LES SPEY FLY, Pourquoi pas? par Serge Levasseur

     La majorité des pêcheurs sportifs possèdent des boîtes à mouches relativement bien garnies et il faut bien admettre que les saumons se laissent encore séduire par les « rusty rat » « silver doctor » « cosseboom » et j'en passe. Toutefois, certaines conditions de pêche difficiles et surtout changeantes obligent souvent les pêcheurs à faire appel à leur imagination et à utiliser des mouches dites non conventionnelles et qui ont donné de bons résultats dans ces conditions. Plusieurs saumoniers ont déjà vécu ce type d'expérience en début ou en fin de saison lorsque les conditions d'eau en rivière les y obligeaient.

LES SPEY FLY, pourquoi pas?
     Alors, pourquoi ne pas augmenter nos chances en fabriquant et en utilisant des mouches d'un style différent?

     Les monteurs de mouches et les pêcheurs sportifs trouveront dans cet article certaines informations susceptibles d'augmenter leur intérêt dans le montage des mouches « spey » tout en ajoutant de la variété dans leurs boîtes à mouches.

ORIGINE ET UTILISATION

     Originaire d'Écosse, ce type de mouche était et demeure encore très populaire sur certaines rivières de début de saison à débit rapide. Comme le souligne Joseph Bâtes, jr dans son livre « Atlantic Salmon Flies and Fishing », ce serait une erreur de prendre pour acquis que la mouche « spey » doit être limitée à la rivière qui lui a valu son appellation. Certaines rivières du Québec se prêtent en effet à son utilisation et encore mieux, la majorité des rivières possèdent des fosses à courant rapide, lesquelles sont un choix idéal pour ce type de mouches.

     Je pense entre autre à certaines fosses des rivières Bonaventure et York que j'affectionne particulièrement où je me promets de faire tourner la tête de quelques saumons peu habitués à la « spey fly ».

     Les caractéristiques de ces mouches de même que les matériaux utilisés lui donnent une allure toute particulière qui s'adapte à la perfection avec les conditions de pêche que l'on peut retrouver en début de saison. En effet, la sobriété des couleurs utilisées et le mariage des plumes de héron avec les ailes de plumes de mallard ou de dinde de même que la façon de les disposer sur le corps en font une mouche très spéciale et sûrement efficace, à condition évidemment de la mettre à l'eau...

     Traditionnellement, ces mouches étaient montées sur des hameçons de grosseur 7/0 et plus afin de caler plus rapidement et elles utilisaient des hameçons de type « low-water » fabriqués spécialement pour ce type de mouche, lesquels n'existent plus de nos jours. Toutefois, ils peuvent être remplacés par des hameçons « mustad 36890 » lesquels donnent le même résultat.

     Surtout utilisés en début de saison, dans des conditions d'eau relativement rapides, les « spey fly » doivent rencontrer certaines exigences dont:
     — une tête relativement petite;
     — un corps fin et éparse;
     — des ailes assez fines et couchées à l’horizontale sur le corps.

QUELQUES TRUCS DE MONTAGE

     La difficulté à s'approvisionner en plumes de héron, la qualité souvent médiocre de même que la fragilité de ce type de plumes invitent à la prudence et à prendre en considération les quelques trucs qui suivent afin d'assurer un montage de qualité;
     - Les plumes de héron se fixent à l'hameçon par le gros bout et il n'est pas nécessaire ni de les doubler ni d'en détacher un des deux côtés;
     - Dans le cas ou les plumes de héron ne sont pas assez longues ou encore lorsqu'elles doivent être enroulées sur tout le corps, on peut attacher une deuxième plume à la moitié du corps et ainsi terminer d'enrouler le hackle vers l'oeil de l'hameçon;
     - Pour enrouler le hackle, il est préférable d'utiliser la même technique que pour la pose d'un hackle de corps et le disposer à l'arrière du tinsel oval et ce, de façon très délicate;

     Bien que le montage recommande d'utiliser trois tinsel (Jorgensen) le troisième servant à solidifier les fibres sur le corps de la mouche, on peut toutefois l'éliminer à condition d'enrouler le hackle de héron près du tinsel oval et s'éviter ainsi bien des complications inutiles.

LES TOILETTES

La Grey Héron

La Grey Héron
Tête : Fil noir 6/0.
Corps : Le tiers arrière en laine jaune; les deux tiers en laine noire.
Côtes : Tinsel argent plat; Tinsel or oval.
Hackle : Plume de héron gris.
Gorge : Poule de guinée naturelle.
Ailes : Bandes de plume de mallard brun de chaque côté et posées à l'horizontale.

La Carron

La Carron
Tête : Fil noir 6/0.
Corps : Laine orange.
Côtes : Tinsel argent plat; Floss orange/rouge.
Hackle : Plume de héron noir enroulé à partir du 4e tour de tinsel.
Gorge : Plume de flanc de sarcelle.
Ailes:  Bandes de plumes de mallard brun.

La Beauty snow fly (Version allégée)

La Beauty snow fly (Version allégée)
Tête : Fil noir 6/0.
Côtes : Tinsel plat argent, tinsel or oval.
Corps : Fourrure de phoque bleu pâle.
Hackle : Plume de héron noir enroulée à partir du 3e tour de tinsel.
Ailes : Fibres de sabre de paon couvrant la partie du héron qui se trouve au-dessus de l'hameçon.
REFERENCES

     —  Bâtes, Joseph D, jr, 1970. Atlantic Salmon Flies and Fishing, Stackpole Books, Harrisburg, PA.
     —  Jorgensen, Poul, 1978. Salmon Flies, their character, style and dressing, Stackpole Books, Harrisburg, PA.

références

» par: Serge Levasseur
» Salmo Salar #5, Mai-Juin 1986.

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