Chapitre IV; La Mouche

     Comme ces alchimistes du Moyen-Âge qui recherchaient la pierre philosophale capable de transformer une matière vulgaire en or, les saumoniers tentent de découvrir, depuis maintenant des siècles, le moyen infaillible de prendre du saumon atlantique à volonté. Ils ne l'ont pas encore découvert et cette recherche risque de durer encore des siècles, Heureusement!

CHAPITRE IV; LA MOUCHE
     Oui: heureusement! Car, si ce moyen assuré de faire mordre le saumon existait et était largement répandu, il ya belle heurette que Salar aurait disparu de nos rivières. Et il y a longtemps que la pêche du saumon à la mouche aurait perdu son charme indéfinissable.
 
     Consolez-vous donc: vous n'êtes pas les premiers à vous demander ce qui peut bien inciter le saumon à gober une mouche artificielle. Et vous ne serez pas les derniers à vous poser cette question séculaire ... Nous la poserons, une fois de plus, avec vous.
 
     Puis, nous passerons à l'étude de la mouche elle-même.
 
     Qu'est-ce qu'une mouche? Quels sont les types (noyées ou sèches), genres (à ailes en poils ou à ailes en plumes) et catégories (traditionnelles, streamers, nymphes, tandem, tubulaires, articulées) de mouches? Enfin, nous vous conseillerons sur le choix de la mouche, en fonction de son type, de sa grosseur, de sa construction, de sa couleur, de son modèle (dans cet ordre); vous serez surpris d'apprendre que le modèle de la mouche (ex.: Cosseboom, Rusty Rat, Blue Charm), a relativement peu d'importance en soi.
 
     Tout cela nous conduira, enfin, à vous suggérer une douzaine de mouches qui ont fait leurs preuves dans toutes les conditions de pêche explicitées. Vous nous suivez?

A- POURQUOI SALAR ATTAQUE-T-IL UNE MOUCHE ?

     Pourquoi Salar attaque-t-il une mouche artificielle, un agencement de poils et de plumes ressemblant si peu aux insectes naturels? Pourquoi prend-il, à tel moment plutôt qu'à un autre, une mouche de telle grosseur plutôt que de telle autre? Pourquoi réagira-t-il brusquement et gobera-t-il la mouche avec avidité, à tel moment, alors que rien ne semblait pouvoir attirer son intérêt durant les heures précédentes?

POURQUOI SALAR ATTAQUE-T-IL UNE MOUCHE ?
     Voilà autant de questions que vous vous posez peut-être.
 
     En fait, vous devez vous poser de telles questions si vous voulez agir d'une manière qui aura du sens lorsque vous vous adonnerez à votre passion de la pêche du saumon à la mouche.
 
     Toutes sortes de réponses ont été données jusqu'à maintenant à ces interrogations. En admettant, au départ, que le saumon atlantique ne se nourrit pas durant sa montaison vers ses frayères, des auteurs ont émis des hypothèses: Salar attaquerait la mouche artificielle par jeu, par colère, par réflexe, par réminiscence, par habitude.
 
     Par jeu? Est-ce que Salar a envie de jouer, lorsqu'il subit des transformations physiologiques importantes au moment de son passage de l'eau salée de l'océan à l'eau douce, lorsqu'il a besoin de toutes ses énergies pour affronter les périlleux obstacles dressés sur sa route vers les frayères, lorsqu'il est préoccupé par une seule idée: assurer la pérennité de son espèce?
 
     Par colère? Parce que, disent certains auteurs, Salar serait choqué d'apercevoir un objet aussi insolite que ces mouches artificielles présentées par les saumoniers et voudrait les écarter de sa frayère (jugeant qu'il s'agit de compétiteurs, de saletés, etc.). Mais pourquoi le saumon n'est-il pas plus souvent coléreux dans certaines rivières, où les eaux charrient des objets bien plus importants et bien plus insolites que des mouches artificielles! Pourquoi n'attaquerait-il pas aussi les poissons des autres espèces qui lui font compétition dans la même rivière?
 
     Par réflexe? Par réminiscence? Par habitude? S'il faut en croire certains auteurs, Salar attaquerait la mouche artificielle parce qu'il aurait gardé en mémoire le goût des insectes qu'il gobait dans cette rivière, durant sa plus tendre enfance; il oublierait, l'espace d'un instant, qu'il est un géniteur adulte revenant frayer dans la rivière natale et, par un phénomène de flash back, il retrouverait de l'appétit pour des insectes ou pour ce qui leur ressemble. D'autres auteurs soulignent que le saumon ne peut totalement se débarrasser de son réflexe, de son habitude de gober tout ce qui passe à portée de sa gueule, puisqu'il a consacré tant de temps en mer à s'engraisser.
 
     Nous avons les mêmes interrogations. Mais, malgré nos nombreuses expériences passées sur le terrain, malgré nos recherches dans des livres sur le sujet, malgré nos discussions avec d'autres saumoniers et avec des scientifiques, nous n'avons malheureusement encore jamais obtenu de réponses claires, nettes, précises, indubitables et définitives.

    Mais est-il vraiment nécessaire d'obtenir LA RÉPONSE?
 
     N'est-il pas à craindre que la connaissance de ce secret permettrait à des humains de vider des rivières à saumons? La pêche du saumon à la mouche artificielle serait-elle un sport offrant un mystère aussi captivant et intrigant, si tous savaient comment prendre du saumon à volonté?
 
     Quoi qu'il en soit, nous n'avons pas la prétention de posséder les connaissances scientifiques qui nous permettraient de trouver la fameuse réponse en question et de vous la communiquer. Toutefois, nos expériences passées, nos recherches, nos discussions avec des chercheurs nous ont permis de découvrir que Salar attaque des mouches artificielles lorsqu'un ensemble de conditions déterminées est présent. Ce que nous voulons, dans le présent chapitre, c'est vous communiquer nos connaissances de ces conditions, qui pourraient vous assurer un certain succès dans la récolte des saumons.

facteurs de stimulation

FACTEURS DE STIMULATION
     Il est pratiquement impossible, pour l'homme, de comprendre et expliquer avec ses mots le comportement du saumon, tout comme il lui est pratiquement impossible de concevoir les conditions de vie de Salar, puisque l'homme ne vit pas dans le monde des poissons. Par ailleurs, l'homme doit éviter, autant que possible, l'embûche de l'anthropomorphisme.
 
     Cependant, il est certain que le comportement du saumon, un animal, est causé par certains facteurs, comme celui de tous les autres organismes vivants. En effet, toute conduite, toute action est en réaction à des stimuli internes et externes; le comportement est la résultante d'un faisceau de stimuli, dont l'interaction est plus ou moins complexe.

     Les facteurs internes, c'est l'état physiologique du saumon, son état endocrinien, tout son bagage génétique, son équipement neuro-sensoriel et neuro-endocrinien. Dans l'état actuel de la science et des connaissances sur le saumon atlantique, nous n'avons pas de réponses claires quant à l'importance que peuvent avoir les facteurs internes dans le comportement du saumon en rivière. Nous n'avons pas l'intention de vous faire plonger avec nous dans la mer des hypothèses existant actuellement sur le sujet! Ce n'est d'ailleurs pas le rôle du présent chapitre.

    Les facteurs externes pouvant provoquer des réactions du saumon, pouvant agir sur son comportement et le stimuler à attaquer la mouche, comprennent: la luminosité ambiante, la température de l'eau, le débit et la vitesse de l'eau dans la rivière, la quantité d'oxygène dans l'eau, la turbidité de l'eau et sa profondeur, le relief du lit de la rivière, ainsi que le type, la grosseur, la construction, la couleur et le mouvement de la mouche dans les fosses, etc.
 
     Le comportement du saumon n'est pas une réponse uniquement à un faisceau de stimuli externes; cet animal n'est pas un automate dans lequel on jette une pièce de monnaie pour lui faire accomplir des gestes. Salar réagit autant à des stimuli internes.
 
     Vous n'avez pas le choix: vous êtes totalement incapable d'agir sur les facteurs internes du saumon; vous devez cependant en tenir compte (par exemple: lorsque le saumon monte les rapides, le taux de tyroxine augmente dans son sang, ce qui l'excite et le plonge dans un état propice à la stimulation par des mouches artificielles: si vous le savez, vous agirez en conséquence). MAIS vous pouvez jouer intelligemment un rôle quant au faisceau de facteurs externes qui stimuleront Salar et l'inciteront peut-être à gober la mouche artificielle.

B- TYPES DE MOUCHES À SAUMON

​B- TYPES DE MOUCHES À SAUMON
     La majeure partie des leurres appelés conventionnellement des mouches à saumons ne ressemblent aucunement à des insectes existant dans la nature. En fait, ces artificielles sont des hameçons recouverts avec de la soie, de la laine, des plumes, des poils, des fils métalliques ou autres matériaux et dont la finalité est de leurrer Salar.

    Ces mouches sont noyées ou sèches.

La mouche noyée

LA MOUCHE NOYÉE
     La mouche noyée est conçue pour caler sous le film de l'eau. À venir jusqu'à tout récemment, on employait surtout des mouches noyées dont les ailes étaient montées avec des plumes d'oiseaux exotiques; on prétend que les inventeurs de ces mouches avaient pour ambition de monter des ailes plus compliquées que celles inventées par leurs compétiteurs, d'où les innombrables modèles tous plus extravagants les uns que les autres, aux coloris flamboyants (ex.: la Jock Scott, dont les ailes sont composées d'au moins deux douzaines de matériaux différents).

     Mais vînt le temps où les oiseaux exotiques se firent de plus en plus rares ou de plus en plus protégés; en plus de faire face à cette rareté, des pêcheurs sportifs de saumons d'Amérique, qui n'avaient pas toujours les ressources pécuniaires suffisantes, eurent l'idée d'utiliser des matériaux qu'ils avaient à portée de la main (soies de porc, poils de vaches, de chiens, des chats, de petits animaux à fourrure et poils de gros gibiers comme les ours, orignaux, caribous, chevreuils). Les mouches noyées à ailes en poils sont donc nées de la nécessité de leurs utilisateurs, tout en ayant l'avantage d'être particulièrement faciles à monter. De nos jours, les mouches noyées à ailes en plumes sont plutôt considérées comme des reliques de l'époque victorienne, des objets de musée et d'exposition; les artisans qui en fabriquent encore le font sur commande pour des collectionneurs ou pour prouver leur dextérité lors de concours de montage de mouches.

mouches noyées ont traditionnelles
    Les mouches noyées ont traditionnellement un corps, des ailes, une queue, une gorge ou une collerette et une tête; tout dépendant des modèles, ces mouches comportent une gamme étendue de matériaux aux coloris les plus divers, et sont montées à l'aide d'hameçons simples ou doubles. Même si la presque totalité des mouches noyées à saumons (qu'elles soient à ailes en plumes ou en poils) ne représentent aucun insecte naturel, certains modèles ont été conçus pour imiter des insectes; c'est le cas, notamment, des nymphes. Par ailleurs, certains saumoniers aiment bien utiliser des mouches (streamers, mouches en tandem ou mouches montées sur des hameçons de type Waddington) qui imitent des vifs, des vairons (des «ménés»); d'autres sportifs utiliseront fréquemment des mouches à truites.

streamers
    Certains saumoniers sont convaincus que les mouches à saumons montées sur des hameçons à très longue hampe (hameçons à streamers, par exemple, ou hameçons de type Carrie Stevens) agissent comme des leviers dans la gueule du saumon au moment du combat; ces saumoniers soutiennent que de tels hameçons finissent par percer un grand trou dans la gueule du saumon et que ce dernier réussit souvent à se décrocher. Quoi qu'il en soit de cette opinion, des fabricants britanniques ont mis en marché des hameçons articulés (que l'on nomme généralement Waddington Shanks). Dans la construction de ces hameçons articulés, la partie arrière a une hampe très courte (avec un, deux ou trois ardillons, au choix) qui est terminée par un anneau horizontal; cet anneau horizontal passe dans l'anneau vertical à la queue de la partie avant, cette dernière consistant en une hampe plus longue et précédée d'un oeil tourné vers le haut. C'est sur la partie avant de cet hameçon qu'est montée la principale portion du corps de la mouche. Les hameçons articulés, relativement pesants, permettent de monter des mouches plus longues, sans danger que l'hameçon n'agisse comme un levier; la mouche descend un peu plus profondément sous le film de l'eau et elle a plus de mouvement. Des saumoniers utilisant fréquemment des Waddington Shanks prétendent que leurs confrères moucheurs ne voudraient jamais rien savoir des autres types d'hameçons, s'ils les essayaient.

     Certains saumoniers, surtout en Grande-Bretagne, utilisent des mouches tubulaires (tube flies: ce sont celles où le corps et les ailes sont enroulées autour d'un minuscule tube en plastique, au lieu d'être montés sur la hampe d'un hameçon; le bas de ligne passe à l'intérieur du tube et est attaché à un hameçon (double ou triple, sans oublier la grosseur autorisée par les règlements au Québec). L'un des avantages de l'utilisation d'une mouche tubulaire, c'est qu'une telle mouche ne sera pas irrémédiablement perdue s'il vous arrivait de casser l'hameçon sur les roches de la berge: vous pourrez toujours alors récupérer le tube et attacher un autre hameçon au bas de ligne! Si l'hameçon est rouillé, vous le jetez et la mouche montée sur tube peut encore servir. C'est ce que fait Oscar Boisjoly, de Sillery: il pêche presque exclusivement avec des tubulaires et son modèle préféré est la Blue Charm (avec un hameçon triple no 16!).

LA MOUCHE SÈCHE
     Peut-on employer des mouches à truites pour pêcher le saumon? Laissez-nous vous raconter cette anecdote-mettant en scène Laurent Guay, de Sainte-Foy, qui pêchait le saumon pour la première fois de sa vie dans la fosse Les Fourches de la rivière Matapédia, à Causapscal. Avec une mouche noyée à truites Royal Coachman, montée sur un hameçon simple, Guay a ferré un saumon auquel il a livré un combat pendant une heure et demie. Résultat? C'était une «grosse face» pesant 14,3 kg (31 Ib et demie)! Comme quoi il ne faut jurer de rien ...

LA MOUCHE SÈCHE

     Les mouches sèches (que certains appellent encore des mouches «flottantes») sont montées avec des matériaux leur permettant de flotter sur l'eau. Quoiqu'il existe des hameçons doubles pour le montage des mouches sèches à saumons, ils ne sont pratiquement jamais utilisés; les saumoniers préfèrent des hameçons simples faits d'acier fort mais léger. Pour la plupart des modèles de mouches sèches à saumons, ce sont les hackles enroulés autour du corps ou bien ceux enroulés derrière la tête qui facilitent la flottaison de ces mouches; la queue, généralement faite de poils (de queues de veau, de caribou, de chevreuil, de poils de chèvre, etc.) est un autre élément important pour assurer cette flottabilité. La préférence des saumoniers du Québec va aux corps faits en poils creux et rasés de caribou et de chevreuil.

mouches Wulff, Bombers
    C'est sur les rivières d'Amérique du Nord, à partir du début du 20e siècle, qu'a été popularisé l'emploi de la mouche sèche pour la récolte de Salar. Dans les îles britanniques et sur le continent européen, les saumoniers ne l'utilisent encore que très rarement, convaincus que les saumons ne viennent presque jamais gober des sèches.

     Edward R. Hewitt, un Anglais qui a souvent fréquenté les rivières à saumons du Québec au début du siècle, a été l'un des premiers à utiliser intensivement la mouche sèche ici. Mais c'est surtout Lee Wulff qui a popularisé cette technique de pêche du saumon en Amérique du Nord. La série de sèches qu'il a inventées ont cette particularité d'avoir un corps en laine ainsi que des ailes et une queue en poils, ce qui fait une grande différence avec la presque totalité des mouches à truites traditionnelles.

     Certains saumoniers ont modifié légèrement les mouches sèches de la série des Wulff, remplaçant la laine du corps par des poils creux; mais, dans le cas des Oiseaux, on enroule des hackles autour du corps en poils creux, à la manière Palmer, tout en conservant les deux ailes en poils. Dans le cas des Bombardiers, on a conservé la queue en poils des Wulff, le corps en poils creux remplace aussi celui en laine, des hackles sont enroulés autour du corps, toujours à la manière Palmer, et on a conservé une aile unique composée d'un bouquet de poils courts, attachés dans un angle de 45 degrés vers le haut ou bien attachés sur le plan horizontal. Certains utilisent des Bombardiers sans queue ni aile et ils les nomment alors «Bugs», ce qu'on pourrait traduire par «gros insectes».

     Les Patineuses sont montées sur de tout petits hameçons. On enroule sur la hampe deux hackles de haute qualité aux fibres longues. Un des hackles est attaché à une extrémité et le second à l'autre extrémité de la hampe, les côtés concaves des hackles se faisant face; une fois les hackles enroulés, les repousser vers le centre de la hampe. Les Bivisibles ressemblent aux Patineuses, sauf que les hameçons peuvent être gros, qu'il y a une queue de fibres de hackles et qu'un ou plusieurs hackles peuvent être enroulés en succession autour de la hampe. Les Moustachues (whiskers), ressemblent aux Bivisibles; elles sont montées sur des hameçons plus gros encore et elles comportent une queue et une aile horizontales faites de poils de queue d'écureuil.

C- LE CHOIX DE LA MOUCHE

     Maintenant que nous avons à l'esprit une idée de ce que peuvent être les mouches pour leurrer Salar, nous verrons comment faire le choix d'une mouche dans différentes circonstances de pêche.
LE CHOIX DE LA MOUCHE
     Nous avons vu ensemble, au début du présent chapitre, que c'est un faisceau de stimuli qui déclenche l'attaque de Salar. Ici, nous allons constater que le choix de la mouche peut et doit se faire rationnellement. Procédons systématiquement.
 
     Quelle doit être votre première interrogation? «Dois-je attacher à mon bas de ligne une mouche noyée ou une mouche sèche?» À première vue, la réponse à cette question paraît difficile.
 
     Certains répondront que c'est une question de goût, d'intuition, de feeling du sportif devant une situation donnée. Nous acquiesçons. Toutefois, pour le bénéfice tant du néophyte que du saumonier expérimenté, nous établissons ci-dessous des règles de conduite habituelles.

MOUCHE NOYÉE

     Généralement, lorsqu'on aborde une fosse pour la première fois, il est sage d'attacher une mouche noyée au bas de ligne. L'emploi d'une telle mouche permet de couvrir le plus d'eau possible et d'observer, en descendant la fosse, les endroits où le saumon pourrait se tenir et, éventuellement, mordre; en pêchant de cette façon, vous pourriez voir sauter un saumon hors de l'eau ou bien le voir bouger dans l'eau au fond de la fosse. Évidemment, pour observer tout cela, il faudra que vous suiviez constamment des yeux le mouvement de votre soie.
 
     Bien d'autres circonstances exigeront que vous utilisiez, de préférence, une mouche noyée à une sèche. Ainsi, lorsque l'eau sera haute et froide, lorsqu'elle sera brouillée ou lorsqu'elle sera bouillonnante. Une mouche noyée fera bien l'affaire, également, dans la pénombre (à l'aurore ou au crépuscule).

Eau haute et froide
     Cette «condition d'eau» survient surtout en début de saison de pêche. Le saumon se retrouve partout en rivière. Il n'est pas nécessairement arrêté dans les fosses; s'il est dans une fosse, il peut être partout dans la fosse.
 
     À cette période-là de la saison, le saumon a plus épais d'eau au-dessus de sa tête et cette eau est parfois moins claire: il aura sans doute moins de difficulté à voir une mouche noyée (plus rapprochée de lui) qu'une mouche sèche (qui flotte à la surface de l'eau). Évidemment, il pourra y avoir des exceptions; nous avons déjà ferré des saumons, en début de saison, avec des mouches sèches. Nous pensons, de plus, à plusieurs saumoniers de la Matane qui ne pêchent jamais avec des mouches noyées et qui prennent du saumon tout au long de la saison.
 
Eaux brouillées
     Lorsque l'eau est fortement brouillée par des pluies diluviennes (cela peut survenir n'importe quand durant la saison), vous ferez face à ce que les saumoniers appellent des eaux louches. C'est bien sûr que l'utilisation de la mouche noyée sera, encore là, préférable à celle de la sèche, parce que c'est l'une des circonstances où il faut rapprocher la mouche de l'oeil de Salar.
 
Eaux bouillonnantes
     Généralement, dans l'eau où la surface est perturbée par le bouillonnement des vagues, l'utilisation de la noyée s'imposera aussi; la sèche aura tendance à caler, elle ne dérivera pas naturellement à la surface et elle ne sera pas bien vue par le saumon.
 
Aurore
     Nous avons constaté, à l'expérience, que le saumon prend plus facilement une noyée qu'une sèche, avant le lever du soleil. Pourquoi? Nous ne pouvons fournir de réponse catégorique. Nous formulons certaines hypothèses: il peut s'agir d'un phénomène relié à la luminosité ambiante et à la vision du saumon, tout comme il pourrait s'agir d'un phénomène relié à la variation de température de l'eau.

Mouche sèche

     Dans quelles circonstances la mouche sèche est-elle utilisée avec Je plus de succès? On voit de plus en plus de saumoniers utiliser la mouche sèche et prendre du saumon à la fin de juin, en juillet et en août, lorsque le niveau de l'eau baisse et que la température de l'eau augmente. L'eau est alors moins turbide, il y a moins épais d'eau dans les fosses et la surface est habituellement moins agitée, ce qui permet aux saumons de mieux voir une sèche flottant sur l'eau. Ce sera encore plus vrai en période d'étiage (eaux très basses et beaucoup plus chaudes). Évidemment, vous obtiendrez bien plus de succès dans l'utilisation de la mouche sèche si vous avez déjà repéré l'endroit où se tient le saumon. On pêche surtout à la sèche dans les cirés (les queues de fosses) et, à l'occasion, dans les eaux rapides.
 
     Par ailleurs, nous avons constaté que Salar prenait bien la mouche sèche lorsqu'il y avait une variation significative de la température de l'eau entre le jour et la nuit. Évidemment, nous ne possédons pas de données scientifiques pour expliquer ce phénomène; toutefois, la compilation de notes, depuis plusieurs années, nous porte à croire le bien-fondé de cette hypothèse et il vaudrait la peine d'y porter une plus grande attention. Rarement nous est-il arrivé de prendre du saumon à la mouche sèche avant 7h du matin. Nous avons noté que, dans les rivières de la péninsule gaspésienne (notamment la York et la Dartmouth), il y a souvent des écarts de 6° F dans la température de l'eau, en juillet, entre 4h et 8h (ce qui n'est pas le cas en soirée).
 
     Nous sommes encouragés dans notre hypothèse ci-dessus par le fait qu'en Grande-Bretagne, il ne se prend pratiquement pas de saumons à la mouche sèche. Dans cette contrée, il n'y a pas d'écart significatif entre la température de l'eau durant la nuit et celle durant le jour dans les rivières. Serait-ce cette absence d'élévation de température dans les rivières de Grande-Bretagne qui empêcherait le saumon de bien prendre la mouche sèche? Ou serait-ce, comme le prétendent certains, que les saumoniers britanniques ne sont pas assez intéressés à pêcher à la mouche sèche? ...

D- LA GROSSEUR DE LA MOUCHE

     Maintenant que nous avons vu comment choisir entre la mouche noyée et la mouche sèche, il nous faut décider quelle sera la grosseur de la mouche que nous présenterons à Salar. Les raisons de varier la grosseur sont différentes pour la mouche noyée et la mouche sèche.

MOUCHE NOYÉE

LA GROSSEUR DE LA MOUCHE
     La mouche noyée doit être assez grosse pour caler à une profondeur de quelques centimètres (pouces) sous le film de l'eau, et ce, instantanément en touchant l'eau (pour qu'elle soit vue immédiatement par Salar). Pour atteindre la profondeur désirée, cette mouche devra avoir un poids suffisant (tout dépendant, bien sûr, de la rapidité de l'eau); ce poids dépendra, la plupart du temps, de celui de l'hameçon utilisé dans le montage de la mouche, mais aussi d'autres facteurs (matériaux enroulés autour de la hampe de l'hameçon, comme les lamés plats vernis, les ailes en plumes et les ailes en poils plus ou moins gamies.).
 
     L'hameçon a de l'importance par rapport à la grosseur de la mouche noyée. Plus l'hameçon est long, plus la mouche a des chances d'être pesante. Un hameçon double est généralement plus pesant qu'un hameçon simple. Mais, méfiez-vous: des hameçons de même grosseur, de même longueur, fabriqués par des compagnies différentes, peuvent avoir une pesanteur différente (ex. : les hameçons de la compagnie Partridge sont plus pesants que ceux de la compagnie Mustad).
 
     Donc, le choix de la grosseur de la mouche dépend, entre autres, des conditions d'eau. Lorsque l'eau est haute et froide, en début de saison, il est préférable d'employer de grosses mouches. Cette grosseur pourra aussi varier selon la grosseur de la rivière dans laquelle vous pêcherez: ainsi, pour des rivières comme la Dartmouth ou la Grande-Trinité, une mouche montée sur un hameçon double no 2 ou no 4 sera considérée comme une grosse mouche; par contre, des mouches de ces grosseurs-là, à ce moment-là de la saison, sur les rivières Ristigouche, Matapédia ou Moïsie, seraient des petites mouches (les mouches à utiliser là étant celles montées sur des hameçons simples no 3/0, no 4/0 ou no 5/0).
 
     Si vous pêchez en utilisant une soie calante ou à bout calant, la mouche pourra être un peu plus petite puisque c'est la soie qui la rapprochera de Salar et la rendra ainsi plus visible.
 
     Plus la saison de pêche progressera, à mesure que l'eau baissera, plus vous rapetisserez la grosseur de la mouche noyée. Et, lorsque l'eau deviendra vraiment basse (en période d'étiage), il vous arrivera de leurrer le saumon avec des mouches montées sur des hameçons no 10, no 12 et même plus petits.
 
     Comme nous l'avons souligné antérieurement dans ce livre, il vous faudra juger du choix de la mouche par rapport à la vitesse du courant. Ainsi, dans des eaux rapides, la mouche devrait généralement être plus grosse; plus l'eau deviendra lente, plus vous devrez diminuer la grosseur de la mouche que vous emploierez. Ainsi, vous pourrez commencer à pêcher à la tête d'une fosse avec une mouche no 6 et changer de mouche en cours de descente (ex.: employer une mouche no 8, au milieu de la fosse) pour terminer la pêche, en queue de fosse, avec une mouche no 10.
 
     Pour bien faire comprendre ce qui précède, laissons Gilles Aubert nous raconter l'anecdote suivante. «Je pêchais, durant un après-midi de juin, dans la fosse Home Pool de la rivière Saint-Jean, en Gaspésie, sous l'oeil attentif de mon épouse et de mes enfants. J'avais attaché à mon bas de ligne une Grey Rat montée sur un hameçon double no8; au quart de la fosse, où l'eau était rapide, je vis un saumon suivre ma mouche, sans y toucher. Après quelques minutes d'attente, je répétai mon lancer au même endroit: j'aperçus encore le même saumon suivre ma mouche, toujours sans y toucher. Je changeai la grosseur de la mouche, en ayant soin de conserver le même modèle: une Grey Rat sur hameçon double no 6. Salar suivit aussi cette mouche-là, mais ne la prit pas. Je crois que la mouche voyageait trop vite. Je sortis de l'eau pour laisser «reposer» la fosse et j'en profitai pour attacher à mon bas de ligne une Grey Rat montée sur un hameçon double no 4. Pendant ce temps-là, un pêcheur pénétra dans la fosse et je reconnus Mme Louise Agar, de Montréal, saumonière bien connue en Gaspésie et qui possède une technique de pêche remarquable. Elle attacha une mouche montée sur un hameçon no 4 et commença à balayer la fosse. Je dis à mon épouse que j'étais assuré qu'elle attraperait le saumon, car elle avait une mouche de la grosseur de celle que je désirais employer. À l'endroit même où le saumon avait suivi ma mouche, ce dernier fit de même et capta celle de Mme Agar. Résultat? Une demi-heure plus tard, Mme Agar avait ramené un saumon pesant quelque 4.5 kg (une dizaine de livres) sur la berge! Vous pouvez être certain que mon épouse était fière: une femme venait de «faire la barbe» à un homme. Et les femmes continuent à parler de ... sexisme!»
 
     Après une pluie diluvienne, lorsque l'eau sera couleur «café au lait», il sera préférable de grossir la mouche afin que Salar la voit mieux. Il serait aussi souhaitable d'utiliser une soie calante ou une soie flottante à bout calant.
 
     Bien entendu, il peut y avoir des exceptions aux généralités exposées ci-dessus, étant donné que le saumon est un être imprévisible. Ainsi, si aucun saumon n'a bougé après que vous ayiez essayé tous les modèles auxquels vous avez confiance, il serait peut-être opportun de présenter à Salar, par exemple, une grosse mouche de genre streamer et de ratisser rapidement la fosse (en ramenant la soie par saccades vers vous à chacun de vos lancers: en «strippant» la soie, comme disent certains saumoniers). C'est ce que fait souvent Me Roger Pelletier, de Sainte-Anne-des-Monts : il présente à Salar une grosse touffe de poils d'orignal (baptisée Le Gros Boeuf); il s'agit simplement d'une pincée de poils d'orignal attachés en collerette par un noeud solide, immédiatement derrière l'oeil d'un hameçon double. Plus d'une fois Salar s'est fait prendre ainsi.
 
     N'ayez crainte, en période d'étiage, de rapetisser la mouche utilisée. En plus, il serait sage d'allonger votre bas de ligne et d'utiliser des hameçons même très petits (à la condition qu'ils soient de bonne qualité). Informez-vous auprès de Romain Boivin, de Charlesbourg, le président fondateur de l'A.P.S.S.Q. (Association des pêcheurs sportifs de saumons du Québec, Inc.), qui pêche les gros saumons de la rivière Moïsie depuis de nombreuses années: il vous racontera que beaucoup de saumons sont capturés avec des mouches entièrement noires (baptisées Black Moïsie) montées sur des hameçons doubles no 12 (corps en soie floche noire, une pincée de poils de queue d'écureuil noir attachée en collerette derrière la tête). Boivin en a même capturé un pesant 16,8 kg (37 lb) avec une telle mouche! Avec d'aussi petites mouches, vous devrez être d'une extrême «politesse»; vous devrez être expert dans la manière de «jouer» votre saumon pour l'approcher de vous, car la mouche aura tendance à se décrocher de la gueule de votre prise si vous forcez le combat.
 
     Vous pourrez aussi utiliser des mouches montées sur des hameçons spécialement conçus pour la pêche en période d'étiage (low water books). Ces hameçons, faits d'un fil de fer de diamètre plus petit que la normale pour le montage des mouches noyées et dont la hampe est plus longue, peuvent servir à monter des mouches minuscules (ex.: une mouche qu'on monterait normalement sur un hameçon à mouche noyée no 10, pourrait être montée sur un hameçon «low water» no 4 ou no 6).
 
     Tard en saison, n'hésitez pas à grossir votre mouche: on revient presque aux mêmes conditions de pêche qu'en début de saison et le saumon aime généralement, à ce moment là, attaquer une telle mouche.

HAMEçons simples ou doubles

     Sujet très controversé, s'il en est un, qui fait souvent partie des conversations des saumoniers. Certains ne jureront que par les mouches montées sur des hameçons doubles, tandis que les autres ne voudront que des mouches sur hameçons simples. Certains témoigneront que plus de saumons sont perdus par des pêcheurs utilisant des mouches montées sur des hameçons doubles, tandis que d'autres seront prêts à témoigner du contraire. Nous croyons que des pêcheurs perdent autant de saumons en employant des mouches montées sur les deux genres d'hameçons. Notre goût, c'est d'utiliser des mouches montées sur des hameçons simples, pour ce qui est des grosseurs 1/0 à 5/0, parce qu'elles sont plus faciles à lancer et qu'elles font moins de bruit lorsqu'elles tombent dans la fosse. Pour les mouches des autres grosseurs, nous utilisons des hameçons doubles: la mouche semble mieux nager (garde mieux son équilibre, ne se présente pas sur le flanc). Quoi qu'il en soit de votre choix, n'oubliez jamais de bien affûter les pointes de vos hameçons pour que votre mouche pénètre bien dans la gueule du saumon.

Mouche Sèche

     La grosseur de la mouche sèche dépend de la forme qu'elle a et cette forme-là est donnée par la grosseur de l'hameçon employé dans son montage. Ce que nous voulons dire, c'est que, pour un même modèle de mouche sèche, l'une montée sur un hameçon no 2 est plus grosse que l'autre montée sur un hameçon no 10.
 
     Les hameçons fabriqués pour le montage des mouches sèches sont habituellement faits d'un fil de fer de diamètre plus petit, pour donner à la mouche plus de légèreté et de flottabilité.
 
     Le choix d'une mouche sèche ne semble pas être un casse- tête pour la grande majorité des saumoniers: ils pêchent avec des sèches montées sur des hameçons no 2 et no 4. Toutefois, nous croyons que vous aurez avantage à varier la grosseur de la mouche sèche.
 
     Généralement, nous aimons bien aborder une fosse avec une sèche no 2 (quelques fois no 4); si Salar ne prend pas immédiatement cette grosse sèche, bien souvent il montrera des signes d'intérêt (il bougera la caudale, il avancera, il reculera ou bien il lèvera vers la mouche sans la prendre, etc.). Après des essais avec de grosses mouches, nous ne craignons pas d'en venir à l'utilisation de toutes petites mouches sèches; dans ce dernier cas, notre préférence va vers des mouches montées sur des hameçons no 8 ou no 10. Un conseil: si vous employez des petites mouches sèches (surtout celles montées sur des hameçons no 10 ou plus petits), essayez de retrouver des hameçons dont l'écart entre la pointe et la hampe est plus large que la normale, car il faut admettre qu'il est difficile de piquer et de garder un saumon avec de très petites mouches sèches. Si vous êtes incrédule quant à la possibilité de prendre de gros saumons avec de très petites mouches sèches, permettez-nous de vous citer quelques faits. Ainsi, il existe un groupe restreint de saumoniers, qui s'identifient comme des membres du «Club des 16/20», dont le plaisir consiste à prendre des saumons pesant plus de 20 Ib (9 kg) avec des mouches sèches montées sur des hameçons no 16 ... ou plus petits! Seulement quelques rares personnes peuvent se vanter d'un tel exploit.                                      

    Les biologistes Gilles Shooner (Loretteville), Gaétan Hayeur (Montréal) et Robert Joyal (Boucherville), anciens propriétaires de la Pourvoirie du Cerf-Sau Inc. (sur la rivière Chaloupe de l'île d'Anticosti), ont posé un défi de taille aux saumoniers.lls ont créé le «Club Cerf-Sau Anticosti 4-8-16 Enr.» : pour devenir membre de ce club sélect, vous deviez capturer un saumon pesant 8 Ib et plus (3,6 kg), avec une mouche sèche montée sur un hameçon no 160u plus petit, attachée au bout d'un bas de ligne d'une résistance de 1,8 kg (4 lb) au maximum! L'exploit devait être réalisé durant le mois d'août, lorsque l'eau est basse, claire et chaude et lorsque les saumons sont capricieux. En juillet 1984, en notre compagnie, Paul Shooner (de Pierreville) a récolté un saumon pesant plus de 2,7 kg (6 lb) dans la rivière Chaloupe, à l'aide d'une mouche à truites Black Gnat montée sur un hameçon no 14. En août 1986, lors de notre passage sur la Chaloupe, Lee Wulff a piqué plusieurs saumons avec des midges montées sur des hameçons no 28.
 
     Pour sa part, Gilles Aubert se souvient, entre autres, d'un saumon de 5,5 kg (une douzaine de livres), pris sur la Dartmouth à l'aide d'une mouche sèche à truites, de modèle Royal Coachman, montée sur un hameçon no 14. «Vous pouvez vous imaginer que ce n'est pas une mince affaire que d'amener un tel poisson avec une aussi petite mouche ; j'ai dû être «poli», jouer de finesse et avoir beaucoup de chance ...», rappelle-t-il.

E- LA CONSTRUCTION DE LA MOUCHE

     Après avoir choisi le type de mouche à employer (noyée ou sèche), après avoir décidé de sa grosseur, il nous faut maintenant regarder les composantes de cette mouche (les matériaux qui entrent dans son montage). Malheureusement, la plupart des saumoniers ne portent pas assez attention à l'importance des composantes de leurs mouches.

Mouche noyée

LA CONSTRUCTION DE LA MOUCHE
     Le mouvement des ailes dans l'eau, des hackles de gorge, des hackles de corps, du corps lui-même est un élément important du faisceau de stimuli qui peut éventuellement déclencher l'attaque de Salar.
 
     Dans l'ensemble, il faut que la parure de vos mouches soit la plus légère possible: Salar semble préférer la simplicité à la complexité. La mouche trop parée (celle qui comporte une trop épaisse couche de matériaux) aura tendance à mal se présenter au saumon, à mal dériver dans le courant et peut- être même à patiner près de la surface en créant un sillon (à «dragger»). Ce qui faisait dire à feue Mme Carmelle Bigaouette, de Maria en Gaspésie, l'une des plus célèbres monteuses de mouches d'Amérique du Nord, que le saumon boude, en été, une «mouche habillée pour l'hiver»; le neveu de Mme Bigaouette, Marc Leblanc, originaire de Maria et aussi célèbre monteur de mouches à saumons et guide pour la pêche, dit qu'une mouche est «plus attirante en bikini que recouverte d'un capot de chat»... Si vous ne fabriquez pas personnellement vos mouches, essayez de trouver sur le marché des mouches montées par des artisans qui pratiquent eux-mêmes la pêche du saumon et qui savent l'importance de ne pas surcharger les mouches.
 
     Généralement, le corps de la mouche est fait en soie pure, en soie floche, en lamé, en laine, en fourrure, etc. Il ne faut pas craindre d'expérimenter l'utilisation de matériaux nouveaux, originaux, modemes dans la construction des corps des mouches noyées.
 
     On néglige souvent l'importance de la gorge d'une mouche à saumons. Disons, au départ, que les hackles servant à son montage doivent être souples. Il ne sert donc à rien de se servir de plumes de haute qualité (plumes de selle de coq, rigides) pour faire la gorge ou la collerette d'une mouche noyée à saumons. Bien au contraire, ceux qui fabriquent leurs propres mouches noyées à saumons recherchent des hackles de la moins bonne qualité (plumes de cou de poule, molles et dont les fibres comportent une forte proportion de duvet ou «web »).
 
     Les mouches dont l'aile est en plumes sont plus dispendieuses à l'achat, à cause de la rareté des matériaux et de la difficulté du montage. L'aile en plumes a plus tendance à coller sur la hampe de l'hameçon: les plumes de l'aile se «soudent», ce qui donne moins de mouvement à la mouche et rend cette dernière plus opaque. Les mouches à aile en plumes ne s'immergent généralement pas immédiatement lorsqu'elles touchent l'eau et, pour les alourdir, il faut habituellement employer un hameçon plus gros que celui qu'on utiliserait si l'on pêchait avec une mouche à aile en poils. Notre expérience nous porte à croire que les mouches à aile en plumes sont plus souvent boudées par Salar que les mouches à aile en poils.
 
     Les mouches à aile en poils sont bien souvent plus solides que celles à aile en plumes, à cause de la nature même du matériel. Les poils sont aussi plus mobiles que les plumes, parce que chaque poil est indépendant de son voisin; cette indépendance confère à l'aile en poils une plus grande translucidité. Une mouche à aile en poils offre moins de résistance à l'air et facilite les lancers; elle s'immerge beaucoup plus rapidement dans l'eau, à la condition que l'aile ne soit pas surchargée. Les saumoniers d'expérience apprécient beaucoup les mouches aux ailes... chauves!

MOUCHE SÈCHE

     La flottabilité de la mouche sèche est l'une des ses caractéristiques essentielles. Pour obtenir cette portance sur l'eau, il faut que la mouche sèche soit construite avec des hackles de très bonne qualité (si l'on veut qu'elle porte haut). Parfois, il arrive que Salar préférera une sèche qui crève le film de l'eau: dans ce cas, les hackles pourront être de qualité inférieure ou moins nombreux.
 
     Dans la construction des mouches sèches de la série des Wulff, l'emploi de hackles de bonne qualité est important. Mais, lorsqu'il s'agit de mouches dont le corps est en poils creux, (poils de chevreuil, poils de caribou), la qualité des hackles prend généralement moins d'importance. Méfiez-vous des corps en poils creux trop serrés, trop durs: les poils creux trop comprimés les uns sur les autres ne sont plus… creux et ils perdent leur flottabilité.

F- LA COULEUR

     Ce n'est pas tout de choisir le type de mouche (noyée ou sèche) ou sa grosseur (taille, dimension, pesanteur); ce n'est pas tout d'analyser sa construction (quantité et qualité des matériaux): il faut maintenant choisir sa couleur. Mais, puisque cette couleur s'adresse à l'oeil de Salar, nous vous invitons à relire attentivement la partie du premier chapitre se rapportant à la vision.
 
     Même si le saumon distingue les couleurs, nous vous rappelons qu'il réagit plus au mouvement de la mouche qu'à sa couleur. Le mouvement de la mouche nous apparaît un élément essentiel du faisceau de stimuli qui incitera Salar à attaquer cette mouche; si l'objet ne bouge pas, le saumon ne le verra peut-être même pas! La vitesse du déplacement de la mouche dans le champ visuel du saumon est particulièrement importante.
 
     Il va sans dire que la perception que le saumon aura de la couleur de votre mouche sera plus ou moins aiguë selon la luminosité ambiante, la turbidité et la hauteur de l'eau, ainsi que la profondeur à laquelle le saumon a établi son repaire.

Mouche noyée

LA COULEUR de la mouche
     Comme nous le disait François de B. Gourdeau, c'est Salar qui a le dernier rnot puisque, en définitive, c'est lui qui «choisit» la mouche ...
 
     Mais, compte tenu de ce qui a été dit antérieurement, en tenant compte de nos observations sur le terrain et des échanges d'idées avec de vieux saumoniers, nous pouvons avancer les hypothèses suivantes.
 
     Chez les saumoniers, il existe un vieil adage, qui a une certaine valeur: des mouches claires par temps clair, des mouches foncées par temps sombre. Mais nous savons maintenant que le saumon discerne les couleurs, de jour, et que son discernement est tributaire de la turbidité de l'eau. Il faut que Salar voie très bien la mouche (qu'elle lui soit bien présentée, à la bonne profondeur, au bon angle, à la vitesse désirée et qu'elle ait le mouvement idéal).
 
     Lors de journées ensoleillées, quand l'eau est claire, les mouches claires (aux couleurs vives, certes, mais judicieusement dosées et rehaussées de fil lamé approprié) devraient être utilisées (ex.: Silver Rat, Rusty Rat, Cosseboom, L'lnconnue). Si la lumière du jour est «argentée» (ce qu'on appelle un soleil de plomb), il serait souhaitable de retrouver dans la mouche utilisée des éléments argentés (ex.: Cosseboom, Silver Rat); lorsque la couleur du jour est plutôt «dorée» (ce qu'on appelle un soleil radieux), ce sont évidemment des éléments dorés qu'il faut retrouver dans les composantes de la mouche (ex.: Rusty Rat). Lorsque nous parlons d'éléments argentés ou dorés, nous pensons ici surtout au fil lamé (ferret, côtes, corps). Nous vous recommandons aussi, par temps ensoleillé, d'utiliser des mouches ayant un corps complètement en lamé: elles sont plus productives, le soleil les faisant scintiller (ex.: Silver Rat, Magog Smelt). Nous avons remarqué que l'utilisation de mouches noires ou très foncées, lorsque le soleil est haut à l'horizon et pleins feux, est peu productive. Ces mouches, à notre opinion, sont trop contrastantes. Lorsque les eaux d'une rivière sont brouillées, les couleurs du spectre lumineux qui ont le plus de chances d'être remarquées par Salar sont le jaune, l'orange et le rouge (ex. : Mickey Finn). Mais, n'abandonnez pas la partie avant d'avoir essayé une Magog Smelt ou des mouches presque noires ou toutes noires (ex.: Black Dose, Blue Charm, Skunk).

Black Dose, Blue Charm
     Lorsque le temps est sombre, lorsque le soleil n'est pas apparent (gros nuages foncés, lourds), la mouche que vous utiliserez doit être bien vue par le saumon. Si l'eau est alors claire, le saumon discerne encore bien les couleurs; mais c'est le temps d'employer des mouches dont le corps est fait en dubbing ou dont l'aile est plus volumineuse, plus«costaude». Car, dans ce cas, la mouche doit bien se détacher contre  le ciel assombri. L'utilisation des mouches dont le corps est complètement en lamé est nettement moins efficace par temps sombre, puisque l'utilité du lamé est de jouer le rôle d'un miroir et de réfléchir les rayons du soleil. N'hésitez pas alors à employer des mouches foncées, noires (ex. :Black Dose, Blue Charm). Toujours par temps sombre, mais lorsque l'eau est brouillée, il faut augmenter la taille de la mouche et favoriser les modèles qui ont de la brillance; le jaune et l'orangé fluorescent seront alors les couleurs préférées et, dans ce cas, il est opportun d'utiliser une mouche plus costaude, à aile plus fournie, plus opaque (ex.: grosse Mickey Finn).
 
     À l'aube et au crépuscule, très tôt le matin et très tard en soirée, la mouche doit bien se détacher sur le ciel très peu éclairé. C'est le moment où les bâtonnets agissent à la place des cônes dans l'oeil de Salar: le saumon ne discerne pas les couleurs, mais les contrastes. C'est alors qu'il faut rechercher des mouches comportant du noir et/ou du blanc (ex.: Skunk, Butterfly, Black Dose); et peut-être aussi des mouches aux couleurs vives et très contrastantes (ex.: Mickey Finn).

mouche sèche

     Le regretté Ovila LeFrançois, de Saint-René-de-Matane, nous soulignait que le vieil adage: «Temps clair, mouche claire; temps sombre, mouche sombre», s'était admirablement bien vérifié au cours de ses expériences nombreuses de pêche du saumon à la sèche. Ainsi, par temps clair, LeFrançois pêchait avec une mouche dont le corps était blanc et autour duquel était enroulé des hackles «grizzly» ; lorsque le temps était couvert, il attachait un Bombardier brun à son bas de ligne.
 
     Il ne vous faudrait peut-être pas négliger d'utiliser des mouches sèches d'autres couleurs: rouge, vert, jaune, etc. Prenez le cas de la Canuel Magnum, inventée par René Canuel, de Matane: cette mouche a leurré une multitude de saumons, non seulement sur la rivière Matane, mais ailleurs (montée comme un Oiseau, cette mouche a une queue et deux ailes en poils blancs de queue de veau, un corps en poils de caribou teints vert foncé et entouré de deux ou trois hackles badger ou crème).
 
     Une année, en pêchant dans la rivière Dartmouth, Gilles Aubert a pris quelques saumons en utilisant un Bombardier Vert; remarquez bien que, l'année suivante, les saumons de la même rivière ne voulaient plus rien savoir de cette mouche là: ce qu'ils préféraient, cette fois-là, c'était un Bombardier Jaune que Gilles avait inventé. Lorsque Gilles a pêché au pied des Big Falls de la rivière Humber, à Terre-Neuve, son guide Vaughan Cross lui fit découvrir la Orange Bug (quelques poils de queue d'écureuil gris pour la queue, un corps en poils de caribou rasés et trois tours d'un hackle orange autour du corps). Cross lui certifia que près de 90 pour 1 00 des prises faites à la mouche sèche sur la Humber étaient dus à la Orange Bug (quelles que soient la hauteur de l'eau, sa clarté et sa température); précisons que le saumon attaquera surtout la sèche lorsque l'eau est claire ou légèrement teintée et qu'il est plutôt rare qu'il s'élancera sur une sèche si l'eau est sale.

G- LES MODÈLES

     Nous en arrivons maintenant au choix des modèles de mouches à employer. Pour bien des saumoniers, le choix d'un modèle précis a une importance capitale: pas pour nous. Nous ne vous le répéterons jamais assez: les choix à poser sont, DANS L'ORDRE, les suivants: d'abord le type de mouche à utiliser (noyée ou sèche), ensuite la grosseur de cette mouche (taille, dimension, pesanteur), puis sa construction (quantité et qualité des matériaux), suivie de sa couleur; ENFIN SEULEMENT, MAIS EN TOUT DERNIER LIEU, le modèle précis.
 
     Des modèles de mouches à saumons, il en existe des milliers ... à part les modèles personnels ou secrets qui sont inconnus du grand public: nous en avons essayé des centaines, selon notre fantaisie et l'inspiration du moment; nous en avons inventé un grand nombre, qui ont pris des saumons. Nous savons que les saumoniers du Québec, qui sont parmi les meilleurs au monde et qui ont l'esprit inventif, ont créé des centaines, voire des milliers de modèles de mouches, qui ont donné le bon «signal» à des saumons prêts à attaquer.
 
     Mais nous nous sommes rendu compte, au fil des ans, qu'il n'est pas obligatoire d'emporter des sacoches pleines de boîtes de mouches pour leurrer Salar. Nous avons fini par comprendre qu'un saumonier peut très bien se débrouiller s'il utilise SEULEMENT UNE DOUZAINE DE MODÈLES DE MOUCHES!
 
     C'est pourquoi nous vous proposons cette sélection de base (par ordre alphabétique) : Black Dose, Blue Charm, Butterfly, Cosseboom, Magog Smelt, Mickey Finn, L'Inconnue, Rusty Rat, Silver Rat, Skunk, ainsi que L'Oiseau Blanc et L'Oiseau Brun.
 
     Si vous partez à la pêche avec des mouches de ces modèles (quelques mouches de même modèle montées sur des hameçons de différentes grosseurs) et si vous employez la bonne technique de pêche, vous prendrez «contact» avec Salar.
 
     Mais, de grâce, continuez d'utiliser d'autres modèles de mouches, continuez d'en inventer! Ce qui fait le charme indéfinissable de la pêche du saumon, c'est qu'il n'existe pas de formule infaillible. D'ailleurs, s'il en était autrement, ça ne serait plus du sport ...
 
     Et pour ceux qui croient que le modèle de la mouche a une importance capitale, laissez-nous vous raconter comment Gilles Aubert a eu une «touche», dans une fosse de la rivière Bonaventure, à l'aide d'une mouche bien ... particulière. En effet, il a senti un saumon mordre sa toute petite mouche (montée sur un hameçon no 12), mais le saumon ne s'est pas piqué: Gilles a alors ramené sa soie pour vérifier sa mouche. Quelle ne fut pas sa surprise de constater qu'il ne restait que la hampe complètement dégarnie! La mouche avait été cassée et déshabillée sur des roches de la berge, ce qui n'avait pas empêché Salar d'y porter de l'intérêt. Pour le lancer suivant, Gilles utilisa une autre toute petite mouche et prit le saumon. Maintenant, il se demande s'il vaut vraiment la peine de monter des mouches sur ses hameçons ...
 
     Nous nous interrogeons sérieusement à propos de l'obligation, pour un saumonier qui monte ses propres mouches, de respecter intégralement la version originale d'une mouche telle que décrite par son inventeur. En effet, est-il bien essentiel de construire l'aile d'une mouche avec 15 poils au lieu de 25? Est-il bien obligatoire que la queue soit une plume de crête de faisan doré, au lieu de quelques fibres d'une plume teinte en jaune? Est-ce bien nécessaire qu'une mouche à saumons ait une queue? Vous voyez où nous voulons en venir: il y a des mouches qui sont montées pour la participation à des concours ou à des expositions, pour faire des cadeaux ou pour être encadrées; tandis qu'il yen a d'autres qui vont... à la pêche! Rien ne vous empêche de respecter la construction de la version originale de la mouche proposée par l'inventeur: il en sera bien fier, surtout si vous le connaissez!

MONTAGE DES MOUCHES À SAUMONS PROPOSÉES

    NOTE DES AUTEURS: Pour le montage des mouches noyées, nous suggérons aux monteurs d'utiliser des hameçons de marque Partridge (simples pour les no 2 et plus gros, doubles pour les no 4 à no 12); ces hameçons, faits à la main, sont plus solides, plus lourds et se présentent mieux aux saumons. Nous ne saurions trop recommander des ailes très peu fou mies et ne dépassant pas la courbure de l'hameçon, ce qui donne une certaine translucidité à la mouche, lui permet de mieux caler dans l'eau et empêche les «tirettes» des saumons. La tête doit toujours être la plus petite possible, pour que la mouche offre moins de résistance au courant, ce qui est facilité par l'emploi de fil de montage «Fil Uni No 8/0»; de plus, elle ne doit jamais être trop près de l'oeil de l'hameçon, pour ne pas qu'elle soit endommagée par le bas de ligne qu'on y attache. Dans la description du montage de chacune des mouches, vous remarquerez peut-être des écarts avec les parures proposées dans les livres les plus connus: mais, les agencements decouleurs que nous avons utilisés dans nos montages nous semblent, à l'expérience, les meilleurs.

black dose

black dose
Ferret: fil lamé argent ovale fin.
Bout: soie de couleur jaune canari.
Queue: plume de huppe de faisan doré, recouverte à moitié par des barbes de plume d'oie teinte rouge.
Corps: soie floche noire.
Côtes: fil lamé argent ovale fin.
Base de l'aile: 3 ou 4 fibres de sabres de paon.
Aile: très peu de poils d'ours noir.
Hackle: plume de cou de poule teinte noire, en collerette.
Tête: noire.

N.B. - La « Black Dose » est utilisée, de préférence, le matin ou le soir, ou bien par temps sombre, couvert et pluvieux.

blue charm

blue charm
Ferret: fil lamé argent ovale fin.
Bout: soie de couleur jaune canari.
Queue: plume de huppe de faisan doré.
Corps: soie floche noire.
Côtes: fil lamé argent ovale fin.
Aile: poils de queue d'écureuil gris.
Hackle: plume de cou de poule teinte bleu foncé, en jabot.
Tête: noire.

N.B. - La « Blue Charm » s'emploie par temps sombre, couvert et pluvieux.

butterfly

butterfly
Bout: soie floche de couleur orangé fluorescent.
Queue: poils d'une queue de chevreuil teinte de couleur orangé fluorescent.
Corps: fibres de plume de paon (choisies le plus près possible de l'oeil) enroulées autour de la hampe de l'hameçon.
Ailes: poils de chèvre blanche, de la même longueur que le corps séparés en deux parties égales, ces demières (écartées dans un angle de 45° et élevées dans un angle de 45°).
Hackle: plume de cou de poule brune (enroulée comme pour le montage d'une mouche sèche).
Tête: noire.

N.B. - On l'emploie dans des eaux foncées ou ferrugineuses, comme celles de plusieurs rivières de la Côte-Nord.

cosseboom

cosseboom
Ferret: fil lamé argent ovale fin.
Queue: soie floche de couleur vert irlandais.
Corps: soie floche de couleur vert.irlandais.
Côtes: lamé argent plat embossé.
Aile: poils de queue d'écureuil gris.
Hackle: plume de cou de poule teinte jaune canari, en collerette.
Tête: soie Pearsall rouge.

N.B. - La «Cosseboorn» est la mouche qu'on lance dans toutes les eaux, particulièrement dans les eaux foncées ou à teinte verdâtre.

l'inconnue

l'inconnu
Ferret: fil lamé doré ovale fin.
Bout: soie jaune (teinte vieil or).
Corps: chenille de couleur vert irlandais.
Côtes: fil lamé doré ovale.
Aile: poils d'une queue d'écureuil gris-teinte vert irlandais.
Coiffe: plume de huppe de faisan doré.
Hackle: plume de cou de poule teinte bleu foncé, en jabot.
Tête: noire.

N.B. - « L'Inconnue », une création de Gilles Aubert, doit être utilisée dans des eaux claires, en période d'étiage, montée de préférence sur de petits hameçons.

Silver Rat

silver rat
Ferret: fil lamé or ovale fin.
Queue: plume de huppe de faisan doré.
Corps: lamé argent plat.
Côtes: fil lamé or ovale fin.
Aile: poils de renard des Prairies (renard gris « grey fox »).
Hackle: plume de cou de poule de couleur grizzly, enroulée en collerette.
Tête: soie Pearsall rouge.

N.B. - La « Silver Rat », c'est une mouche pour les eaux claires, par temps ensoleillé.

Rusty Rat

rusty rat
Ferret: fil lamé or ovale fin.
Queue: 3 ou 4 fibres de sabres de paon.
Corps: moitié arrière: soie floche de couleur jaune canari.
Moitié avant: fibres de plumes de paon, enroulées autour de la hampe de l'hameçon.
Voile: à la jonction des deux moitiés du corps, un bout de soie de couleur jaune canari, recouvrant la moitié de la queue.
Côtes: fil lamé or ovale fin.
Aile: quelques poils de renards des prairies (renard gris ou « grey fox »).
Hackle: plume de cou de poule de couleur grizzly, enroulée en collerette.
Tête: soie Pearsall rouge.

N.B. - On peut utiliser la « Rusty Rat » en tout temps, surtout lorsque l'eau d'une rivière est claire.

magog smelt

magog smelt
Hameçon: Partridge type « Carries Stevens » ou Mustard no 9575.
Queue: une pincée de fibres d'une plume de flanc de sarcelle.
Corps: lamé argent plat.
Aile: une pincée de poils blancs d'une queue de chevreuil, une pincée de poils d'une queue de chevreuil teinte jaune canari par-dessus, puis une pincée de poils d'une queue de chevreuil teinte violet par-dessus.
Coiffe: quatre ou cinq fibres d'une plume de queue de paon.
Épaule: plumes de flanc de sarcelle, du tiers de la longueur de l'aile.
Hackle: une pincée de fibres d'une plume de cou de poule teinte rouge clair, posée en jabot.
Tête: noire.

Mickey Finn

mickey finn
Ferret: fil lamé argent ovale fin.
Corps: lamé argent plat.
Côtes: fil lamé argent ovale fin.
Aile: en trois parties égales: une pincée de poils d'une queue de chevreuil teinte jaune canari, une pincée de poils d'une queue de chevreuil teinte orangé fluorescent par-dessus, puis une pincée de poils d'une queue de chevreuil
teinte jaune canari au-dessus. L'aile doit être relativement volumineuse.
Tête: recouverte d'une laque de couleur orangé fluorescent.

N.B. - Cette version de la « Mickey Finn » une idée de Gilles Aubert, est productive lorsque utilisée dans des eaux brouillées et en crue.

Skunk

skunk
Ferret: fil lamé argent ovale fin.
Queue: plume de huppe de faisan doré.
Corps: soie floche noire.
Côtes: fil lamé argent ovale fin.
Aile: en deux parties égales: la base, en poils noirs de mouffette, le dessus, en poils blancs de mouffette.
Hackle: plume de cou de poule teinte noire.
Tête: noire.

N.B. - La « Skunk », on doit l'employer tôt, le matin, ou tard, le soir; ou bien durant une joumée de grosses pluies.

l'oiseau brun (sèche)

l'oiseau brun (sèche)
Hameçon: Mustad no 9575 ou Wilson.
Queue: poils d'une chèvre de montagne blanche de la longueur du corps.
Corps: poils bruns du corps d'un chevreuil taillés en forme de cigare, (2/3 sur le dessus, 1/3 dessous).
Hackle de corps: 2 plumes de selle de coq de couleur brune enroulée à la mode Palmer.
Ailes: poils blancs de queue de veau, divisés en deux parties égales écartés dans un angle de 45°, légèrement penchés vers l'avant.
Hackle de tête: trois plumes de selle de coq brun.
Tête: noire et minuscule.

l'oiseau blanc (sèche)

l'oiseau blanc (sèche)
Hameçon: Mustad no 9575 ou Wilson.
Queue: poils d'une chèvre de montagne blanche de la longueur du corps.
Corps: poils blancs d'un chevreuil ou d'un caribou, taillés en forme de cigare (2/3 sur le dessus, 1/3 dessous).
Hackle de corps: 2 plumes de selle blanches, enroulées à la mode Palmer.
Ailes: poils blancs de queue de veau, divisés en deux parties égales écartés dans un angle de 45°, légèrement penchés vers l'avant.
Hackle de tête: trois plumes de selle blanches.
Tête: noire et minuscule.
Page 5 sur 11