Ron Alcott « La Fièvre des Mouches »

     La plupart des gens le qualifient de monteur Ron Alcott, lui, se dit plutôt fabricant. Sa spécialité: les mouches classiques à aile en plumes.

LA FIEVRE DES MOUCHES Ron Alcott
     « Je préfère le terme de fabricant à celui de monteur » explique-t-il. « J'en ai eu l'idée pour le titre de mon livre, Fabrication de mouches à saumon classiques. Si un charpentier scie une planche de la mauvaise longueur, que fait-il? Il en trouve une autre et il recommence. Il fabrique quelque chose. Je fais de même. »

     Ron s'est initié à la mouche classique il y a une quinzaine d'années. Il avait déjà conquis divers modèles lorsqu'un marchand a proposé de lui en acheter plusieurs grosses à 0,25 $ la mouche. Déclinant l'offre, il a décidé de se lancer dans la construction de mouches traditionnelles à aile en plumes.

     A l'un des participants du Conclave qui lui demandait le nom du meilleur monteur de mouches classiques au monde, il a répliqué: « Je ne crois pas qu'on puisse répondre à cette question parce qu'il n'existe pas de normes. Sans critère de comparaison, comment choisir le meilleur? Je n'ai jamais vu de mouche laide, seulement des mouches aux proportions différentes. Et qui va édicter les proportions idéales? »

     Il a tout de même un faible pour Eric Taverner, monteur anglais qui a produit, en 1935, toute une série de planches en couleurs. « L'élégance des proportions est extraordinaire dans ses illustrations, ainsi que dans les mouches des catalogues Hardy Brothers. »

     A son avis, la plume bronzée du mallard est la plus difficile à manier et l'habileté d'un monteur se voit le mieux à la façon dont il assemble un modèle traditionnel sur un petit hameçon. Il a lui-même réussi cet exploit sur un numéro 6. « Si vous prenez plus petit, » dit-il, « vous devez laisser de côté certaines composantes. »

     Ron nous a montré son talent en bâtissant une parure de son invention qu'il a baptisée « The Colonel's Lady » en l'honneur de l'épouse de feu Colonel Joe Bâtes. Il connaît bien le Canada pour avoir pratiqué et enseigné son art partout dans les Provinces atlantiques, y compris dans l’Île-du-Prince-Édouard qu'il visite chaque année en février. Il a tenu la vedette aux huit Conclaves qui ont jusqu'à présent été organisés. Un modèle traditionnel, qui se vend non encadré 45 $CAN, lui prend entre 1 heure 30 minutes et 2 heures. Il en a construit entre 125 et 150 différents.

     « Le nombre de parures classiques n'est pas illimité et je m'attarde rarement à reproduire le même modèle. J'aime la variété. Si je reçois une commande pour une demi-douzaine de mouches diverses, je m'exécute; mais je ne monte pas la même mouche plusieurs fois de suite. »

     « La clé du succès, c'est la pratique. Il faut en fabriquer quelques-unes chaque jour, en revenant du travail par exemple. »

     Ron se livre à son art principalement à l'automne, en préparation de la période des fêtes et de diverses foires. Mais il consacre aussi une partie de son temps à sculpter des oiseaux chanteurs et à réparer des canots de toile.

Jock Scott
Red Drummund
     Sa philosophie du montage, il la résume très bien dans les premières pages de son livre: « L'enseignement est important parce qu'il donne des résultats remarquables et qu'il contribue à la diffusion du savoir-faire dans le domaine. Plusieurs d'entre vous m'avez demandé de consigner pour la postérité nos conversations, les démonstrations et tous les moments enrichissants que nous avons vécus dans cette classe. J'en suis ému et flatté. Vous m'avez fait le plus beau compliment: celui de m'imiter. »

     Si Ron l'artisan se passionne pour les parures classiques, Ron le pêcheur fabrique aussi des modèles modernes pour taquiner le saumon. « Je monte toujours des mouches à aile en poils pour la Miramichi. J'y ai attrapé tous mes poissons avec une Green Machine. »

référence

» Atlantic Salmon Journal, Autumn 1998.
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