Chapitre IX

     NOTE: La BI-VISIBLE peut être montée dans toutes les couleurs, cependant toujours la terminer à l'avant par une daguette de coq de couleur contrastante de celles utilisées pour monter la palmure.

     Tôt dans les années 40, un ami et compagnon de pêche de Hewitt, George Leonard Herter, propose une version plus colorée de la BI-VISIBLE, la MONARCH BI-VISIBLE. En 1969, Henter et sa femme Berthe E. ont déjà à leur actif la rédaction de plus de 15 bouquins, dont quelques-uns édités à plusieurs reprises. Les Herters publient toujours leurs ouvrages à compte d'auteur. Les sujets qu'ils touchent sont très variés: la pêche à la mouche ou au lancer, les leurres, les fusils et carabines, les recettes, les vins, la taxidermie, etc.

     Le regretté Wall Dette, le meilleur monteur de mouches sèches que j'ai connu, nous proposa une BI-VISIBLE, la KATTERMAN. Non pas WATERMAN, car ce n'est pas une plume fontaine ou un sourcier, mais bien une mouche, mouche issue de la rencontre de la BROWN BI-VISIBLE et de la RENEGATE. Les Dette utilisent toujours du fil #8/0 non ciré produit par Fil Uni. Ils le cirent eux-mêmes en le traitant avec une formule qui n'est connue que d'eux seuls. D'après Jean-Guy Côté, qui fut l'un des privilégiés à avoir accès au laboratoire des Dette, la composition de la recette de la cire est à base de graisse d'ours et d'arcanson. Une fois traité, le fil devient d'une couleur tirant sur le caramel; c'est pour cette raison que tous sont persuadés qu'ils montent leurs mouches avec du fil de couleur caramel.

     Une mouche de la même espèce que la BI-VISIBLE, qui semble aussi efficace à certaines occasions, est la TRI-COLORE. Il s'agit d'une adaptation d'une mouche française créée, à ce que l'on dit, vers 1910. Elle est l'oeuvre d'un percepteur d'impôts de la Guinée, colonie française à cette époque. Cette mouche est reprise en 1932 par André Ragot. Dans les années qui suivent, Henri Bresson, que les Français considèrent comme un preneur de poissons, un "viandeux" comme on dirait au Québec, et un esprit dénué de tout complexe, veut une mouche flottant très haut et efficace dans à peu près toutes les circonstances. Il faut comprendre que Bresson vit de sa canne et qu'il cherche un modèle original et pouvant se commercialiser. Sans connaître les antécédents, il réinvente la CHENILLE, qu'il baptise FRENCH TRI-COLORE, ce qui n'a pas dû plaire à Ragot. Nous trouvons quelques toilettes de TRI-COLORES dans un livre qui m'a été offert par le regretté Jean-Paul Dubé: "Répertoire des Mouches Artificielles Françaises", du docteur Jean-Paul Pequegnot. Ce livre, très rare aujourd'hui, porte le numéro 2430 de 2500; l'auteur l'a remis lui-même à Jean-Paul, lors d'un séjour de pêche sur les rivières de Gaspésie.

     Toutes les variations de couleur sont permises. Il est cependant, préférable de toujours terminer le chenillage du corps par des enroulements de daguettes de couleur claire, pour que le pêcheur puisse suivre la mouche plus facilement.

     Depuis le temps que je monte des mouches, j'ai accumulé bon nombre de camails de coq, sur lesquels il ne reste plus que les toutes petites daguettes ou lancettes: celles dont on ne se sert jamais. Un certain soir, en vérifiant les matériaux dont j'avais besoin en vue de placer une commande chez mon fournisseur, Marie-Claude me demande ce que je peux faire avec ces plumes.

     Et bien voici la BOULE, la mouche sèche la plus facile à monter. Et combien efficace! De plus, elle possède toutes les qualités recherchées par le saumonier. Elle flotte haut; ne cale pas du tout; elle pourrait nous lever le pied si elle était plus grosse et si nous marchions dessus; elle court sur l'eau et se rit des rapides et saute sur l'eau blanche; elle trouve même le moyen de gambader lorsque toute la ligne est rendue au bout de sa course, et est très facile à suivre par le pêcheur. Presque la mouche parfaite!

     Je monte la BOULE dans toutes les couleurs naturelles des camails de coqs produits par les maisons METZ ou HOFFMAN; parfois, je mélange deux couleurs, comme par exemple, grizzle et brun roux. De plus, il est rare que je la monte sur un hameçon plus gros que #6. Pour les mouches montées sur des hameçons #12, #14, et #16, je préconise l'emploi de daguettes prélevées sur des camails "Hofmann", parce qu'elles sont beaucoup plus longues. De plus, les barbes de cette plume sont de même hauteur sur presque toute la longueur de la daguette.