Ouananiche à la Mouche: Le défi Ultime

     La ouananiche est certes le poisson le plus acrobatique auquel le pêcheur peut espérer se mesurer. En utilisant un équipement de pêche à la mouche, il peut même décupler le défi! L'auteur nous présente ses suggestions pour y arriver.

OUANANICHE À LA MOUCHE: LE DÉFI ULTIME
     La ouananiche (Salmo salar ouananiche, comme-disent les scientifiques) est la soeur jumelle du saumon de l'Atlantique (Salmo salar). En fait, le seul aspect distinctif de ces deux saumons est que la ouananiche est "dulcicole" (elle ne vit qu'en eau douce), tandis que le saumon de l'Atlantique est "anadrome" (il naît en eau douce, va se nourrir dans l'eau salée de l'océan, puis revient frayer dans sa rivière natale).

     Contrairement à la croyance populaire, la ouananiche ne serait pas un saumon anadrome devenu prisonnier des lacs et des rivières à la suite de modifications importantes de la croûte terrestre. Les scientifiques ont actuellement de plus en plus tendance à croire que c'est le contraire qui se serait produit: des ouananiches seraient devenues saumons anadromes, voilà quelques millénaires, tout comme il est arrivé que des ombles de fontaine (truites mouchetées) soient devenus des "truites de mer" en prenant l'habitude d'aller s'engraisser dans l'eau salée.

     Beaucoup d'eau risque encore de couler sous les ponts avant qu'on ne découvre la solution de cette dernière énigme. Quant à moi, pour l'instant, je me contente de savoir que la ouananiche, tout comme le saumon atlantique, prend parfois la mouche artificielle.

     "Pêcher la ouananiche à la mouche?" Je sens que plusieurs d'entre vous, incrédules, soulèvent cette interrogation. Pourtant, je vous l'assure, la ouananiche prend bel et bien la mouche. Bien mieux: après avoir péché la ouananiche et le saumon atlantique pendant tant d'années, je me demande si la ouananiche n'offre pas un combat plus intéressant que son jumeau arrivant de l'océan!

     N'oubliez pas que le saumon atlantique adulte, lorsqu'il fait la montaison de sa rivière natale pour frayer, n'est pas dans un milieu familier: il est à l'étroit dans un si petit cours d'eau, lui qui vient de nager dans l'immensité de l'océan; il n'est pas en bonne forme, lui qui subit des transformations physiologiques importantes et brusques avant le frai. Tandis que la ouananiche connaît bien son environnement et est toujours à son aise dans l'eau douce. D'ailleurs, cette dernière m'a toujours semblé être en meilleure "forme" et offrir une résistance plus vigoureuse que le saumon, surtout en eau calme.

     Mais, baste! Nous ne sommes pas ici pour placoter de biologie ni d'éthologie...

Un défi

     Ce sont deux vieux amis à moi, pêcheurs de saumons par surcroît, qui m'ont "converti", voilà une quinzaine d'années, à la pêche de la ouananiche à la mouche.

     J.B.S. Huard, de Sherbrooke, qui fut pendant plusieurs décennies le chroniqueur de chasse et de pêche du quotidien "La Tribune", pêche la ouananiche à la mouche depuis belle heurette. Il est l'un des plus grands spécialistes de la récolte du "saumon d'eau douce" dans les grands lacs des Cantons de l'Est. Il n'est pas une région du Québec où Sirice Huard n'a pas capturé quelques belles ouananiches.

     Feu François de Beaulieu Gourdeau, "Monsieur Saumon", m'avait vanté, vers la même époque, les fosses de la rivière Ashuapmushuan (ou Chamouchouane), près de Saint-Félicien (au nord-ouest du lac Saint-Jean). François entretenait un respect étonnant pour la ouananiche et me soulignait fréquemment, à l'époque durant laquelle les rivières à saumons étaient pour la plupart "clubbées", que cette dernière était le "saumon des vrais Québécois".

     Si ces deux "maniaques" du saumon prennent autant de plaisir à récolter des ouananiches à la mouche, me suis-je dit, il doit certainement y avoir là quelque chose de particulièrement intéressant à découvrir. Je me suis donc imposé le défi de réussir ce que mes deux vieux amis avaient accompli bien avant moi. Dans ma vie de pêcheur sportif, je me suis fixé comme idéal de goûter au maximum d'expériences tout en donnant le plus de chances possible aux poissons.

L'Ashuapmushuan

L'ASHUAPMUSHUAN
     Au début des années 1970, lors d'une excursion de pêche au lac Saint-Jean en compagnie du cinéaste Bertrand Maltais (Chicoutimi-Nord), je décidai de pousser une pointe jusqu'à Saint-Félicien, histoire d'aller constater sur place comment les "saumons des vrais Québécois" réagiraient à mes mouches.

     C'est à Saint-Félicien que la rivière Ashuapmushuan se jette dans le grand lac Piékouagami (nom autochtone original du lac Saint-Jean). A peu près à mi-chemin entre cette localité et le célèbre jardin zoologique créé par Ghislain Gagnon, la rivière coule en une série de violentes cascades, que les habitants de la région nomment la "chute à Michel". Au début des années 1970, le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche (MLCP) venait de construire là une passe migratoire pour permettre aux ouananiches de remonter plus haut dans l'Ashuapmushuan et de frayer dans la partie amont de la rivière ainsi que dans ses tributaires.

     Le pied de la "chute à Michel" a toujours été un lieu de prédilection pour les pêcheurs de ouananiches du lac Saint-Jean. Malheureusement, depuis quelques années, à cause d'une baisse alarmante du nombre de géniteurs remontant cette rivière (principal frayère pour les ouananiches du la Saint-Jean), il est défendu de pêche au pied de la passe migratoire dans la "chute à Michel"; d'ailleurs, depuis deux ans, il est même interdit de pêche la ouananiche dans toute l'Ashuapmushuan ainsi que dans les autre cours d'eau se jetant dans le lac Sain-Jean.

     Lors de cette excursion là-bas, je m'avançai donc dans les cascades de la "chute à Michel" en marchant sur de: crans de roches et en faisant bien attention de ne pas perdre pied. Puis sous les regards amusés de nombreux autres pêcheurs sportifs qui me considéraient sans doute comme un "touriste qui fait simple", je montai ma canne à moucher et me mis à "fouetter" consciencieusement une fosse au pied des cascades. Les autres pêcheurs présents utilisaient le lancer léger, leur manière habituelle de pêcher.

     Les sourires de mes voisins s'estompèrent lorsque je pris une belle ouananiche pesant plus de deux kilos (quatre livres) à l'aide d'un streamer Mickey Finn. Quelques-uns s'approchèrent même de moi, un peu plus tard, pour regarder mes mouches de plus près... après ma troisième prise de la journée! J'en remarquai qui tentaient de mémoriser les noms de mes autres mouches chanceuses: Magog Smelt et Gray Ghost; ils voulaient aussi en savoir plus long à propos des autres streamers dans mes boîtes à mouches: Muddler Minnow, Light Edson Tiger, Royal Coachman, Pink Lady, etc.

     Ce soir-là, au restaurant "Chez Mélodie" de Saint-Félicien, je me souviens avoir rencontré un vieux pêcheur du coin, lui aussi adepte de la pêche de la ouananiche à la mouche; il se souvenait avoir vu les touristes américains pêcher à l'artificielle, au début du siècle, et il avait décidé d'adopter leur méthode de pêche, avec succès. Qu'il était donc content de pouvoir parler avec un autre "moucheux" et qu'il était heureux aussi de constater qu'il n'était pas le seul à "faire simple" au pied de la "chute à Michel"...

     Ce vieux monsieur récoltait des ouananiches à la mouche avec une relative facilité, me conta-t-il, en employant de grosses mouches noyées (n° 2 ou n° 4): Red Ibis, Yellow Sally, Mickey Finn, White Miller, Laurentide Park, Alexandre, Parmachene Belle, Montréal Dark, Silver Doctor, Silver Wilkinson, etc. Les vieux "moucheux", ceux qui péchaient la truite mouchetée dans l'ancien parc provincial des Laurentides après la deuxième Grande Guerre (alors que seule l'utilisation de la mouche artificielle y était autorisée), se souviendront que ces modèles de mouches étaient les plus répandus et les plus populaires de l'époque.

À la sèche

     En juillet 1974, lors d'une excursion sur le grand lac Saint-Jean en compagnie du biologiste René Lesage du MLCP, je péchais à la traîne le long de la berge ouest du lac, entre la "pointe" de Chambord et Roberval. Le lac Saint-Jean, cette journée-là, était calme comme une mer d'huile et les ouananiches ne semblaient pas vouloir mordre. Nous décidâmes de nous approcher de l'île aux Couleuvres, au large de Roberval, question de voir si la situation n'y serait pas différente.

     En nous approchant de l'île, quelle ne fut pas notre surprise de voir des ouananiches bondir hors de l'eau ou "marsouiner" à la surface, la dorsale fendant l'onde comme celle d'un requin. En y regardant de plus près, nous avons constaté que les saumons venaient gober des éphémères en surface.

     Le temps d'attacher une mouche sèche à mon avançon, une Brown Wulff (l'une de mes préférées), et de procéder à quelques lancers en direction des ouananiches, j'étais "connecté" à un beau gros saumon. C'était la première fois que je réussissais à récolter une ouananiche à la mouche sèche, ce que je n'avais pas cru possible antérieurement.

     Le biologiste Claude Delisle, un grand amateur de pêche, a déjà expliqué dans SENTIER CHASSE-PÊCHE (mars 1982) que la ouananiche ne se nourrit pas uniquement de poissons-fourrage  (ciscos, corégones, ouitouches, éperlans), mais qu'elle se gave aussi d'insectes (éphémères, plécoptères et trichoptères) lorsque l'occasion se présente. La ouananiche peut donc mordre à des imitations artificielles de ces insectes.

     Prendre ce saumon d'eau douce à la sèche m'a procuré des moments aussi exaltants que la récolte des saumons atlantiques à la sèche dans des rivières de la Gaspésie et de la Côte-Nord. Si vous n'avez jamais vécu pareille expérience, tentez d'imaginer ce que peut représenter une truite mouchetée de cinq, six ou sept livres gobant une petite mouche flottant à la surface de l'eau, alors que vous péchez avec une canne minuscule et ultra-légère. Je vous souhaite de vivre une aventure semblable: je suis persuadé que vous en parlerez pendant des années...

En Estrie

     Dans les rivières et les lacs situés au sud du Saint-Laurent (Cantons de l'Est et États américains de la Nouvelle-Angleterre), ce sont surtout des ouananiches introduites par l'homme que vous pourrez pêcher. Ces plans d'eau se réchauffent beaucoup plus rapidement, à mesure que progresse la saison de pêche, que ceux situés plus au nord.

     En début de saison, dans les Cantons de l'Est (lacs Memphrémagog, Mégantic, Massawippi, etc.), les ouananiches se tiennent à proximité des embouchures des ruisseaux et rivières où vont frayer les éperlans, afin de s'en gaver. Lorsque ceux-ci ont terminé le frai et viennent mourir dans le lac, ce sont dans les environs de ces bandes d'éperlans morts, flottant alors le ventre en l'air, ou mourant que se tiennent les ouananiches. À cette période de l'année, je pêche comme me le conseillait mon vieil ami Sirice Huard, soit en utilisant des streamers Magog Smelt, Rainbow Smelt ou Gray Ghost. Il s'agit de les faire caler à quelques centimètres sous la surface et de les ramener par saccades.

     Mais, dans ces plans d'eau situés au sud du Saint-Laurent, les ouananiches regagnent assez rapidement les profondeurs (vers la fin de juin), ne remontant que rarement en surface (pas avant le début de septembre); les saumons d'eau douce suivraient les déplacements des poissons-fourrage, surtout ceux des éperlans.

     Durant l'été, lorsque les eaux sont plus chaudes et moins oxygénées en surface, et lorsque les ouananiches nagent plus en profondeur, quelle serait la méthode de pêche à la mouche la plus efficace? Celle utilisant une soie à moucher dont l'extrémité est calante: au bout de votre avançon (d'une résistance de six, huit ou dix livres, c'est amplement suffisant), attachez un streamer (n° 4 ou n° 6) que vous lancez et laissez caler: ramenez ensuite votre soie en tirant par saccades. Les ouana¬niches sont excitées par des mouches qui bougent rapidement comme des petits poissons en fuite. Si vous péchez à la traîne, employez encore là une soie à bout calant que vous laisserez dériver à quelque 23 mètres (75 pieds) derrière l'embarcation.

     En début de saison, on pêche plus près des rives, en n'oubliant pas de rechercher les embouchures de ruisseaux et de rivières. Plus tard durant l'été, on s'éloignera des berges et on péchera plus en profondeur. Mais il ne faut pas oublier non plus que les ouananiches remonteront des profondeurs, surtout lorsque l'eau est calme (tôt le matin ou tard le soir) pour profiter des éclosions d'insectes à la surface de l'eau.

     Un phénomène que connaissent les habitués de la pêche de la ouananiche dans les grands lacs des Cantons de l'Est, c'est l'apparition de bancs d'éperlans à la surface de l'eau et au milieu du lac, au mois d'août; ces poissons, nés durant le printemps, se tiennent en rangs serrés. Sirice Huard m'a raconté que ces éperlans, fuyant devant de gros prédateurs, font littéralement bouillonner la surface du lac! Un pêcheur à la mouche peut alors profiter de l'occasion pour récolter de belles ouananiches, en utilisant des streamers imitant les petits poissons {Magog Smelt, Rainbow Smelt, Grey Ghost toujours); la mouche doit descendre de 90 à 120 cm (trois ou quatre pieds) seulement sous la surface, de préférence un peu plus bas que les vrais éperlans (pour que les ouananiches soient tentées de mordre votre mouche en tout premier lieu, avant de s'attaquer aux vrais éperlans nageant un peu plus haut.

     Les habitués de la pêche dans les grands lacs situés plus au nord devraient imiter les "moucheux" des Cantons de l'Est et profiter de cette "manne" providentielle que représente la présence des éperlans. Je pense à ces sportifs qui fréquentent les lacs Saint-Jean, Kénogami. Tchitogama,
Péribonka, Mékinac, Tremblant, etc. Dans ces derniers lacs, où les eaux sont plus froides pendant une plus longue portion de la saison de pêche, les ouananiches sont souvent plus près de la surface que dans les lacs situés au sud du Saint-Laurent.

Au lac Duhamel

     Au cours des dernières années, j'ai fréquemment eu l'occasion de pêcher la ouananiche dans le lac Duhamel, un de mes endroits de pêche préférés au Québec. Ce lac, situé à quelque 370 kilomètres au nord-est de Québec et à une trentaine de kilomètres à l'est du grand lac Péribonka (au nord du barrage hydro-électrique de Chute-des-Passes) est exploité sous bail de droits exclusifs. Le décor est à faire rêver: la plupart du temps calme comme une mer d'huile, le lac Duhamel ressemble à une minuscule vallée de la Jacques-Cartier (au nord de Québec) ou bien à un petit lac Walker (réserve faunique de Sept-îles/Port-Cartier). Le Duhamel offre une population de ouananiches indigènes et, à la connaissance des experts, c'est là qu'on récolte régulièrement les plus gros spécimens du Québec.

     Au début d'août 1985, Jean-Claude Nadeau (employé de Sears à Québec), y a pris une ouananiche de 7,5 kilos (16 1/2 lb) (page couverture de ce numéro). Quant à moi, ces dernières années, j'y ai vu des pêcheurs capturer des ouananiches pesant entre 4,5 et 6,5 kilos (10 et 14 lb).

     En août 1984, lors du tournage d'une émission Chasse et Pêche pour le réseau Télé-Capitale ltée, André Boucher (de Charlesbourg) récoltait une ouananiche de 6 kilos (13 1/4 lb) avec un streamer Magog Smelt n° 4 attaché à un bas-de-ligne d'une résistance de... quatre livres! Il faut le faire! Bien plus, Boucher utilisait une canne en graphite mesurant six pieds et demi et pesant une once et un huitième pour lancer une soie n° 4 (une Flea Rod de Orvis). Si vous n'avez pas vu l'exploit à la télévision, vous avez certainement vu la photo de Boucher et de sa ouananiche en page frontispice de SENTIER CHASSE-PÊCHE (en avril 1985). Ce fut le record nord-américain pour la ouananiche en 1984.

     Au bout du quai, en face des camps du lac Duhamel, il y a une fosse créée par la jonction des rivières Duhamel et Manouane. Lorsque lelacestcalme.ee qui est fréquent, on peut y voir sauter les ouananiches ou les voir marsouiner en surface pour gober des insectes. Quel spectacle féérique, surtout au petit matin lorsque la brume recouvre encore le lac! Vous prenez votre petit déjeuner et là, à environ 60 mètres de votre table, les saumons viennent vous souhaiter le bonjour!

     De ce quai, j'ai pris des ouananiches à l'aide de mouches à saumons minuscules: Ingall’s Butterfly (n° 10 et n° 12), Black Heron (n° 10, n° 12 et n° 16). Une fois, au grand étonnement du gardien Allan Walsh (de lac Saint-Charles) et de mon compagnon Ghislain Bizier (d'Ancienne-Lorette), j'ai piqué une ouananiche avec une Brown Wulff n° 10. Mon compagnon Gérard Bilodeau (de Lévis), quant à lui, a récolté des ouananiches pesant entre un et deux kilos (deux et cinq livres), toutes à la mouche. André Boucher (de Charlesbourg) en a pris quelques-unes sur des Brown Hornburg flottant à la surface.

Pour l'avenir

     Les quelques faits mentionnés plus haut auront peut-être réussi, je l'espère sincèrement, à vous "convertir", vous aussi, à la pêche de la ouananiche à la mouche.

     Quoi qu'il en soit, je vous souligne que l'utilisation des "ménés" est maintenant interdite pour la pêche de la ouananiche dans la région du lac Saint-Jean. Cette interdiction d'utiliser des poissons-appâts, morts ou vifs, s'étendra progressivement, au cours des prochaines années, à la presque totalité des plans d'eau de la province. Pourquoi attendriez-vous à la toute dernière minute pour vous familiariser avec une autre technique de pêche? Serez-vous parmi les derniers à vous mettre à la mode?

     La pêche de la ouananiche à la mouche, une fois que vous y aurez goûté, deviendra pour vous un défi constant que les vrais passionnés de la pêche sportive relèvent depuis longtemps. Ils connaissent de ce fait des jouissances dont se privent ceux qui s'en tiennent encore à des méthodes de pêche plus prosaïques. Il n'en tient qu'à vous d'atteindre ce plaisir ultime!

Références

» Texte & Photo: André-A. Bellemare (Avril 1987).
» Magazine Sentier Chasse & Pêche.
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