La Matane des années ..70

     Mais qui aurait violé la Matane? Ces milliers de moucheurs? Non! Ce sont les riverains qui, à "tout bout de champ", érigent des chalets et autres bâtiments, avec, bien entendu, la bénédiction du ministère des Terres et Forets, en deçà de la "limite des trois chaines".

     Mais qui donc pollue cette rivière? Ces milliers de moucheurs? Non! Le chapeau de pollution revient, cette fois-ci, au conseil du Village de Saint-René. Le stage tertiaire de l'épuration des eaux d'égoûts, en aval de ce village, n'étant pas terminé, la rivière en subit les détritus. Ajoutons à cette plaie la pléiade de baigneurs, qui profitent des fosses par temps chaud.

     Mais qui abuse de cette rivière? Ces milliers de pêcheurs? Non! La ville de Matane et le ministère des Richesses naturelles, qui ont érigé un imposant barrage et construit, en amont, des iles récréatives, qui, ensemble, ont pour effet de décourager une importante partie de la population de saumons engagé dans la montaison de la Matane, abusent  de cette rivière.

     Non! Reniée par les autorités du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, ceux-là mêmes qui doivent pourvoir à sa saine administration. Depuis plusieurs années, il n'y a eu aucun aménagement, aucune amélioration, si-petite soit-elle, au regard de route d'accès, de stationnements et de facilités à proximité des fosses, ni même aux toilettes et douches du camping à la Barrière John. Quant à la conservation, elle fut réduite cette année. Aucun gardien à la fosse LeBreux, une seule patrouille en camion par quart de travail, à peu près pas de remplacements pendant les absences autorisées des gardiens de la Côte-de-Glaise, du Cap-Seize ou du Tomagodi et, en plus, aucun contrôle à la barrière même du parc!

     Pourtant, la Matane demeure une maitresse adorée par les pêcheurs, qui sont tombés en amour avec elle, qui en ont découvert ses secrets, mais prostituée par certains qui s'en servent comme modèle pour mener à bon terme une campagne en faveur des biens nantis et des quelques priviligiés des clubs privés.

     C'est malheureux, parce que la Matane est cette rivière qui offre un vrai "challenge" au pêcheur. C'est, à mon avis, la meilleure école de pêche que j'ai eu l'occasion de fréquenter. Là, se retrouve, d'année  en année , la crème des moucheurs. Elle est le bastion des pêcheurs de la sèche. La pêche du saumon demande un certain apprentissage et il n'y a pas de meilleur endroit que la Matane Ceux qui ont "gradué" et qui ont vaincu cette rivière , ont appris à connaître ses sautes d'humeur, variations de température, variations de niveau d'eau et j'en passe. Ils ont appris à employer les noyées, de toutes grosseurs, et, surtout, à manier les sèches, des grosses "minounes" aux plus petits spiders.

     La destruction et non l'auto-destruction de ce cours d'eau est amorcée: le ministère des Terres et Forets permet le viol de la "limite des trois chaines". le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche se sert des revenus de la Matane pour combler les déficits de la Saint-Jean et maintenir sanctuaire la Petite Matane, pour le plus grand bien des braconniers à la solde du Bien-Etre Social.

     Malgré que l'on viole la Matane en érigeant des chalets et maisons en deçà de la "limite des trois chaines"; malgré que l'on pollue cette rivière, en restant indifférent face aux déversements d'égouts par le village de Saint-René; et, face à l'intense baignade pratiquée par les gens qui ne la pèchent pas; malgré que l'on abuse d'elle, en créant des eaux mortes en amont du barrage Mathieu-d'Amours ou en gardant le statuquo quant à une passe migratoire, qui n'accomode qu'une partie de la population de saumons qui tentent de la franchir; malgré qu'on lui renie les attentions qu'elle est en mesure de recevoir par la Direction des parcs et la Division de la conservation du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche; malgré la prostitution à laquelle l'assujetissent certains auteurs; malgré tous ces maux qu'elle subit, la Matane demeure, pour moi et ses milliers de visiteurs, une maitresse idéale, adorée, qui a beaucoup à donner à celui qui la respecte.

N.D.L.R.; Il est bien entendu avec l'ami Serge que plusieurs des citations de ce texte n'engagent que l’auteur et ne réflètent pas nécessairement la position du bureau de direction de l'A.P.S.S.Q.