Quand le Saumon Mord-il ? (1)

Le Compagnon-Guide

     Quand le saumon mord-il ? Ce thème des derniers congrès de la Fédération servira de prétexte pour vous présenter, à compter de la présente revue, des histoires vécues à la pêche au saumon; histoires qui nous fourniront des indicateurs de réussite lors de la pratique de cette activité. Alors, sans prétention, place à la capture...

Quand le Saumon Mord-il ? Le Compagnon-Guide
     J'accompagnais une amie sur la York. Nous nous sommes présentés à la rivière vers les sept heures; il y a une voiture à la fosse où nous voulions commencer. Peu importe, nous allons faire une rotation avec ce ou ces pêcheurs. A notre arrivée à la fosse, nous constatons que les deux pêcheurs s'apprêtent à quitter. « Il n'y a pas de saumon ici ce matin.», nous dit l'un d'eux. Après quelques échanges de courtoisie, nos deux amis quittent pour une meilleure fosse. La luminosité est maintenant suffisante pour détecter la présence de saumon, s'il y en a. Je grimpe dans le flanc abrupt de la rive. A bonne hauteur, je scrute le fond de la rivière et mes yeux découvrent tout de suite trois gros saumons bien placés, tout juste de l'autre côté du fort rapide qui longe notre rive. Je fais signe à mon amie de faire un passe.

     Lorsque la mouche est « à portée des saumons » l'un d'eux se lève, vient à la surface et suit la mouche jusqu'à la rive... puis retourne à sa position. L'exécution d'un deuxième lancer au même endroit provoque la même réaction du saumon. La pêcheuse s'apprête à descendre d'un ou deux pas, je lui dis de rester sur place et d'exécuter un troisième lancer car elle a levé un saumon. La mouche se déplace et pour la troisième fois Salar fait une balade jusqu'à la rive puis reprend lentement son poste de repos. La pêcheuse lève la tête, ses yeux m'interrogent... Ne sachant trop que lui dire, je lui fais signe de la main de lancer à nouveau au même endroit. La soie se déroule derrière la pêcheuse et... la mouche s'accroche dans une branche d'arbre. 

     La saumonière se rend détacher l'attrait pendant que je descends la rejoindre. Brèves discussions, puis je retourne à mon observatoire pendant que la pêcheuse descend vers les saumons: un lancer, un pas... Dès que la mouche atteint la trajectoire provocatrice, la canne ploie sous l'attaque du 25 livres...

     En une autre occasion, je guidais un pêcheur et comme à l'habitude, mes yeux ne quittaient pas la mouche ou du moins, l'endroit où elle devait se trouver. Il devait être plus de dix heures quand une pompier prit du service; inlassablement, elle décrivait un arc de cercle trois ou quatre pieds en aval de la trajectoire précédente lorsqu'un beau saumon sort de l'ombre, colle son nez sur la mouche puis plonge vers ses ténèbres. Je signale au pêcheur de ne pas bouger; je me rends près de lui, enlève la pompier pour une autre plus petite et demande à mon client d'exécuter un ou deux lancers à court (3 à 6 pieds de soie en moins) puis un lancer pleine longueur. Sur ce dernier lancer, le pêcheur doit relever la canne et engager le combat... Les histoires de ce genre sont nombreuses et méritent qu'on en tire certaines leçons.

     D'abord les pêcheurs sont généralement par groupe de deux (et il y a de plus en plus de couples) à la pêche. Alors pourquoi les deux pêcheurs fouetteraient-ils en même temps toute la journée?

     Ne vaudrait-il pas mieux en certaines occasions que l'un des deux suive la mouche des yeux pour aider sa compagne ou son compagnon de pêche? En fait, chacun des deux pêcheurs pourrait agir comme compagnon-guide de temps à autre surtout aux endroits les plus susceptibles d'avoir du saumon. Certains diront: « Oui mais celui qui guide n'a aucune chance d'attraper un saumon alors que s'il péchait, nous (l'équipe des deux pêcheurs) aurions deux fois plus de chance d'en capturer au moins un! ».
Peut-être aurez-vous raison de temps à autre, mais je ne suis pas convaincu du tout et loin de là qu'il faille fouetter d'une noirceur à l'autre et à deux cannes pour avoir du succès. Un de mes amis me disait au dernier congrès de la FQSA: « Moins je pêche, plus je prends du saumon... ». Bien sûr que lorsqu'il ne pêche pas, il ne va pas se coucher, il observe... nous y reviendrons. En attendant, rappelez-vous les deux cas vécus décrits précédemment: dans chaque cas, il n'y aurait probablement pas eu de capture ce jour-là ou à tout le moins, il n'y aurait pas eu de capture au moment où elles ont eu lieu... s'il n'y avait pas eu de « guide » ou de « compagnon-guide ».

     A suivre...

référence

» Texte et photo Clermont Grand'Maison
» Salmo Salar #36, Automne, Septembre 1994.
Page 6 sur 10