Un Hommage au Cuisinier Poète

     Je dédie respectueusement ces quelques commentaires à l'ami Gilles Shooner, grand gastronome devant l'Éternel. Ce dernier pourra constater, comme je l'ai mentionné dans la chronique Art & littérature, que monsieur A.N. Montpetit, auteur de Les Poissons d'eau douce du Canada, enregistré en l'année 1897, a su lier merveilleusement gastronomie, prose et poésie. D'ailleurs Gilles, ce n'est pas le talent qui manque, pourquoi ne tenterais-tu pas, toi aussi, d'allier gastronomie, prose et poésie dans la confection d'une recette en l'honneur de Salmo salar ? Le défi est lancé. À toi maintenant de le relever !

Un Hommage au Cuisinier Poète
     En attendant, je ne doute pas que le style de cette recette de matelote d'anguilles saura être pour toi source d'inspiration. Cela dit, trêve de mots et, avec Montpetit (p. 299), pénétrons dans une cuisine où miroitent des cuivres étincelants. Et, maintenant, écoutons et contemplons :

     [. . .] Dans le chaudron qui brille, chauffe le beurre et murmure l’ognon, le champignon est prêt et l’ail attend; un bouquet de thym et le persil repose dans une soucoupe blanche. Notre cordon bleu villageois choisit, prépare et coupe en morceaux ses poissons; carpe, anguille, brochet, que sais-je encore ?

     Au beurre et aux ognons qui mijotent, qui se dorent dans le chaudron posé sur la flamme légère qui pétille, on ajoute le sel, poivre, ail, champignons; puis on verse crânement un bon broc de vin rouge agrémenté de deux verres de cognac. Quand l’ensemble est à point, on ajoute le poisson [. . .]

     Mon cher Gilles, voilà pour la prose. Quant à la poésie, inspirons-nous, tout comme Montpetit, du poète cuisinier Achille Ozanne qui, dans ses Strophes gourmandes (p. 300), chante sur sa lyre d'or la cuisson de la matelote (p. 300) :

     [. . .] Bientôt l’alcool s’échauffe, il s’allume, il flamboie;
Changeant la matelote en un grand feu de joie;
Alors, quand tout d’éteint, on met pour finir;
Un beurre mariné. C’est prêt Il faut servir
[. . .]

     Pour tout dire, si la prose et la poésie de Gilles s'avèrent dignes de Salmo salar, Saumons illimités aura tôt fait de réserver à sa recette la place qu'elle mérite ! Bref, pour tout dire, en matière de gastronomie, de prose et de poésie, Shooner devrait être au Québec ce qu'Ozanne est à la France ! Et ce, à la plus grande gloire de Salmo salar !

références

» Par François Chapados
» Saumons illimités #69, Été 2004.
Page 16 sur 18