Le « Catch and Release »; Oui! à la condition que...

     ...le saumon de l'atlantique soit péché par les pêcheurs sportifs seulement.

Le « Catch and Release »; Oui! à la condition que...
     Le « catch and release », loin d'être le propre de farfelu fonctionnaire, peut être fort agréable pour le vrai pêcheur sportif. Contrairement à ce qui a été écrit déjà dans cette revue (Hiver 1987), cette pratique ne peut être comparée à la chasse au chevreuil ou à tout autre gibier.

     Il me semble que la pêche du saumon est à son paroxisme quand Salmo salar saisit la mouche et engage une lutte accompagnée de sauts, démarrages, courses du pêcheur et lorsque ce dernier peut, de sa main caresser ce poisson. En fait, une fois sur la berge, inerte, le poisson n'est plus que matériel, morceau de viande ou symbole de trophées, de victoire...

     Le « catch and release » peut trouver sa réponse dans des comparaisons... mais il faut les choisir ! Un loisir sportif peut se comparer à d'autres loisirs sportifs où la personne n'a de profit que la satisfaction de réalisation, ou encore quelques «orgasmes» causés par des moments palpitants... Le joueur de golf ou de tennis n'a aucun profit matériel, comme objectif... mais que de satisfaction et de moments époustoufflants ou parfois désastreux, mais de toute façon, que d'émotions ! Le golfeur ou le «tennisman» ne tire pas à blanc et lorsqu'ils reviennent chez-eux, il me semble qu'ils ne reviennent pas avec des balles neuves !!!

     Il en est de même pour le pêcheur de saumon qui parfois, revient à son campement sans «profit matériel», sans poisson, mais avec la mémoire remplie de vibrations fort agréables (levée de saumons, piquage et lutte de saumons qui se sont échappés...)

     Garder un saumon ou le remettre à l'eau, est, il me semble bien secondaire quand on regarde toutes les phases qui font que cette activité en est une de grand défi rationnel: construction et choix de mouches et d'avançons, analyse du courant, du comportement du saumon et de ses réactions à la mouche, l'art de lancer, la bonne présentation, le ferrage, les comportements du saumon et du pêcheur lors de la lutte...

     Salmo salar est souvent notre maîtresse. Et comme pour l'amour, il y a l'approche, la préparation, puis, selon l'effet de la présentation, c'est l'orgasme! Reste-t-il autre matière... si ce n'est que le plaisir, les sensations d'un moment agréable qui restent imprimés dans la mémoire; ce qui fait que l'on a hâte de recommencer... Plusieurs activités sportives ne se pratiqueraient pas si on ne pensait qu'au profit matériel. Une belle descente de rivières en canot, une agréable randonnée de ski de fond... N'est-ce pas le plaisir qui est la source et le but de toute activité sportive et même de la pêche du saumon qui se pratiquerait encore avec la remise à l'eau.

     Si un jour, nos gouvernements en viennent à interdire toute capture du saumon, à cause d'une menace de disparition, on devrait permettre le «catch and release». Dans les autres cas de pratique de notre activité (tel qu'actuellement), il devrait d'abord y avoir interdiction de pêcher commercialement le saumon, puis limiter le nombre de saumons que le pêcheur peut garder tout en laissant ce dernier pêcher en pratiquant le « catch and release ».

     Voilà deux hypothèses plus souples, plus satisfaisantes et plus abordables que de rejeter catégoriquement le « catch and release » ! A choisir entre remettre plusieurs saumons à l'eau dans une journée ou se contenter de garder un seul saumon... Que faire ?

référence

» Par Jacques Émond
» Salmo Salar #8, Printemps 1987.
Page 2 sur 3