Chapitre V; Les Techniques de Pêche

LES TECHNIQUES DE PÊCHE
     Vous aurez beau posséder un équipement suffisant, connaître très bien les fosses de la rivière et les endroits où le saumon s'arrêtera dans ces fosses, puis choisir logiquement une mouche en fonction des conditions d'eau et de lumière: si vous employez une mauvaise technique de pêche, vos chances de ferrer Salar seront bien minces.
 
     Comme nous l'avons écrit dans le chapitre précédent, vous avez fait un choix entre une mouche noyée et une mouche sèche. Nous allons donc aborder les techniques de pêche de la même façon, puisqu'elles sont fonction du type de mouche employée.
 
     Toutefois, nous croyons qu'il pourrait tout d'abord être utile de passer en revue les principales notions du lancer de la mouche. Il est essentiel que vous sachiez manier efficacement votre canne et votre soie, afin de présenter la mouche de la bonne façon à Salar.

A- MANIÈRES DE LANCER

     Vous maîtriserez rapidement le lancer à la mouche si vous faites l'effort de bien comprendre la technique, si vous mettez le temps qu'il faut pour pratiquer et si vous avez la chance d'être guidé dans vos gestes par quelqu'un qui s'y connaît afin de corriger vos erreurs dès le début.

     Vous devrez absolument pratiquer le lancer pour parvenir à lancer la mouche sans difficulté. Cela vous permettra de faire une bonne présentation de la mouche et, partant, d'augmenter vos chances de ferrer Salar.

     Nous allons donc rappeler, à l'intention des saumoniers, quel que soit leur niveau de connaissance dans ce domaine-là, les rudiments du lancer à la mouche, afin qu'ils en perçoivent très bien la dynamique. Puis, nous traiterons d'autres façons de lancer, qu'il est parfois nécessaire de connaître pour obtenir du succès.

la tenue de la canne

LA TENUE DE LA CANNE
     La meilleure façon de tenir la canne à moucher, c'est de placer le pouce sur le dessus de la poignée de liège tout en la serrant fermement avec les doigts. De cette façon, vous exécuterez plus aisément les mouvements puisque le pouce agira comme support.

LE LANCER COMMUN

     Pour bien commencer, il est nécessaire de comprendre les mouvements de base et de les exécuter correctement par la suite. Le lancer commun consiste à arracher la soie de l'eau, à la propulser vers l'arrière et à la relancer devant vous, en maniant votre canne dans un axe vertical. Afin de faciliter l'apprentissage, l'utilisation d'environ 6 m (une vingtaine de pieds) de soie flottante suffit; à son extrémité, vous aurez attaché un bas de ligne et une mouche (ou un brin de laine). Décrivons chacune des étapes du lancer.

     Vous avez déposé la soie sur l'eau. Avant d'amorcer vraiment votre lancer, s'il ya du mou dans la soie, tendez cette dernière bien droit sur l'eau, en la ramenant un peu vers vous avec votre main gauche et pointez votre canne vers le bas.

le lancer de distance
    D'un mouvement de tout l'avant-bras droit (nous assumons ici que vous êtes droitier), soulevez brusquement la canne vers l'arrière pour projeter la soie dans les airs. Remarquez que la main gauche retient la soie tendue.

     Si vous faites correctement l'arraché, la soie sera facilement soulevée de l'eau. Si vous éprouvez des problèmes, à ce stade-ci, vous utilisez probablement une trop grande longueur de soie ou vous exécutez mal le mouvement.

     Votre avant-bras continue son mouvement vers l'arrière et s'arrête en position «1 h» environ. Ainsi, la soie voyage haut et risque moins de frapper un obstacle. Par exemple, si vous abaissez votre canne en position «3 h» (ce qui équivaut pratiquement à une position horizontale), votre soie voyagerait plus près de l'eau ou de la berge et la probabilité de toucher un obstacle serait plus grande. Ceux qui cassent régulièrement les pointes de leurs mouches sur les cailloux de la rive auraient avantage à soigner ce mouvement. Le meilleur moyen pour corriger ce défaut est de garder le poignet rigide, ce qui aide à bloquer la canne en position «1 h».

     Le temps pendant lequel votre canne restera en arrière est fonction de la longueur de la soie. Il faut que cette dernière ait le temps de s'étendre sur presque toute sa longueur. Seule la pratique fréquente du lancer permet de «sentir» lorsque la canne commence à subir la tension de la soie. Voilà le moment de ramener brusquement votre canne vers l'avant.

     Vous réalisez la deuxième étape du lancer en ramenant l'avant-bras vers l'avant. Notez que votre main gauche doit maintenir encore la soie tendue, ce qui permet à celle-ci d'exercer une tension sur la canne (par son poids) et ainsi de faciliter grandement l'exécution du lancer. La soie est bien tendue et se manie plus facilement avec la canne.

     Votre main gauche a, jusqu'ici, retenu la soie. Lorsque la canne atteint la position «10 h», votre main gauche libère la soie; la portion de la soie relâchée glisse dans les anneaux de la canne pour se déposer sur l'eau.

     En même temps, vous baissez plus lentement votre canne et l'arrêtez dans la même position qu'au point de départ. Si vous accomplissez bien tous les mouvements décrits ci- dessus, votre soie s'étendra bien droit sur la surface de l'eau. Si votre soie frappe l'eau violemment, c'est parce que vous avez trop abaissé votre canne. Pour déposer votre soie et, surtout, votre mouche en douceur, vous devez arrêter la canne parallèlement à l'eau.

le lancer de distance
     Si vous exécutez les mouvements décrits précédemment sur le même plan, il est probable que la mouche viendra frapper votre soie ou votre canne. Pour éviter ce problème, formez une ellipse lors de ces mouvements.           .

     Vous devez maîtriser parfaitement le lancer avec la longueur mentionnée de soie avant de tenter de lancer plus loin. Vous devez également acquérir de la précision avec vos lancers avant de passer à d'autres façons d'exécuter vos lancers.

     En fait, pour lancer de côté, vous reprenez les étapes décrites plus haut; cette fois, vous tenez votre canne non plus à la verticale, mais de côté (à votre droite ou à votre gauche), dans un angle prononcé (parfois presque à l'horizontale), ce qui permettra à votre soie d'éviter les obstacles ou bien de lutter efficacement contre un vent latéral.

LE LANCER DE DISTANCE

     Si vous désirez rejoindre un point éloigné de la fosse (par exemple: quelque 25 m – 80 pi), le lancer de distance est tout indiqué. Ce lancer consiste en une série de mouvements de la canne à la verticale (de «10» à «2 h » sans que la soie ne touche l'eau; la vitesse du déplacement de la soie est augmentée et une tension maximale est ainsi exercée sur la canne.

     Vous lancez d'abord votre soie vers l'avant, sans permettre à cette dernière de toucher l'eau. Remarquez que votre main gauche (celle qui retient la soie) se tient près de votre main droite.

    Vous propulsez votre soie vers l'arrière en ramenant l'avant-bras vers l'arrière; en même temps, votre main gauche tire sur la soie (remarquez que votre main gauche s'est éloignée de la droite). Ce geste a pour effet d'augmenter la tension que la soie exerce sur votre canne et, par conséquent, de permettre à cette dernière de projeter une plus grande longueur de soie.

     Vous arrêtez la canne dans son mouvement arrière à «2 h» environ, pendant les secondes nécessaires pour que la soie s'étende. Votre main gauche suit la soie, qui tire par en arrière, et s'arrête à la hauteur de votre main droite.

     Dès que la soie est presque étendue à l'arrière, amorcez le mouvement vers l'avant avec l'avant-bras; en même temps, votre main gauche tire sur la soie (remarquez que votre main gauche commence à s'éloigner de votre main droite).

le lancer roulé
     Quand la canne est en position «10 h» votre main gauche suit le mouvement de la soie vers l'avant et se rapproche de la droite.

     Amorcez de nouveau le mouvement vers l'arrière.

     Au départ du lancer de distance, une longueur de 12,2 à 15,2 m (40 à 50 pi) de soie environ doit voyager dans les airs. De plus, une réserve de 9,2 à 12,2 m (30 à 40 pi) de soie doit être sortie de votre moulinet et déposée sur la berge ou sur l'eau. Après trois ou quatre mouvements, la soie voyage rapidement; votre main gauche relâche alors la soie lors du mouvement vers l'avant et la réserve de soie glisse dans les anneaux.

LE LANCER ROULÉ

     Ce lancer vous sera utile lorsque des obstacles à l'arrière vous empêcheront de pratiquer le lancer commun.

     Vous avez étendu votre soie sur l'eau. Lentement, relevez la canne et portez-la en arrière, en position «1 h». Notez qu'au cours de cette première étape, votre main gauche n'a pas changé de position.

     Puis, d'un mouvement très brusque, ramenez votre canne vers l'avant. En même temps, votre main gauche tire sur la soie, afin d'exercer une tension supplémentaire sur la canne.

     Arrêtez le mouvement de votre canne vers l'avant lorsque cette dernière est parallèle à la surface. Votre soie finira de tourner pour aller déposer la mouche sur l'eau.

LE LANCER EN « S »

le lancer en S
     Vous utiliserez ce lancer lorsque vous voudrez faire dériver librement une sèche au gré du courant.

     Vous vous placez en amont ou en aval du saumon. Vous projetez votre soie devant vous et, tout juste avant qu'elle ne soit complètement étendue dans les airs, agitez votre canne de gauche à droite (lorsqu'elle descend) afin de créer des «S» dans la soie. Pendant tout ce temps, votre main gauche retient la soie, tout comme dans le cas du lancer commun. Si vous n'exagérez pas les mouvements de gauche à droite toute la soie sera en forme de «S», sauf le bout avant.

LE LANCER DÉPORTÉ

     Lorsque vous pêcherez à la mouche sèche et que vous serez placé perpendiculairement au saumon, vous voudrez lancer votre soie en amont de votre mouche, pour éviter que la soie n'entraîne la mouche à une vitesse excessive.

     Vous propulsez votre soie vers le saumon, la canne pointant vers la cible que vous désirez atteindre; lorsque la canne est environ à la position «10 h», vous la portez rapidement vers l'amont afin que la soie (encore dans les airs) soit déportée en amont.

     Lorsque vous pêcherez à la mouche noyée et que le courant situé près de vous aura un débit plus rapide que celui où vous vous voulez que votre mouche tombe à l'eau, vous aurez avantage à utiliser le lancer déporté.

     Vous pourrez employer le lancer déporté dans d'autres circonstances de pêche à la mouche noyée, que nous expliquerons dans les pages suivantes.

le lancer parachute
    En fait, le lancer déporté consiste à amender votre soie alors qu'elle est encore dans les airs, plutôt que d'attendre qu'elle soit à la surface de l'eau pour procéder à la correction. Plus loin, nous verrons comment amender la soie sur l'eau.

LE LANCER PARACHUTE

     Vous utiliserez le lancer parachute pour pêcher à la mouche sèche. Vous pourrez l'utiliser en pêchant vers l'amont, de côté ou vers l'aval.

    Voici les étapes du lancer parachute.

     Vous amorcez le lancer en dirigeant votre canne vers la cible à atteindre. Lorsque votre canne arrive à la position «11 h» environ, vous la stoppez, en retenant simultanément la soie avec votre main gauche. La mouche subit le contre-coup de cet arrêt brusque et tombe alors à l'eau, avant la soie. Dès que la mouche amorce sa descente vers l'eau, vous abaissez votre canne jusqu'à ce qu'elle soit parallèle à la surface de l'eau. Vous remarquerez que votre soie n'est pas tendue, ce qui permet à la mouche de dériver librement.

B- VITESSE DE LA MOUCHE

     Contrairement au cas de la pêche de la truite à la mouche, il n'est pas suffisant de bien savoir manier la canne et de lancer la mouche avec précision et délicatesse pour pêcher le saumon: il vous faut aussi savoir comment faire dériver votre mouche à la bonne vitesse dans le courant.
 
     La vitesse du déplacement de la mouche dans ou sur l'eau se définit difficilement, à cause de la difficulté de la mesurer. Cette mesure est une question d'instinct de la part du saurnonier; une question de feeling. C'est le même cas qui survient lorsqu'un chasseur d'oiseaux migrateurs doit tirer sur un gibier à plumes en vol: il doit évaluer la vitesse de l'oiseau, la vélocité du vent, l'angle de tir, la distance entre lui et la cible, tout cela dépendant de la jauge de son fusil, de l'étranglement du canon de l'arme, de la puissance de ses munitions et de la grosseur des plombs dans les cartouches! Vous comprenez facilement que le chasseur ne peut pas transporter un ordinateur dans sa cache pour procéder à ces calculs compliqués ... Ses décisions et ses mouvements instinctifs lui sont, en fait, dictés par l'expérience acquise. C'est de la même façon que le saumonier expérimenté réagit devant le courant de l'eau.
 
     C'est sûr que la mouche doit avoir un certain mouvement par rapport au saumon dans la fosse. Des recherches faites en France par Guy Thioulouse ont permis de constater que l'absence de mouvement ou la lenteur de déplacement d'un objet est insuffisante pour faire réagir Salar. Notre expérience, ajoutée à celle de plusieurs de nos amis saumoniers, nous permet de conclure de la même façon que Thioulouse.
 
     Une mouche sèche ou noyée qui dérive beaucoup trop lentement n'intéressera que rarement le saumon. Le déplacement de la mouche au-dessus du saumon, à une vitesse qui lui est agréable, représente un des éléments du faisceau de stimuli pouvant inciter Salar à attaquer la mouche.
 
     La mouche doit dériver le plus naturellement possible; cela signifie qu'elle se déplace à une vitesse à peu près égale à celle du courant.
 
     Toutefois, il y a des exceptions à cette règle. Il arrive parfois que le saumon se trouve dans un courant ultra lent: si vous lancez votre mouche dans ce courant lent, ce dernier empêchera votre mouche de travailler convenablement, c'est-à-dire de dériver à une vitesse assez élevée pour intéresser le saumon. Vous pourrez aussi connaître la situation inverse: un courant d'eau excessivement rapide entraînera la mouche d'une façon telle que le saumon ne pourra la saisir ou l'apercevoir. Même s'il a la possibilité de foncer comme l'éclair, le saumon se déplace généralement lentement pour prendre une mouche sèche ou noyée, ce que vous devez prendre en considération lorsque vous présentez votre mouche. Devant de telles situations, vous devrez utiliser la bonne manière de lancer, afin de rendre la mouche plus intéressante aux yeux de Salar.

C- TECHNIQUES DE PÊCHE À LA MOUCHE NOYÉE

TECHNIQUES DE PÊCHE À LA MOUCHE NOYÉE
     Pêcher Salar avec une mouche noyée est une technique employée depuis que la pêche sportive du saumon existe. Encore aujourd'hui, c'est la manière la plus utilisée, partout.
     L'avantage le plus évident de la pêche à la mouche noyée, c'est que vous pourrez la pratiquer durant toute la saison, peu importe les conditions d'eau et de température.

     La pêche du saumon à la mouche noyée consiste à faire dériver une mouche, généralement submergée dans 2,5 à 15cm d'eau (1 à 6 po), de travers dans le courant, de façon à ce que Salar l'aperçoive de côté.

     On pratique cette pêche à pied ou en canot. Habituellement, vous aborderez une fosse par la tête (début) et descendrez tranquillement jusqu'à la queue (fin).

     Il existe plusieurs manières de présenter la mouche en fonction de la vitesse du courant; nous allons maintenant les décrire.

MANIÈRES USUELLES DE PÊCHER

manières usuelles de pêcher
à 45°

     Il s'agit ici de lancer à un angle de 45° aval en travers du courant. C'est la méthode la plus régulièrement employée. La mouche ainsi présentée dérivera généralement dans la fosse à la vitesse du courant.

à 90°

     C'est un lancer perpendiculaire au sens du courant. Cette manière de présenter la mouche sera utile quand la vitesse du courant sera lente. De cette façon, la mouche se déplacera plus rapidement que le courant, puisque le courant forcera la soie à tirer sur la mouche.

à + ou - 30°

     Ce lancer vers l'aval, mais à angle fermé (+ ou - 30°) sera généralement nécessaire quand le courant descendra très vite. Plus l'angle du lancer sera fermé, moins le courant aura le temps de tirer sur la soie pour accélérer le déplacement de la mouche.

PRÉSENTATION DE LA MOUCHE NOYÉE

présentation de la mouche noyée
     Beaucoup de saumoniers croient, à tort, que la présentation de la mouche noyée à Salar se résume à son arrivée dans l'eau. Il n'en est rien. Nous croyons plutôt que la présentation de la mouche noyée signifie tout son déplacement, de l'arrivée de la mouche à l'eau jusqu'à l'arraché de la soie.

    La maîtrise du lancer joue un rôle capital en ce qui concerne le déplacement de la mouche. Afin de maximiser l'utilisation de la mouche, il importe qu'elle commence à travailler dès qu'elle s'enfonce dans l'eau. Pour ce faire, la soie et le bas de ligne devront s'étendre bien droit. De plus, pour que la mouche pénètre rapidement dans l'eau (ceci sera davantage nécessaire lorsque l'eau sera rapide), vous n'aurez qu'à relever légèrement le bout de votre canne à la fin du lancer et qu'à la baisser dès que la mouche touchera l'eau. Lorsque vous procéderez ainsi, le courant entraînera la mouche, lui imprimant immédiatement du mouvement.

    Si votre mouche tombe mal à l'eau et ne commence pas immédiatement son travail, n'arrachez pas votre soie de l'eau, mais laissez-lui plutôt continuer son voyage. Car vous risquez d'effrayer Salar par le bruit et le mouvement causés par un arraché prématuré.

     Finalement, il est très important que vous laissiez le temps à la mouche de bien finir sa dérive: il arrivera parfois qu'un saumon intéressé par la mouche ne la prenne pas durant les premiers moments de la dérive, mais la suive pour la saisir au moment où elle complète son trajet. Si vous arrachez trop tôt la soie de l'eau, ce geste pourra vous faire manquer la prise d'un saumon!

amendement de la position de la soie

AMENDEMENT DE LA POSITION DE LA SOIE
     Il vous est possible d'amender ou de corriger la position de la soie sur l'eau, autant de fois que vous le désirez durant une même dérive, pour augmenter ou réduire la vitesse du déplacement de la mouche. L'amendement peut être fait après un lancer à 45°, à 90° ou à + ou - 30°.

    Comment procéder à un amendement? Lorsque votre canne est parallèle à la surface de l'eau, vous la relevez prestement en gardant le bras allongé et vous déportez la soie vers l'amont ou l'aval; simultanément, votre main gauche ramène la soie vers vous. Si vous amendez la position de la soie vers l'amont, vous permettez à votre mouche de dériver librement avec le courant; par contre, un amendement vers l'aval accélérera la dérive de votre mouche.

MANIÈRES SPÉCIALES DE PÊCHER

     Ci-dessous, nous décrirons brièvement quelques manières spéciales de présenter la mouche noyée. Vous pourrez les employer sporadiquement, lorsque les méthodes conventionnelles ne fonctionneront pas.
Portland Hitch
Le « Portland Hitch »

     C'est une technique de pêche qui s'apparente à celle du 45°. La différence, par rapport à cette dernière, c'est que la mouche patine en surface tout au long de son trajet, en décrivant un «V». On obtient ce résultat en formant une boucle spéciale avec le bas de ligne derrière la tête de la mouche.

    Lee Wulff a popularisé cette manière de présenter la mouche après se l'être fait expliquer par Arthur Perry, un guide terre-neuvien qui pêchait dans la rivière Portland. Cette technique est employée en eau normale ou basse.

Le « Patent Fishing »

     On utilise aussi la technique du Patent Fishing en condition d'eau normale ou basse. Elle consiste à lancer une mouche noyée vers l'amont, à un angle de 45°, et à la laisser dériver dans le courant jusqu'à l'aval.

     La mouche se présente alors d'une manière différente; l'aile s'agite sous l'effet du mouvement de l'eau donnant ainsi à la mouche une allure toute particulière.

Récupération par saccades

     Cette manière consiste à récupérer la soie par coups au cours de sa dérive, en ramenant rapidement de 15 à 24cm (6 à 10 po) de soie à chaque coup, surtout lorsque le courant est presque nul, pour donner plus de mouvement à votre mouche. Cette technique peut être particulièrement efficace si vous avez attaché un gros streamer au bas de ligne. Elle a été employée avec succès, par exemple, par l'ami François de B. Gourdeau, qui nous accompagnait dans un étang à la tête de la rivière Bec-Scie de l'île d'Anticosti.

Pêcher en dandinant la canne?

    Certains saumoniers, lorsque la mouche dérive dans le courant, agitent la canne en un mouvement de va-et-vient, afin de donner plus de vie à la mouche, disent-ils. Nous vous faisons part de notre réserve au sujet de cette technique, parce que nous croyons qu'elle contribuerait à empêcher le saumon de gober la mouche (à cause du mouvement de va-et-vient). Nous avons constaté que le mouvement de la mouche est saccadé lorsqu'un saumonier lance à peu de distance, mais que ce mouvement est presque inexistant lorsque le lancer est long.

APPROCHE DU SAUMON À LA MOUCHE NOYÉE

     Nous allons maintenant voir de quelle façon vous pratiquerez tout ce que nous venons d'écrire concernant la pêche du saumon à la mouche noyée.

Pêche à pied

     La pêche à pied est pratiquée dans la plupart des rivières à saumons du Québec.

     Habituellement, vous vous déplacerez de l'amont vers l'aval, c'est-à-dire dans le même sens que le courant. La plupart du temps, vous utiliserez une soie flottante. Cependant, la soie à bout calant ou calante sur toute sa longueur peut être employée plus efficacement lorsque l'eau est haute et/ou sale. Nous vous soulignons qu'en période d'étiage, aussi surprenant que cela puisse paraître, vous auriez peut-être intérêt à utiliser une soie à bout calant ou totalement calante, à laquelle vous attacherez un long bas de ligne et une petite mouche.

     Lorsque vous aborderez une fosse pour la première fois, vous aurez tout avantage à la couvrir systématiquement afin de faire nager la mouche au-dessus de tous les repaires susceptibles de retenir du saumon. Pour ce faire, vous gagnerez la tête de la fosse, en amont de l'endroit où vous croyez que le saumon pourrait se tenir. Vous éviterez de pénétrer trop loin dans le rapide, afin de ne pas alerter ou effrayer le saumon qui s'y trouverait.

    Commencez par régler la tension du frein de votre moulinet: elle devra être tout juste suffisante pour éviter que le moulinet ne se dévide facilement; ce conseil vaut autant pour la pêche à la mouche sèche qu'à la mouche noyée. Vous déroulez 3 m (10 pi) de soie environ et exécutez un premier lancer; tenez la canne parallèle à l'eau durant le voyage de la mouche dans l'eau. Une fois que la dérive de la mouche est bien terminée, retirez la soie de l'eau et lancez de nouveau, en allongeant la soie de 25 à 30cm (10 à 12 po), et recommencez le manège décrit précédemment. Répétez ces gestes jusqu'à ce que vous ayez couvert la largeur du rapide ou lorsque vous aurez atteint votre capacité maximum de lancer. Pendant que vous posez les gestes décrits antérieurement, vous ne changez pas de position. Maintenant, il est temps que vous commenciez à descendre le long de la fosse. Vous avancez de un ou deux pas à chaque un ou deux lancers, jusqu'à ce que la mouche atteigne la queue de la fosse. Ne commettez jamais l'erreur d'avancer pendant que la mouche dérive encore, pour ne pas modifier sa course et ainsi l'empêcher de passer au-dessus d'un repaire de saumon. Lorsque vous pêchez comme décrit ci-haut, vous êtes toujours en avant du saumon.

Pêche en canot

     Lorsqu'il est difficile ou impossible de pêcher à pied, à cause de la largeur de la rivière ou de la profondeur de l'eau, le canot devient un outil indispensable. Il est impossible de pêcher correctement, autrement qu'en canot, plusieurs fosses de certaines rivières comme la Bonaventure, la Matapédia, la Ristigouche et la Moïsie, pour ne mentionner que celles-là. Sur plusieurs rivières, l'utilisation d'un moteur hors-bord est nécessaire à cause de l'existence de forts courants; il existe par ailleurs des rivières où l'usage des moteurs est totalement ou partiellement interdit.

     La même approche que celle préconisée pour la pêche à pied vaut pour la pêche en canot. Lorsque vous arrivez au début de la fosse, vous arrêtez votre embarcation en plein centre de la rivière ou en bordure du courant. Si le canot est immobilisé sur le bord du courant, agissez comme si vous étiez à pied; si le canot est au centre du courant, lancez la mouche de chaque côté du canot pour couvrir le plus de surface d'eau possible.

     Comme nous l'avons souligné antérieurement, il est très important que vous laissiez votre mouche terminer sa dérive derrière le canot avant de retirer votre soie de l'eau pour la lancer de nouveau. Quand votre lancer a atteint sa longueur maximum, embobinez votre soie, levez l'ancre et laissez dériver le canot (ce que l'on appelle communément «faire une drop») sur une distance égale à votre dernier lancer. Jetez l'ancre et recommencez ensuite le manège décrit précédemment.

CONNAISSANCE DES BONS REPAIRES

CONNAISSANCE DES BONS REPAIRES
    Tout ce que vous venez de lire tient compte du fait que vous couvrez la fosse au complet parce que vous ne connaissez pas les repaires où Salar est preneur.

     Lorsque vous savez où se trouvent ces repaires, vous pouvez ne pas balayer toute la fosse. Faites plutôt votre approche de façon à ne couvrir que quelques mètres (quelques pieds) en amont du repaire, pour en arriver graduellement à faire dériver la mouche juste au-dessus du saumon. La même règle s'applique si vous avez repéré de visu le saumon dans la fosse.

FERRAGE DU SAUMON AVEC UNE MOUCHE NOYÉE

     La question du ferrage en pêchant à la mouche noyée fait souvent l'objet de discussions animées. La question est: «Faut-il ferrer ou non quand Salar prend la mouche? En fait, faut-il donner un coup avec la canne pour faire pénétrer l'hameçon dans la gueule du saumon?». La réponse: tout dépend des circonstances ...

     Lorsque vous pêchez en eau rapide et qu'un saumon prend la mouche, Salar se ferre lui-même, la plupart du temps. Voici comment tout cela survient: en apercevant la mouche, le saumon se déplace habituellement lentement vers elle (parfois, il la suit sur quelques mètres - plusieurs pieds), ouvre la gueule et la saisit, puis se tourne pour regagner son repaire. Jusque-là, le saumon a agi lentement; il est rare de voir un saumon (sauf un madeleineau) se déplacer rapidement pour prendre une mouche. Le seul mouvement rapide que fait Salar, c'est lorsqu'il se retourne après avoir saisi la mouche. À ce moment, vous ressentez brusquement l'impact de l'attaque du saumon; c'est là qu'une soie bien tendue prend son importance; car, dès que le saumon prend la mouche et se retourne, une forte tension est produite, ce qui permet à la mouche de se piquer.

     Vous devez immédiatement relever la canne en position verticale, ce qui crée une tension supplémentaire permettant une meilleure pénétration de la mouche dans la gueule du saumon.

     En eau dont la vitesse est un peu plus modérée ou lente, la situation sera différente: vous devez laisser le temps au saumon de prendre la mouche et de descendre avec elle. Tout cela ne dure qu'un court instant, mais ce dernier est important pour vous.

     Voici ce qu'il vous faut faire: dès que la soie se raidit, vous devez avancer votre canne afin de donner du mou à la soie. Ce geste permet au saumon de descendre avec la mouche sans être alerté: en effet, si le saumon sent la moindre résistance, il peut rejeter la mouche. Du moment où le saumon prend la mouche jusqu'à celui où vous ferrez, il ne s'écoule qu'un court instant. Le ferrage survient lorsque vous relevez rapidement la canne à la verticale.

     Il existe une autre façon de donner du mou à la soie. Une fois la dérive de la mouche commencée, il s'agit de former une boucle de quelques centimètres (pouces) avec la soie (entre la poignée de liège et le moulinet), Votre index appuyant la soie contre la poignée de liège. Dès que le saumon mord, libérez la soie en relâchant la pression exercée par l'index, créant ainsi du mou.

INTERPRÉTATION DES RÉACTIONS DU SAUMON

   Il est très important que vous sachiez quels sont les genres de réactions que le saumon peut avoir: Salar vous communiquera ainsi de l'information, ce qui vous permettra de mieux tirer votre épingle du jeu.

Marsouinage ou bouillon à côté de la mouche

     Il arrive parfois qu'un saumon vienne marsouiner ou faire un bouillon à quelques centimètres (pouces) à côté de la mouche durant la dérive de cette dernière. Il semble évident que le saumon est intéressé par la mouche; toutefois, ce qui est moins sûr, c'est la raison pour laquelle il n'a pas pris la mouche. L'a-t-il manquée? Nous ne possédons pas de réponse catégorique à cette question, mais nous avons vécu des expériences qui nous permettent de croire que le saumon peut parfois manquer la mouche. En voici un exemple.

     En juillet 1980, Gérard Bilodeau pêchait dans la fosse Red Pine de la rivière Bonaventure. « Debout dans le grand canot, je voyais très bien ma Rusty Rat dériver dans l'eau très claire de cette rivière. Tout à coup, je vois apparaître un saumon, gueule ouverte, s'avancer vers ma mouche et... la manquer! Ma mouche continuait de dériver; le saumon est resté immobile un bref instant et il s'est élancé, à ma grande surprise, sur la Rusty Rat. Cette fois-là, il ne l'a pas manquée!»

     Que faire lorsque le saumon vient vers la mouche sans la prendre? Attendez pendant quelques secondes que le saumon regagne son poste; puis, présentez la mouche de la même manière que la fois précédente. Si le saumon n'a pas pris la mouche après une dizaine de présentations, laissez-le se «reposer». Prenez alors un point de repère sur le rivage ou placez une roche dans l'eau; pour la soie, il vous sera facile de noter la longueur dont vous aurez besoin lorsque vous recommencerez à pêcher, si vous avez pris soin de la marquer (comme nous vous l'avons déjà expliqué à la toute fin de la partie sur la soie, dans le chapitre sur l'équipement).

     Lorsque vous recommencerez à pêcher, vous devrez vous placer au même endroit (la roche posée en repère) et utiliser la même longueur de soie. Il est toujours préférable de ne pas faire le premier lancer directement à l'endroit où le saumon a levé; à partir du point de repère sur votre soie, vous ramènerez votre soie d'environ un mètre (3 ou 4 pi) et vous commencerez à pêcher en vous dirigeant graduellement vers l'endroit présumé ou se tient Salar. Il arrivera que le saumon modifiera sa position quelque peu, ce qui explique pourquoi il faut agir ainsi.

« Tirette »

     Ce mot, utilisé seulement par les pêcheurs à la mouche signifie que la soie a été subitement tendue pour ensuite redevenir molle. Cela est causé par un saumon qui a pincé la mouche avec sa gueule sans se faire piquer.

    Un tel comportement du saumon signifie bien souvent qu'il reviendra prendre la mouche, si elle lui est présentée de nouveau. Si pareille chose vous arrive, attendez pendant quelques secondes, le temps que le saumon réintègre son lieu de repos; la plupart du temps, il prendra la mouche au premier lancer suivant. S'il ne la prend pas, tentez de le leurrer en modifiant votre présentation de la mouche. Cependant, il n'est pas assuré que Salar soit intéressé une deuxième fois par la mouche, s'il a été piqué, ne serait-ce que légèrement, la première fois.

D- TECHNIQUES DE PÊCHE À LA MOUCHE SÈCHE

TECHNIQUES DE PÊCHE À LA MOUCHE SÈCHE
     Cette manière de pêcher vous permet de présenter au saumon une mouche flottant à la surface de l'eau. C'est probablement le genre de pêche à la ligne le plus excitant qui soit.

     Les saumoniers comptant plusieurs années d'expérience de pêche à la mouche sèche ne s'habituent pas (heureusement!...) à voir un saumon monter lentement vers la mouche, la gueule grande ouverte, crever la surface de l'eau puis entrainer la mouche vers le fond ...

     Les endroits les plus propices pour pratiquer la pêche à la mouche sèche sont ceux où le courant est modéré (ex. : ciré en queue de fosse), ceux où les eaux sont semi-rapides (ex.: eaux circulant à une vitesse relativement élevée, mais où l'on observe peu ou pas de rides à la surface de l'eau); ce qui importe, c'est que le saumon voie la sèche. Une mouche sèche qui voyage trop vite et qui est ballotée par les flots n'intéressera que très rarement le saumon; l'inverse est également vrai: une sèche déposée sur des eaux lentes n'aura pas assez de mouvement pour être vue par Salar.

     Bon nombre d'auteurs ont écrit que la condition idéale pour pêcher le saumon à la sèche, c'est lorsque la température de l'eau atteint 15,5° C (60° F). Sans rejeter cet énoncé, nous croyons toutefois que si vous l'appliquez au pied de la lettre, vous vous priverez de réelles opportunités de présenter une sèche aux saumons. Nous croyons que la première condition à considérer pour utiliser une mouche sèche est la vitesse de l'eau; une sèche déposée sur des eaux se déplaçant à une vitesse convenable pourra faire bouger un saumon, même si la température de l'eau est aussi basse que 7° ou 10° C (45° ou 50° F).

PRÉSENTATION DE LA MOUCHE SÈCHE

PRÉSENTATION DE LA MOUCHE SÈCHE
     Tout comme dans le cas de la pêche à la mouche noyée, la présentation de la mouche sèche revêt une grande importance.

     La mouche sèche doit dériver librement au gré du courant, sans aucune influence de la soie; une mouche sèche qui patine sur l'eau n'intéressera que rarement le saumon. Ce qu'il vous faut faire, c'est de lancer la mouche en utilisant l'une des manières que nous avons décrites au début de ce chapitre, à savoir le lancer en «S», le lancer parachute ou le lancer déporté.

     L'arrivée de la mouche sèche sur l'eau doit se faire en douceur: elle se «dépose». En tout temps, elle doit «bien se tenir» sur l'eau, flotter bien droite, supportée par la queue, le corps et les hackles. Les sèches qui comportent des ailes (une seule ou deux) ne doivent pas se coucher sur le côté ou sur le dos. Car, autrement, le saumon pourrait bouder la mouche. Si vous vous rendez compte que votre mouche est mal présentée, de grâce ne l'arrachez pas violemment de l'eau, surtout si elle passe près du repaire d'un saumon: laissez-lui continuer son voyage, pour ne pas qu'elle effraie Salar.

     Bien des pêcheurs croient que la mouche sèche doit se tenir sur la pointe des hackles, alors que d'autres attachent peu d'importance à ce fait. Notre expérience nous amène à conclure qu'il est bon d'avoir en sa possession un assortiment de mouches qui flottent haut, sur la pointe des hackles, et d'autres du même modèle ou de modèles différents, dont le corps s'appuie en entier sur la surface de l'eau.

APPROCHE OU SAUMON À LA MOUCHE SÈCHE

APPROCHE OU SAUMON À LA MOUCHE SÈCHE
     La façon idéale de pêcher avec une sèche, que ce soit à pied ou en canot, est de couvrir la fosse de l'aval vers l'amont (de la queue vers la tête) ; vous vous déplacez face au courant et vous lancez votre mouche vers l'amont, ce qui facilite la libre dérive de votre mouche (puisque le courant ramène votre soie et votre mouche vers vous). Cette façon d'aborder la fosse a de plus l'avantage de camoufler votre approche, puisque vous êtes placé derrière les saumons. Mais cette manière de faire ne s'intègre pas à un système de rotation (système du chacun-son-tour), dans lequel le déplacement des pêcheurs se fait en descendant le courant.

    En pêchant de l'aval vers l'amont, vous pouvez lancer parallèlement au courant ou bien en diagonale (dans un angle plus ou moins prononcé). Il est important, une fois que la mouche a été déposée sur l'eau, de ne jamais garder de mou dans la soie au bout de la canne; avec la main libre, vous récupérez à vos pieds ce mou créé dans la soie par le courant, afin d'être toujours prêt à ferrer si un saumon mord.

    Une autre façon de présenter la sèche consiste à se placer perpendiculairement au courant pour lancer. Dans ce cas-là, le lancer déporté et le lancer parachute permettent une dérive naturelle de votre mouche sèche. Vous pouvez utiliser cette méthode si vous êtes à pied ou en canot.

    Si vous ne pouvez vous placer ailleurs qu'en amont de Salar (en avant de lui), que vous soyez à pied ou en canot, vous devez alors employer le lancer en «S» ou le lancer parachute; ou bien, dans le but que votre mouche dérive librement sur une plus grande distance, vous dévidez rapidement la soie avec votre main libre. Dans ce cas-là, votre mouche descend librement tant que la soie n'est pas tendue; assurez-vous que la soie ne sera pas tendue et que la mouche ne sillonnera pas la surface de l'eau avant de passer au-dessus du saumon.

     Vous avez tout avantage à repérer les saumons pour les pêcher à la mouche sèche. Vous devez déposer votre sèche en avant du nez du saumon et la laisser dériver sur environ 2 m (quelques pieds) tout au plus. À notre opinion, c'est la meilleure manière de présenter la sèche. De cette manière, un saumon peut gober la mouche sèche dès les premières fois que vous la lui lancez. Après une vingtaine de vos lancers, si le saumon n'a pas montré de signes d'intérêt, vous feriez mieux de laisser tomber et de recommencer plutôt le même manège au-dessus d'un autre saumon.

     Lorsque vous avez devant vous un groupe de saumons, il est bon de lancer une sèche ici et là, en «changeant de saumon» à tous les 5 à 10 lancers. Vous serez tenté de concentrer vos lancers au-dessus des plus gros sujets du groupe; mais nous vous suggérons, pour que vous obteniez plus de succès, de vous préoccuper tour à tour de tous les saumons présents.

     N'oubliez pas qu'une mouche sèche présentée à un saumon en particulier peut être aussi aperçue par d'autres saumons situés près de lui, que vous n'avez peut-être même pas vus.

     Gérard Bilodeau a vécu une expérience intéressante, en juillet 1986, à la fosse Petit-Volume de la rivière Sainte-Anne. I1 y avait 15 saumons à la queue de la fosse; il yen avait de toutes les grosseurs. Après une heure de pêche, chacun de ces saumons avait vu les mouches de Gérard à plusieurs reprises; quatre d'entre eux avaient même levé. Gérard présenta encore sa mouche à un saumon qui se tenait en retrait des autres et qui avait déjà manifesté de l'intérêt. Dès que la mouche toucha l'eau, le saumon vint la gober. Il pesait 10 kg (22 lb)!

     Peu importe la façon que vous choisissez pour présenter votre mouche sèche au saumon que vous voyez, il est important que vous observiez toujours ses réactions; cela devient particulièrement important lorsque le saumon lève pour prendre la mouche. D'autre part, vous devez toujours garder une distance raisonnable entre vous et le saumon, surtout si l'eau est basse, afin de ne pas effrayer ce dernier. Cette recommandation vaut autant pour la pêche à pied que pour celle en canot.

     André-A. Bellemare se souvient d'une expérience vécue sur la Patapédia, à la fosse Onze Milles. Son compagnon, debout dans son canot, lançait une mouche sèche à un saumon. Ce dernier ne bougeait pas, même après plusieurs minutes de belles présentations. André-A. suggéra à son copain de s'éloigner du saumon; son camarade abandonna la partie et regagna la berge. Après avoir accordé un peu de repos au saumon, André-A. s'avança dans l'eau, tout en se tenant éloigné. Au troisième lancer, le saumon goba l'Oiseau Blanc…

     Lorsque vous ne pouvez voir le saumon dans la fosse, vous n'avez d'autre choix que de lancer la mouche sèche aux endroits prometteurs; à moins, bien sûr, de connaître exactement les repaires du saumon, à cause d'expériences antérieures. La plus grande attention est alors requise, car le saumon mordra sans que vous l'ayez vu venir.

PRÉSENTATIONS SPÉCIALES

PRÉSENTATIONS SPÉCIALES
     Lorsqu'aucune des méthodes usuelles de pêcher à la sèche n'a produit de résultat, vous pouvez essayer de présenter votre mouche de façon différente.

     Ainsi, présentez une sèche de la même manière qu'une mouche noyée: lancez la mouche vers l'aval, dans un angle de 90°, de 45° ou bien de 30°, et laissez dériver la sèche dans le film de l'eau.

     Vous pouvez faire patiner la sèche à la surface de l'eau. C'est le temps d'employer des Patineuses: vous faites sautiller votre mouche à la surface de l'eau.

     En employant des «fausses» Bombardiers et Moustachues (sans hackle), vous pouvez faire réagir Salar en présentant la mouche de telle façon qu'elle frappe l'eau violemment.

     Des saumoniers de la région de Matane emploient avec succès une autre façon de présenter la mouche, qu'ils nomment « la technique de l'horloge», à la condition d'avoir repéré le saumon au préalable. Leur façon de lancer se caractérise autant par sa précision que par sa cadence régulière. La mouche demeure de une à deux secondes sur l'eau, tout au plus; la mouche est ensuite soulevée pour être relancée et déposée au point suivant. La régularité des mouvements et la période relativement courte pendant laquelle la mouche repose sur l'eau inciteront le saumon à se déplacer vers la mouche, parfois avant même que la mouche ne se dépose sur l'eau! Cela exige que le saumonier observe très bien les réactions du saumon et agisse en conséquence.

     En fait, vous pouvez laisser aller votre imagination pour déterminer le type de présentation non conventionnelle qui pourrait peut-être faire mordre Salar.

FERRAGE DU SAUMON AVEC UNE MOUCHE SÈCHE

FERRAGE DU SAUMON AVEC UNE MOUCHE SÈCHE
     Réussir à piquer un saumon avec une mouche sèche constitue le rêve et, en même temps, le cauchemar de plusieurs pêcheurs. C'est le problème majeur que rencontre généralement le débutant, surtout s'il a l'habitude de pêcher la truite à la mouche. En effet, un pêcheur de truites à la mouche développe le réflexe de ferrer rapidement lorsqu'une truite mord à sa sèche, alors qu'il faut faire tout le contraire quand un saumon prend la sèche! Le manque de concentration et/ou d'observation et la nervosité sont d'autres causes fréquentes des problèmes de ferrage que connaissent bien des saurnoniers. Nous allons vous décrire comment vous devez exécuter le ferrage.

     Lorsque la mouche arrive sur l'eau, Salar quitte sa position, en se laissant généralement dériver sous la mouche, la tête en l'air; puis, il s'en approche lentement, tout en ouvrant la gueule. À ce moment-là, vous pouvez apercevoir très bien l'intérieur blanc de la gueule du saumon. Le saumon arrive en surface par en arrière ou par en-dessous de la mouche et la gobe en faisant un «Vloufff!» très audible: le saumon s'en retourne vers le fond de la fosse la tête en bas. C'est lorsque le saumon a quitté la surface de l'eau qu'il vous faut ferrer.

     Vous ferrez en soulevant brusquement la canne à la verticale et en tirant en même temps la soie avec votre main libre. Il est donc important qu'en tout temps, vous preniez vos dispositions pour qu'il n'y ait pas une trop grande longueur de soie lâche entre la mouche et la canne, afin de pouvoir ferrer efficacement.

    Tout le secret d'un ferrage réussi repose sur l'attente, par le pêcheur, d'une durée variant de quelques fractions de seconde à peut-être deux ou trois secondes, après que le saumon a brisé la surface de l'eau pour gober la mouche sèche. L'observation, la concentration et la maîtrise de vous- même vous permettront de réussir le ferrage. Dites-vous que, la plupart du temps, le saumon prend la mouche lentement (comme le font d'ailleurs les grosses truites). Le seul cas où vous avez à ferrer rapidement, c'est lorsqu'un madeleineau mord: ces petits saumons mordent généralement rapidement.

     De plus, vous devez prendre en considération la longueur de la soie étendue à la surface de l'eau pour calculer le temps qu'il vous faut prendre pour ferrer. Plus la soie est courte, plus vous devez laisser le temps au saumon de bien caler avec la mouche; plus la soie est longue, moins vous devez attendre longtemps pour ferrer, car le coup que vous donnez ne sera pas transmis instantanément à la mouche.

     Il arrivera parfois qu'un saumon monte différemment vers la mouche sèche. Ainsi, dès l'arrivée de la mouche sur l'eau, le saumon peut monter tout droit vers elle, sans dériver, puis prendre la mouche par en-dessous. Il nous est arrivé, à l'occasion, de voir des saumons aspirer la mouche en surface. C'est une manière un peu spéciale de prendre la sèche, car la surface n'est pas éclaboussée. Si cela vous arrive, attendez un instant pour ferrer, le temps que le saumon se retourne et cale avec la mouche.

INTERPRÉTATION DES RÉACTIONS DU SAUMON

     Nous avons écrit, à quelques reprises, que le sens de l'observation était une qualité que devait posséder tout saurnonier. Lorsque vous pêchez à la mouche sèche, un bon sens de l'observation est essentiel, si vous voulez mettre à profit toutes les situations qui surviennent. Ainsi, à la suite de vos lancers, Salar peut manifester un certain intérêt envers votre mouche; un saumonier à l'oeil averti verra ces manifestations. Pour votre bénéfice, nous allons expliciter les principales réactions du saumon.

     Lorsque le saumon lève vers la sèche, mais sans la prendre, c'est un signe qu'il finira peut-être par la gober. Il s'agit de laisser le temps au saumon de reprendre sa position, puis de lancer de nouveau la mouche exactement au même endroit. Si, après quelques minutes, le saumon répète le même manège, c'est peut-être que la mouche et/ou sa vitesse ne lui plaît pas. Changez alors la grosseur de la mouche, sa couleur ou sa présentation, afin d'attirer l'intérêt de Salar. Un pêcheur seul dans la fosse a un avantage, dans une telle situation: il peut laisser régulièrement le saumon se reposer; à la limite, ce pêcheur seul peut même lui accorder quelques heures de repos, si c'est possible. Un changement de luminosité constitue souvent une bonne opportunité de pêche.

     Il arrive parfois qu'un saumon monte vers la mouche et vienne la frapper avec son nez, la fasse glisser sur son dos ou lui donne un coup de queue. Généralement, un tel comportement du saumon ne présage rien de bon pour vous. La meilleure attitude à adopter, dans ce cas-là, est de laisser le saumon se reposer pendant quelques heures.

     Le saumon peut agiter nerveusement ses nageoires lors du passage de la mouche sèche; certains saumons tournent même de côté (« flasher »), Vous devez alors rester sur vos gardes, car le saumon peut prendre la mouche au prochain lancer.

     Lorsque vous pêchez à l'aveuglette, demeurez constamment attentif, au cas où des saumons se manifesteraient d'une manière ou d'une autre. En plus de permettre la localisation du saumon, ces signes indiqueront que Salar a un brin d'intérêt pour la mouche. Il est important que vous suiviez attentivement la mouche des yeux et que vous choisissiez un point de repère si le saumon se manifeste, afin de lancer de nouveau au même endroit.

E- LE DÉROULEMENT DE LA BATAILLE

     Le succès de la lutte contre Salar dépend, en partie, de l'utilisation efficace de l'équipement. L'autre partie du succès est reliée à votre attitude et à votre technique, qui découlent de la connaissance du comportement du saumon au cours de cette bataille. Nous vous rappelons qu'un saumon ferré n'est pas nécessairement vaincu, même si vous respectez toutes les méthodes préconisées, car il ya parfois des impondérables sur lesquels vous n'avez pas de maîtrise (par exemple: la façon dont le saumon a mordu à la mouche).

les premières minutes...

LES PREMIÈRES MINUTES...
     Dès que le saumon sera ferré, vous devrez faire preuve d'une grande maîtrise de vous-même. Combien de saumons se sont échappés, dès les premières minutes de la lutte, parce que le pêcheur était tout excité! Le calme permet de juger la situation et de réagir correctement.

    Lorsque vous réaliserez qu'un saumon a pris votre mouche, le premier geste à poser sera de relever immédiatement la canne presque à la verticale et de la garder ainsi jusqu'à la fin du combat. De cette façon, vous utiliserez au maximum le ressort de votre canne.

     Un saumon qui vient tout juste d'être ferré prendra parfois quelques secondes avant de réagir, comme s'il ne réalisait pas encore très bien ce qui lui arrive. Vous pourrez exploiter ce moment privilégié en « remorquant» le saumon (à pied ou en canot) dans un secteur choisi de la fosse; souvent, le saumon n'opposera alors aucune résistance.

DÉROULEMENT DE LA BATAILLE
    Il se produit parfois une certaine confusion, surtout chez les saumoniers novices, au cours des premières secondes du combat. Beaucoup de moucheurs ont la manie de garder trop de soie lâche entre le moulinet et le premier anneau de la canne, rendant difficile la prise en charge de la soie par le moulinet. À la pêche à la mouche noyée, lorsque la mouche dérive dans le courant, seule une boucle formée de quelques centimètres (pouces) de soie vous suffira; tandis qu'à la pêche à la mouche sèche, vous aurez toujours besoin d'une réserve de quelques mètres (pieds) de soie lâche. Ainsi, lorsqu'un saumon prendra la sèche, votre main retenant la soie servira à la garder tendue, tout en la laissant filer graduellement jusqu'à ce qu'elle soit prise en charge par le moulinet.

    Bien souvent, lorsque le saumon se rend compte qu'un lien le retient, il s'engage dans une course effrénée dans la fosse, en y mettant toute son énergie et son poids. À ce moment-là, la tension du moulinet devra être faible, tout juste en fait pour éviter qu'il ne se dévide facilement. Vous n'aurez d'autre choix que de laisser filer le saumon, puisqu'une trop forte résistance de votre part risquerait de briser le bas de ligne ou d'arracher la mouche de la gueule du saumon.

DÉROULEMENT DE LA BATAILLE
    Le saumon ne doit bénéficier d'aucune seconde de répit. Ses courses et ses cabrioles dans la rivière l'épuiseront, épuisement qui sera accéléré davantage par les gestes que vous poserez. C'est pourquoi vous embobinerez la soie dès que le saumon ralentira ou arrêtera ses déplacements. Si le saumon oppose de la résistance, vous devrez lâcher la manivelle du moulinet.

     Si vous en avez la chance, sortez de l'eau et gagnez le point le plus élevé sur la berge.

     Si vous pêchez en canot, regagnez la rive aussitôt que possible, une fois que le saumon a mordu. Si le saumon mord à votre droite, dirigez votre embarcation vers la berge située à votre gauche; si c'est à gauche qu'il mord, vous irez évidemment accoster la berge à votre droite. De préférence, accostez la berge en un endroit de la rivière où l'eau est calme et profonde.

     Les sauts que Salar exécutera hors de l'eau seront une de ses manifestations les plus spectaculaires, mais aussi les plus éprouvantes pour vous. Le pêcheur d'expérience sentira que le saumon est sur le point de sauter. Un novice pourra anticiper ce comportement lorsque la soie reviendra rapidement à la surface. Lorsque le saumon explosera hors de l'eau, vous baisserez la canne si le saumon est proche de vous, car il risquerait de briser le bas de ligne si la soie demeurait tendue. Dès que le saumon retombera à l'eau, vous relèverez immédiatement la canne. Généralement, les saumons pesant jusqu'à 7 kg - environ 15 lb sauteront plus souvent que les saumons d'un poids supérieur.

DÉROULEMENT DE LA BATAILLE
     Lorsque le niveau de l'eau dans la rivière sera élevé, le saumon utilisera la force du courant pour se déplacer. Il y aura grand risque qu'il cherche alors à sortir de la fosse. Bien souvent, si une telle situation survient, il sera difficile, voire même impossible pour le pêcheur à pied de suivre le saumon. Pour éviter que cela ne se produise, vous devrez forcer le saumon au maximum jusqu'à ce qu'il remonte le courant vers l'amont de la fosse. Si, malgré cela, Salar ne veut rien savoir et s'engage à toute vitesse dans le rapide au bas de la fosse, vous annulerez la traction exercée par la soie en la sortant rapidement du moulinet. Le saumon aura peut-être alors l'impression d'être libéré et il s'arrêtera.

    Il est préférable de forcer le saumon de côté, parce qu'il sera alors obligé d'accomplir un mouvement qui n'est pas naturel chez lui (se mouvoir de côté).

     Les gros saumons ont parfois la réaction de s'immobiliser près du lit de la rivière. Le saumon sera alors arrêté dans le courant principal, ce qui lui permettra de reprendre des forces. Même si vous y mettez toute la traction, le saumon ne bougera pas et résistera en utilisant son poids et sa force. Le meilleur moyen de faire déplacer le saumon sera de lancer un caillou dans sa direction.

ENSUITE...

     Une fois les premières minutes du combat écoulées (de 5 à 15 selon le niveau de l'eau dans la rivière et la grosseur du saumon), les efforts du saumon seront moins violents. Vous devrez alors augmenter la tension de votre moulinet, dans le but de fatiguer le saumon encore plus rapidement.

     Dès que vous en aurez la possibilité, vous entraînerez le saumon en eau calme et le retiendrez là le plus longtemps possible. L'absence de courant forcera le saumon à dépenser plus d'énergie pour se déplacer. C'est également à cet endroit que vous sortirez le saumon de l'eau, parce que ce dernier y sera plus facile à manoeuvrer.

     Mais ne brûlez pas les étapes, sous peine de perdre le saumon. Lorsque le saumon se laissera approcher par vous pour la première fois, vous serez alors fortement tenté de le capturer (ou de le faire capturer par votre compagnon), parce qu'il semblera alors docile. Il n'en est rien! Dans la majorité des cas, le saumon se sauvera à vive allure lorsqu'il vous verra pour la première fois. Généralement, Salar aura la même réaction, lors de la deuxième approche.

FINALEMENT ...

     Le saumon donne des signes évidents de fatigue. Dirigez-le de plus en plus en augmentant la tension exercée par le moulinet ou en appuyant la paume de votre main plus fortement sur le tambour du moulinet.

     Il est de mise de forcer un peu le saumon, à ce stade-ci. Vous devez cependant user d'une extrême prudence, car Salar peut retrouver un regain d'énergie qui lui fera accomplir un bond hors de l'eau ou une course rapide.

     Généralement, lorsque le saumon est entraîné vers vous (ou votre compagnon) pour la troisième fois, vous pourrez le retirer de l'eau.

F- MANIÈRES DE SORTIR LE SAUMON DE L'EAU

MANIÈRES DE SORTIR LE SAUMON DE L'EAU
     Ce moment que vous espériez tant est enfin arrivé. Il représente l'étape cruciale, au cours de laquelle le saumon pourra se décrocher, si votre façon de faire n'est pas correcte.

L'ÉPUISETTE ET LE QUEUETARD

     Votre compagnon s'avancera dans l'eau calme, à l'endroit où vous lui aurez demandé de se placer; il se tiendra toujours en aval, c'est-à-dire en bas de vous dans le courant. Notez que votre compagnon prendra sa position uniquement vers la fin du combat. Il déposera l'armature de l'épuisette sur le lit de la rivière, en ayant soin de placer un caillou dans le filet, pour éviter que le filet ne vienne boucher le panier de l'épuisette lorsqu'il lèvera cette dernière au moment de la capture. Votre compagnon ne se déplacera pas. C'estvous qui amènerez Salar vers lui. Dès que le saumon sera au-dessus du panier de l'épuisette, votre compagnon lèvera l'épuisette d'un mouvement sec, tout en s'assurant que le saumon y pénètre tête première (le saumon s'enfoncera davantage dans l'épuisette, ayant tendance à fuir vers l'avant).

     Si vous êtes seul, vous vous avancerez dans l'eau, déposerez le panier de l'épuisette sur le lit de la rivière, appuierez le manche de l'épuisette sur votre abdomen, dirigerez le saumon dans le panier et, finalement, lèverez l'épuisette d'un mouvement sec avec votre main libre.
a la main
    Dans le cas de l'utilisation d'un queuetard, c'est vous qui dirigerez la manoeuvre, comme dans le cas précédent. Votre compagnon (ou vous-même, si vous êtes seul) avancera dans l'eau jusqu'aux genoux; évidemment, il aura pris soin de passer la ganse du queuetard autour de son poignet, pour éviter de l'échapper au cours de la manoeuvre. Puis, il approchera la boucle formée par le fil d'acier torsadé et l'avancera autour du corps du saumon (jusqu'au tiers postérieur de la longueur de son corps). C'est alors qu'il tirera d'un mouvement sec pour enserrer la queue. Si le courant est assez violent, votre compagnon n'hésitera pas à avancer la boucle plus loin, au milieu du corps.

L'ÉCHOUAGE

     L'échouage (beaching) consiste à sortir le saumon de l'eau en le tirant sur la berge avec la canne. Il faut que la grève soit à peu près au même niveau que l'eau. Vous reculerez tranquillement, sans diminuer la traction, sans vous arrêter. Dès que le saumon sera éloigné de la rivière, vous relâcherez la traction et vous vous hâterez de prendre le saumon. Il sera plus facile d'agir de cette façon lorsque vous aurez un saumon de petite taille au bout de la ligne.

À LA MAIN

     Sortir le saumon à la main nue exige une plus grande rnaîtrise de soi. Vous devrez «apprivoiser» le saumon afin d'entrer en contact avec lui. Salar s'habituera à votre présence, s'approchera plus près de vous.

     Embobinez de plus en plus votre soie. La canne à la verticale, approchez votre main libre du saumon, passez-lui la main sous le ventre. Si Salar n'est pas complètement apprivoisé, il ira faire un autre tour dans la fosse ... Recommencez le même manège: passez-lui de nouveau la main sous le corps, à partir de la tête, le pouce pointant vers la queue. Glissez la main vers la base de la queue, entourez-la sans mettre de pression; soulevez le saumon hors de l'eau et amenez-le assez loin sur la rive. Salar n'opposera pas de résistance, ne bougera pas. Toutefois, lorsqu'il sera étendu sur le sol, il se débattra.

     Peu importe la façon utilisée pour sortir le saumon de l'eau; dépêchez-vous de mettre fin à ses jours en le frappant sur la tête; à moins, bien sûr, que vous n'aviez décidé de le «gracier»

G- TRANSPORT & CONSERVATION

TRANSPORT & CONSERVATION
     Évidemment, lorsque vous êtes sur la berge de la rivière et que vous ne prévoyez pas retourner à votre gîte avec vos compagnons avant plusieurs heures, vous voudrez protéger le saumon que vous venez de prendre. Prenez au moins la précaution de déposer votre saumon dans un endroit ombragé et frais et recouvrez-le de fougères. Un autre truc: emportez une poche en jute, que vous tremperez dans la rivière avant d'y introduire votre saumon et de la déposer à l'ombre.

     Doit-on saigner et éviscérer le saumon immédiatement après sa mise à mort? Bonne question que celle-là! Des amis saumoniers, qui sont biologistes, nous ont conseillé (s'il nous est impossible de faire congeler immédiatement le saumon) de le saigner et de l'éviscérer, pour ne pas qu'il «chauffe» (les sucs gastriques continuant d'agir pourraient perforer la paroi intestinale et attaquer les chairs).

    Si vous ne dégustez pas votre saumon frais après sa capture et que vous désirez le conserver pour le fumer plus tard ou pour le manger lors d'un événement spécial, congelez-le immédiatement, si cela est possible, sans le saigner ni l'éviscérer. Et, pour éviter qu'il ne se déshydrate, procédez au «glaçage» de votre saumon congelé: lorsqu'il est gelé et dur comme de la pierre, vaporisez de l'eau dessus avec un atomiseur (trois ou quatre fois, à une demi-heure d'intervalle); la couche de glace ainsi formée à la surface du saumon empêchera la dessiccation des chairs, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Ne décongelez pas votre saumon si vous l'emportez chez votre boucher pour le faire couper en darnes («steaks»): ce sera bien plus facile pour lui de le couper avec sa scie à viande, puis «d'éviscérer» chaque darne gelée.

Saumon de l'Atlantique
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