dérouler à 100 km à l’heure ! Cette dose d’adrénaline me donne la force de continuer, car je suis déjà épuisée ! Mon père est là, derrière moi, mais ne fait qu’assurer mon équilibre et voir à ce que je tienne ma canne haute. Ma mère, elle, continue à prendre des photos… À cet instant, le poisson saute et je le salue avec ma canne. Wow ! Je capote !!!

     Après 15 minutes de combat, à jouer au yoyo avec ma ligne, j’aperçois une barre argentée. Ma mère prend le relais derrière moi et mon père s’avance dans l’eau. Il prend doucement mon bas de ligne, le tire vers lui et réussit à agripper la queue du saumon. Enfin, je vois MON poisson !! Il est tellement gros et il se débat dans les mains de mon père. Je lui répète sans arrêt : « Ne le lâche pas, ne le lâche surtout pas! » Je réussis à prendre sa queue, à le tenir et un, deux, trois… CHEEZE !!!

     Après le traditionnel baiser d’adieu, je remets lentement sa tête dans le courant afin qu’il reprenne ses esprits et le laisse repartir tranquillement vers la fosse. J’ai fait ma première remise à l’eau !

     Je suis vidée, mais tellement heureuse ! En sortant de la rivière, mon père me dit : « Tu dois toujours être attentive et pêcher avec la conviction que tu vas en prendre un à tous les lancers. Tes efforts et ta patience ont été récompensés ».

Références

» Texte Anne Pelchat, (13 ans)
» Photos Marie-Claude Landry
» FQSA.
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