Conclusion.

     Aujourd'hui, au moment où je termine ces lignes, je crois vivre le printemps. Il est là, sa pluie fondant la neige de mon parterre; mais demain reviendra le froid. Ce temps de l'année, prélude du dégel des glaces, a quand même sa raison d'être. Pour le moucheur, il signifie le repos mais aussi le moment de renflouer ses étuis et ses boîtes à mouches. Il prend place devant son étau, choisit un hameçon nu, un camail et une pincée de fourrure. Il s'inspire de l'éphémère qu'il a vu le jour du bal des truites au pied du barrage. Délicatement, il habille sa mouche; celle-ci prend forme et se révèle entre les mâchoires de l'étau, une parfaite reproduction classique de l'Éphemerella subvaria. Fier de son artificielle, il la place dans sa main, il ferme les yeux et laisse son imagination l'emporter. Celle-ci le conduit au 25 mai. Jour d'euphorie, les Hendrickson percent de partout. D'une main tremblante, il façonne un noeud et le barre. Ii fixe une truite, là-bas, en ligne avec l'épinette.

     Sans l'affoler, il lui présente son chef-d'oeuvre. Un glaçon se détache du toit et se brise au terme de sa chute. Notre rêveur nous revient, au pays de la neige.

     Serge-J. Vincent - 26 janvier 1977.

Les sèches

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