A Propos des Cannes Longues

     J'ai lu avec amusement, dans Saumons Illimités n° 54, l'article de M. François Chouinard qui prétend régler ses comptes en s'attaquant aux Français équipés de cannes longues, mais qui, du même souffle, nous dit qu'il a eu autant de problèmes avec certains Québécois équipés de cannes courtes, ce qui n'a pas le mérite de faire avancer le débat d'un iota.
 
     Je relève par ailleurs dans cet écrit un certain nombre d'inexactitudes et d'omissions, par ignorance ou mauvais esprit, ce qui m'incite à remettre les pendules à l'heure juste.
 
     Lorsque je dis que le « pseudo code d'éthique » n'a aucune valeur juridique, je ne fais qu'énoncer une vérité qui n'est peut-être pas connue de tous, mais qu'il ne faut pas sortir du contexte où elle est dite. Cela ne veut pas dire que certaines règles de bienséance ne soient pas valables, en particulier la rotation, à laquelle je me conforme avec plaisir. Ce contre quoi je m'insurge, c'est le fait que, sous prétexte d'un soi-disant code d'éthique modifiable à merci, on tente d'imposer des règles absolument aberrantes et discriminatoires. Dans ce cas précis, tout individu épris de liberté a le droit et le devoir de ne pas s'y conformer. En fait, lorsqu'on lit attentivement l'article de M. Chouinard, qui commence par « Je n'ai rien contre les cannes longues... j'aimerais bien en posséder une...», on s'aperçoit bien vite que sa critique est plutôt une charge contre les pêcheurs français que contre les cannes longues et c'est ça la discrimination, même si elle est déguisée en vertu offensée ou en revendications égoïstes.
 
     M. Chouinard laisse aussi entendre que mon action est motivée par un intérêt mercantile lorsque je dis: « On ne peut pas avoir l'argent des pêcheurs étrangers sans les laisser pêcher avec la canne de leur choix ». Mais il ne dit pas que ces mêmes étrangers payent le double du prix leur permis provincial et également leurs droits d'accès, ce que les pourvoiries n'exigent pas. Enfin, ce qu'il semble oublier, c'est que j'ai vendu mes parts dans Natashquan Safari et que je n'organise plus de voyages de pêche au Québec depuis plusieurs années, ce qui ne m'empêche pas de donner mon temps et mon argent pour des restaurations de rivières à saumon telles la Jacques-Cartier, les Escoumins, la rivière Etchemin et l'Allier en France et ça aussi il faut le prendre au pied de la lettre car il ne suffit pas d'être un simple prédateur pour avoir voix au chapitre.
 
     Les pêcheurs français auxquels j'ai fait connaître les rivières du Québec, et qui reviennent chaque année, représentent un apport économique important pour le tourisme régional, cela vaut bien un peu de tolérance... non ? L'histoire que vous nous racontez, M. Chouinard, est bien banale, en soixante ans de pêche du saumon, je l'ai vécue moi-même des dizaines de fois avec des pêcheurs de toutes nationalités, péchant avec des cannes de toutes longueurs. L'enfer dont vous parlez, ce n'est pas les cannes longues, votre enfer c'est les autres et il est pavé de bonnes intentions comme les vôtres.
 
     Alors, de grâce, informez-vous un peu, allez un peu pêcher le saumon à l'étranger pour apprendre; le prix diffère selon la qualité du parcours et de l'époque, mais il est le même pour tous et, surtout, faites-vous plaisir en achetant une canne longue puisque vous en avez envie. Un dernier conseil: à l'avenir lorsqu'un individu mal embouché vous fera ch... royalement, faites comme moi, allez pêcher ailleurs, un bon pêcheur ne prend pas tous ses saumons dans le même trou. Mais vous pouvez aussi prendre un bateau, dans ce cas, ce sera vous qui ferez ch... les autres, sur la Matapédia, ça se fait couramment et le code d'éthique rien dit pas un traître mot. Quel dommage!
 
Évolution ou révolution sur les rivières...?
 
     J'ai récemment appris que la Société de gestion des rivières Grand Pabos et Petit Pabos vient de prendre une décision que l'on peut qualifier d'historique : désormais, les pêcheurs de saumon désireux de fréquenter ces deux belles rivières, qu'ils soient résidants ou non résidants, paieront leurs droits d'accès le même prix. La Société se joint ainsi à Corporation de développement de la rivière Madeleine qui offre aussi la pêche à tous au même coût.
 
     Bravo à ces gens ! Par cette décision, vous faites la démonstration de votre sens de l'équité et de la démocratie à l'heure de la mondialisation.
 
     Les pêcheurs étrangers apprécieront sûrement votre ouverture d'esprit et votre accueil. Comptez sur nous pour les informer et les orienter vers vos rives.

référence

» Par Guy-Noël Chaumont
» Saumons illimités   Automne 1999.
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