La Mouchetée au Streamer

     Étant carnivore, l'omble de fontaine adulte est particulièrement attiré par les streamers, des imitations de petits poissons faites de plumes, et les bucktails, artificielles faites avec des poils de queue de chevreuil. Pour les besoins de la cause nous utiliserons le terme générique de «streamers» pour ces deux types d'artificielles qui représentent vairons, menés, ouitouches, petites truites et autres poissons-fourrage de tout acabit. Plusieurs de ces artificielles arborent une allure plus attractive que représentative de la nourriture évoquée, mais elles déclenchent chez la truite des instincts qui l'incitent irrésistiblement à se nourrir.

    La pêche à la traîne avec des streamers est tout indiquée pour leurrer les gros sujets. En effet, le déplacement rapide de grosses artificielles laisse souvent indifférentes les truites mouchetées de petite taille, tandis que la gourmandise légendaire de la grosse truite adulte la pousse à s'emparer de la proie en fuite. Une telle précipitation diminue sa prudence naturelle, et ce poisson plein de curiosité se lance alors spontanément vers la provocante artificielle. Cependant, il ne faut pas sauter trop vite aux conclusions. Ce salmonidé montre des préférences, et ce ne sont pas toutes les présentations de montages de poils et de plumes qui le feront succomber.

Au fil des saisons

La Mouchetée au Streamer
     Ce type de pêche est plus productif au printemps et en fin de saison de pêche. Lorsque la glace disparaît, la truite mouchetée attirée par la brillante lumière printanière se retrouve souvent près de la surface ou des rives. Les chauds rayons du soleil la tirent progressivement de sa longue léthargie hivernale, alors que les derniers mois de diète la poussent à rechercher prudemment un quelconque repas. Or, la disponibilité de proies naturelles ne pourra satisfaire son grand appétit, car les insectes et les poissons-fourrage ne sont pas encore arrivés en grand nombre en ces lieux.

    Dans ces conditions, la présence d'une artificielle suggestive stimule l'agressivité de l'omble de fontaine, et l'attaque est souvent violente et la morsure très franche.

Lors de l'ouverture, après de longs mois d'attente, c'est avec émotion que le pêcheur retrouve son chalet, et la pêche printanière contribue à son bonheur en lui procurant beaucoup d'action. Mon épouse et moi ne manquons qu'exceptionnellement ces jours bénis de l'ouverture. Même si le lac n'est que partiellement dégagé (ou «calé»), nous longeons la «banquise». Nous explorons égaiement les baies peu profondes, car l'eau s'y est réchauffée plus rapidement et les truites s'y rendent d'abord. Nous ne négligeons pas non plus les endroits où les rivières se déversent dans le lac. En effet le courant ainsi formé fait fondre la glace plus rapidement, et ceci survient souvent près des sites de fraye où quelques géniteurs se sont attardés.

    Parlant de géniteurs retardataires, les endroits où ils ont frayé en lac à l'automne et qui sont accessibles devraient être des sites de prédilection pour la pêche à la traîne au printemps. Phénomène souvent observé par l'auteur à l'ouverture, dès qu'un mâle est capturé, en repassant au même endroit une femelle l'est aussi. S'agirait-il d'un couple? Pourtant, après avoir choisi l'emplacement du nid et s'y être accouplé à l'automne, le mâle redevient solitaire. Cette situation particulière ne semble pas durer longtemps: une semaine après la disparition des glaces, le phénomène du «couplage» des prises ne semble plus aussi manifeste.

    Parmi les autres endroits qui méritent l'attention du pêcheur à la mouche à la traîne, l'embouchure des ruisseaux est un des principaux sites à vérifier, car les carpes et autres petits poissons vont y frayer au printemps. La mouchetée se nourrit goulûment des œufs que ces espèces produisent en abondance.
Enfin, la décharge du lac se départit de sa couverture de glace plus rapidement que l'ensemble du lac, toujours à cause du courant.

Les périodes

     Le début de saison est l'époque de l'année où la pêche à la traîne est à son meilleur. Le moucheur expérimenté qui connaît bien son plan d'eau y connaît habituellement le succès. Si, par un heureux hasard, vous avez promis une truite à un parent ou ami, vous pourrez probablement respecter votre engagement durant cette période. Au nord, dans la forêt laurentienne, la nature se réveille dès la mi-mai et jusqu'à la fin de juin les salmonidés y sont gourmands. Le pêcheur à la mouche doit s'y rendre s'il veut apprécier ce formidable présent d'une nature généreuse.

    Dès la fin de juin, les truites mouchetées quittent la proximité des rives pour adopter les profondeurs et elles ne viennent se nourrir que sur le bord des structures sous-marines. À moins de pêcher en profondeur, les occasions de capture sont alors plus rares, puisque la strate de surface contient des eaux trop chaudes et mal oxygénées qui indisposent la mouchetée. Ce quasi deuil que représente l'été pour l'utilisateur de streamers à la traîne dans la strate supérieure des lacs se transforme en août, alors que le rafraîchissement de l'eau de surface incite la truite à y remonter ou à recommencer à fréquenter les abords des rives.

    Plus on approche de la période de reproduction, plus la mouchetée revêt sa robe nuptiale composée de couleurs à la beauté sans pareille. C'est le moment de «puiser sans épuiser». Et la chair délicate de ce poisson supportant mal la congélation, il vaut mieux consommer quelques poissons sur place et gracier les géniteurs, de façon à assurer la reproduction de cette espèce hautement sportive. Pensez-y si vous voulez renouveler longtemps de tels plaisirs.

L'équipement

      Une canne solide ainsi qu'une soie plongeante (calante) sur toute sa longueur m'apparaissent de rigueur pour la pêche à la traîne au streamer, car on peut ainsi atteindre des poissons se tenant entre 1 et 3,5 m (3 et 12 pi.) de profondeur. Il faut prévoir un fil de réserve solide dans un moulinet doté, idéalement, d'une action multiplicatrice. En effet, une fougueuse mouchetée capturée sur 25 m de soie et qui s'amuse à effectuer des courses effrénées peut mettre à mal un petit moulinet pour la pêche en ruisseau. De plus, les autres pêcheurs de l'embarcation doivent rembobiner leur soie rapidement pour permettre au chanceux d'exercer toute son habileté. Lors du combat il faut conserver la tension, sinon la diablesse se libère de l'hameçon. D'où l'avantage d'utiliser un équipement solide, rapide mais sensible.

    À la traîne en profondeur moyenne, le bas de ligne doit être court, soit 2 à 2,75 m (7 à 9 pi) au maximum, car s'il est trop long la mouche aura tendance à remonter vers la surface. La truite n'étant pas sélective dans de telles conditions de pêche, la vitesse l'empêchant probablement de détecter Ia présence du bas de ligne, on peut en employer un d'une résistance variant de 8 à 12 lb pour des captures plus sécuritaires. Il faut enfin prévoir une bonne provision d'artificielles, car on doit varier le menu. Sinon, invitez un ami monteur de mouches!

    Au moment de la capture, il est avantageux de disposer d'une épuisette à long manche (une salebarde, dirait un saumonier gaspésien). Une embarcation est évidemment essentielle à la traîne, et elle doit être équipée d'un hors-bord en bon état de marche. Les bateaux trop gros ou trop longs ne sont pas l'idéal. En effet les virages sont courts, et le vent nuit parfois au contrôle d'embarcations longues voguant à des vitesses réduites.
De même, sur les plans d'eau le moindrement venteux les canots s'avèrent trop légers, rendant l'aventure plutôt pénible. On recommande l'emploi d'un hors-bord avec système d'embrayage, parce que lorsqu'on pêche la mouchetée à la traîne, les arrêts et les départs sont multiples.

Technique de pêche

     La technique de pêche au streamer à la traîne est relativement simple. Le pêcheur déroule 23 ou 24 m (75 à 80 pi) de soie qu'il laisse glisser derrière l'embarcation. Puis, il longe lentement les rives et les autres endroits susceptibles d'abriter des salmonidés. Le bout de la canne doit bien plier et une bonne tension doit se faire sentir sur la soie, sinon c'est que la vitesse n'est pas suffisante. Un mouvement trop lent ne motivera pas la truite à passer à l'action. On varie les déplacements en ajoutant à notre parcours des zigzags et des virages fréquents pour passer de deux à trois fois aux mêmes endroits. Tous ces changements de direction provoquent une pause où la soie descend en profondeur. L'ensemble de ces éléments contribue à faire paraître l'artificielle plus réaliste aux yeux du prédateur.

    On peut régulièrement faire des arrêts en mettant le moteur au point mort pendant cinq ou six secondes. Cela permet à l'offrande d'imiter la fin de parcours d'un poisson-fourrage, lequel se déplace justement par saccades entrecoupées de ces mêmes arrêts.

    C'est souvent lorsqu'on remet l'embarcation en marche que la mouchetée s'empare de l'artificielle. De même, si on sent une touche toute délicate, un moment d'arrêt peut inciter une timide mouchetée à mordre avec conviction. Lorsqu'une capture survient, il est avantageux de bien repérer l'endroit en observant l'environnement pour bien le mémoriser.

     En effet, si une truite se plaît à évoluer en ce lieu, d'autres peuvent s'y trouver ou alors l'occuperont plus tard. La position des différents pêcheurs à la mouche dans une même embarcation est vraiment importante. On doit répartir les poids et équilibrer tant les habiletés que les niveaux d'expérience, à moins qu'on aime démêler les nids d'oiseaux des bas de lignes enchevêtrés. Les relations humaines dans un endroit si restreint s'avèrent délicates. L’idéal consiste bien sûr à ne pêcher qu'à deux personnes par embarcation, ce qui réduit grandement les risques d'emmêlement des lignes lors des nombreux zigzags et changements de direction.

    Cependant, il se peut fort bien que vous vous retrouviez trois et même quatre pêcheurs dans le même bateau; la position des cannes et la rentrée des soies doivent alors être régies par une discipline volontaire, bien comprise et acceptée de tous pour que cet épisode de pêche soit agréable. Tout le monde doit s'astreindre à porter son gilet de sauvetage (sur le dos et non sous les fesses). La conduite du hors-bord revient au pêcheur le plus expérimenté.
Lors d'une capture, tous les autres pêcheurs doivent rentrer leur soie et rester assis. Un seul pêcheur est désigné pour puiser le poisson tandis que les autres veillent à conserver l'équilibre de l'embarcation. Le conducteur ralentit ou arrête l'embarcation tout en contrôlant sa dérive pendant la rentrée des soies, sans qu'elles ne se fassent abîmer par l'hélice du moteur, tout en permettant à celui qui se mesure à la truite de garder une tension régulière sur sa soie. Ce sont les mêmes principes qui s'appliquent lorsqu'un pêcheur accroche le fond.

Où les chercher

     Tôt en saison, l'utilisateur de streamers à la traîne explorera les abords des rives où se retrouvent la majorité des insectes et des insectes et des poissons-fourrage, car les grosses truites cherchent à s'empiffrer de ces petits poissons de 5 à 7 cm (2 à 3 po). Lors de l'observation du contenu stomacal de l'une de mes prises, j'ai compté au moins une dizaine de ces poissons; cette gourmande m'avilit quand même littéralement arraché la canne des mains lors de sa capture. Souvent ces gros géniteurs sont solitaires et parfois même cannibales. Ils mangent les petits de leur propre espèce, éliminant ainsi les faibles et les imprudents.

    Un peu plus tard, lorsque les éclosions se produisent au large, les ronds de gobages énervent souvent le moucheur qui voudrait être partout à la fois. La mouchetée est alors près de la surface, sélective et très méfiante, si bien qu'elle redescend à l'arrivée de votre embarcation et cesse de se nourrir. Rien ne sert donc de courir, il faut plutôt rôder dans le territoire choisi, car une gourmande risque fort de saisir votre imitation de petit poisson.

    Si vous observez plusieurs poissons-fourrage sauter en dehors de l'eau ou juste sous le film de l'eau, c'est qu'un prédateur les poursuit. Présentez votre offrande dans ce secteur sans tarder.

    Lorsque la chaleur est plus intense, il faut rechercher les parties ombragées des rives. C’est souvent le côté le plus escarpé du lac, à cause des hautes faces rocheuses s'enfonçant dans le lac, qui offre les plus grandes surfaces d'ombre, lesquelles abritent les plus grosses captures potentielles. Les passes entre les lacs ou les sections étroites d'un lac (si elles ne sont pas profondes et balayées par les vents dominants) accumulent de nombreux débris où s'établissent des colonies d'insectes aquatiques. Ce sont de bons restaurants pour la truite.

    En août les géniteurs se dirigent vers les lits de gravier des cours d'eau, d'une part, et les lits graveleux ou caillouteux des rives ou des hauts-fonds des lacs d'autre part. Les mâles qui choisissent le site de fraye et le protègent sont les premiers à se rendre sur les lieux. De nombreuses captures de mâles aux couleurs étincelantes le prouveront au pêcheur de fin de saison.

Sélection d'artificielles

     Un des avantages de la pêche au streamer à la traîne réside dans le fait que la truite ne se montre habituellement pas très sélective sur les modèles particuliers d'artificielles. Comme mentionné au départ, votre boîte à mouches pourra contenir des versions commerciales suggestives, comme par exemple le bucktail Black Nose Dace, et d'autres plus attractives comme le Mickey Finn. Bien sûr, la Muddler Minnow est incontournable, en plus de vos propres mouches préférées. Les artificielles que je vous recommande sont la Juneau Smelt, la Bostonnais, la Juneau Rainbow Smelt, la Lady Boivin, la Mickey Finn à tête rouge, la Crystal Minnow, la Branchu et une vieille classique, la Damsell Fly. Si vous êtes monteur de mouches ou si vous en comptez un parmi vos amis, vous pouvez vous inspirer des parures de ces artificielles, présentées ci-contre, dont j'ai pu, avec l'expérience, constater la très grande efficacité.

En conclusion

     Je dis aux très nombreux adeptes de pêche de truite mouchetée à la traîne: pourquoi ne troqueriez-vous pas, du moins à l'occasion, votre attirail de lancer léger, vos éternelles cuillères ondulantes et vos vers de terre pour un équipement de pêche à la mouche et une sélection de streamers?

     Vous serez probablement surpris des résultats et, qui sait, peut-être deviendrez-vous vous aussi un mordu inconditionnel de cette approche.

Suggestions d'artificielles de l'auteur

La Damsell

Hameçon: Mustad 79580 #4 (pour un streamer de lac).
Fil: Noir.
Queue: Plume de crête de faisan doré sous-section de plume rouge d'aile de canard (moitié de la longueur de la plume de faisan) sous fibres de plume de sabre de paon (moitié de la longueur de section de plume rouge).
Corps : Deux tiers arrière avec des fibres de plume de queue de paon et tiers avant avec de la laine rouge enroulée.
Collerette: (posée avant l'aile) Plume de perdrix brune tournée dans le style anglais (les extrémités des fibres doivent rejoindre la pointe de l'hameçon)
Aile: deux sections de plume de queue (à bout blanc) de dinde sauvage (« Bronze Turkey ») posées dos à dos (certains monteurs coupent la partie blanche des sections).
Coiffe: Fibres de plume de queue de paon.
Épaules: Sections de plume de queue de dinde sauvage à bouts blancs coupés à la demie de leur longueur (facultatif).
Cornes: Une fibre de plume d'œil de queue de paon de chaque côté (facultatif).
Tête: Noire.
Auteur: Andy Barr.

La Bostonnais

Hameçon: Mustad 79580 #4
Fil: Noir.
Queue: Bout de laine rouge.
Corps: Soie floche noire.
Côtes: Lamé plat or.
Ventre: Pincée de poils blancs de queue de chevreuil sous pincée de fibres de plume de queue de paon.
Aile: Poils de queue de chevreuil teints verts sous 4 hackles de poule grizzly.
Tête: Noire.
Auteur: John Allen.

La Branchu (modifiée)

Hameçon: Mustad 79580 #4.
Fil: Fil-Uni 8/0 rouge fluorescent.
Queue: Fibres de plume de pélerine de faisan doré teinte rouge.
Corps : Fourrure orange fluorescent de phoque tournée dans une boucle, puis enroulée sur la hampe de manière à former un corps volumineux (au besoin ventiler la fourrure avec un poinçon).
Aile: Plume de flanc de canard huppé posée à plat sur le corps (moitié de la longueur de la queue).
Épaules: Plume de coq de Sonnerat fendue en deux et retombant de chaque côté de l'aile.
Collerette: Plume de selle de poule brune.
Tête : Rouge fluorescent.
Auteur: Jean-Guy Côté.

La Juneau Rainbow Smelt

Hameçon: Mustad 79580 #2.
Fil: Fil-Uni rouge fluorescent.
Queue: Fibres de plume de flanc à bout noir de canard branchu.
Corps: Lamé plat argent.
Gorge : Généreuse pincée de fibres rouges de hackle de selle.
Sous-aile : Poils blancs sous poils jaunes sous poils lavande de queue de chevreuil.
Aile : 4 Hackles de selle rose pâle.
Coiffe: 8 à 10 Fibres de plume de queue de paon.
Épaule: Plumes de flanc de canard colvert.
Joues: (facultatif) Plumes de coq de Sonnerat.
Tête: Rouge fluorescent.
Auteur: Jacques Juneau.

La Lady Boivin

Hameçon : Mustad 79580 #2.
Fil : Fil-Uni rouge fluorescent.
Queue: Plume de flanc de branchu rayée blanc et noir.
Corps : Lamé argent embossé.
Côtes : Lamé or ovale et fil rouge.
Ventre: Poils blancs de queue de chevreuil.
Gorge: Fibres fou mies rouges de hackle de selle.
Aile: Sections de plume de queue de faisan doré sous poils roses sous poils lavande sous 4 hackles de poule grizzly.
Coiffe : 8 à 10 Fibres de plume de queue de paon.
Épaules: Plumes de flanc de canard branchu.
Joues: Plumes de coq de Sonnerat.
Tête: Fil rouge fluorescent.
Coauteurs: Jacques Juneau et Denis Gervais.

La Crystal Minnow

Hameçon: Mustad 79580 #4, ou équivalent Tiemco.
Fil : Fil-Uni noir.
Ferret: Soie floche rouge fluorescent.
Gorge : Pette pincée de fibres rouges de hackle de selle.
Corps : Tinsel chenille argent ou l'équivalent.
Sous-aile : Quelques poils de queue de chevreuil rouges sous fibres de plume de queue de paon sous fibres de Krystal Flash «Hot Yelllow» ou «Mizste».
Aile : Généreuse pincée de fibres de plume marabout jaunes.
Tête: Noire.
Auteur : Jean Brind'Amour.

Références

» Texte et Photos: Jacques Juneau (2003).
» Magazine Sentier Chasse & Pêche.

Page 11 sur 13