Chapitre XXI

     Les mouches utilisées par ces braves semblent être les sèches classiques que nous connaissons chez nous: WULFF, IRRESISTIBLE, RAT-FACED MACDOUGAL. Cependant, les saumoniers britanniques utilisent aussi les mouches des monteurs locaux, ou apportent des modifications aux mouches de chez nous. Nous retrouvons, par exemple une BLACK BOMBER, avec la queue et les ailes rouges; il semble qu'elle est appréciée sur les rivières du nord de l'Écosse, là où l'eau devient parfois couleur de tourbe.

     Ces pêcheur montent et utilisent une mouche qu'ils nomment DRAPPING. C'est une mouche qui ressemble étrangement à nos BI-VISIBLES, avec une touche de BOMBER. Elle est populaire sur les rivières d'Écosse et d'Irlande.

     Tout comme bien des saumoniers québécois, les British utilisent parfois des mouches à truite montées de façon plus robuste. Sur la Dee par exemple, on pêche avec la GOLD-RIBBED HARE'S EAR, la SILVER MARCH BROWN, la PALE EVENING DUN, la GREEN DRAKE. Certaines fois, un monteur combine deux mouches à succès, ce qui donne parfois des mouches hybrides fort intéressantes. Derek Knowles a réussi à créer une GREEN BROLL y en faisant coucher ensemble la YELLOW DOLLY et la GREEN BUCK BUG. Parfois, d'autres monteurs, comme Darrel Martin, sont plus téméraires, et ils montent des mouches qui, à première vue, ne semblent pas adaptées pour tenter le saumon, exemple la DETACHED-BODY DRY FLY.

     Le Danemark est l'un des plus petits pays d'Europe, et les Danois ne sont pas reconnus comme un peuple pêchant le saumon sportivement. Cependant, nous pouvons les reconnaître comme des monteurs de grand talent. Se sont des pêcheurs qui préfèrent pêcher ailleurs que chez eux. Les rivières sont plutôt courtes et coulent en terrain peu accidenté; les plus importantes portent les noms de Fladsâ, Vida, Omme A et Gudend. Les quelques saumoniers qui pêchent dans ces rivières semblent avoir tendance à utiliser les mêmes mouches que les autres pêcheurs scandinaves, la SILVER DOCTOR, la KAKTUS, la BORCHGREVINK'S FANCY, par exemple. Cependant, au cours des années 20, Olav Krogsgard et J. Kr Findal présentèrent une famille de mouches nommée KROGSGÄÄARD, qui comprend neuf mouches.

     En Finlande, trois rivières seulement sont reconnues comme rivières à saumon, la Näätämöjoki, la Tornio et, la plus connue, la Tenöjoki aussi nommée Tana. Cette rivière située à l'extrême nord de la Finlande est l'une des plus réputées d'Europe. Elle sert aussi de frontière avec la Norvège. Le plus gros saumon jamais pris à la mouche fut capturé par un postier norvégien du nom de Hendrickson: il pesait soixante-dix-neuf livres et fut pris sur la rive norvégienne de la rivière. Il semble que les saumoniers finnois aient une préférence pour les mouches de type WULFF, comme la ABBEY FLY et la LENSMANNSFLUA.

     Le saumon est complètement absent des rivières suédoises, premièrement à cause des travaux d'hydroélectricité et ensuite, du fait de la pollution industrielle et aussi de la pêche en haute mer. Cependant, la truite de mer, parfois extrêmement grosse, recommence à fréquenter les rivières de la mer Baltique, la Eman, la Angermanälven, la Indalsälven , la Mörrum et la Lvckebyän. Tous espèrent le retour du saumon pour bientôt. Bien que les saumoniers suédois utilisent aussi les mouches de type WULFF, certains comme Jan Grünwald montent des mouches spécifiques à leurs rivières, la MÖRRUM FLY, la BLACK SHANK.

     Le paradis européen pour le pêcheur de saumon atlantique est la Norvège. D'après les renseignements obtenus, quelques rivières sont peuplées de saumons très gros mais en petit nombre; dans d'autres, on trouve des saumons de bon volume en nombre respectable; et dans d'autres encore, des petits saumons et des madeleineaux en quantité. Les rivières portent les noms de Tana, Otra, Marsen, Orkla, Lâgen, Altaelv. Ce sont des rivières fréquentées par l'aristocratie européenne et surtout anglaise, depuis le milieu du XVIIIe siècle.

     Nous pouvons, pour le bénéfice du pêcheur de saumon désirant tenter de prendre du saumon en Islande, diviser cette île en deux régions. La première à l'ouest, près de la capitale Reykjavik, et l'autre, la côte nord de l'île. On compte soixante- quatre rivières, dont vingt ont très bonne réputation, plusieurs des autres sont des rivières dont l'eau est trop opaque pour offrir de bonnes conditions de pêche, car le plus souvent, des morceaux de glace descendent et cela devient dangereux. Rivières au débit rapide et constant, dû la pente, elles sont généralement très enrochées. La saison ne dure que dix semaines et bien qu'il fasse clair près de vingt-quatre heures par jour, la pêche n'est permise qu'entre 7 a.m. à 22 p.m. La température de l'eau n'excède jamais 60°. Il semble que les mouches plus petites que #6 ne sont que rarement utilisées et que les mouches sèches ne trouvent pas preneur. Cependant, ceux qui les utilisent en ont pour leur argent.

     Les saumoniers locaux, tant norvégiens qu'islandais, semblent appécier les mouches sèches que nous utilisons chez nous. Cependant certains autres, surtout ceux qui montent leurs propres mouches, sont plus portés vers l'utilisation de mouches locales. Comme mouches locales, nous rencontrons la TELEMARKSKONGEN, la TROGENSEN'S FANCY, la TROGENSEN'S FANCY #2, la DEMON, la JUNGLE COCK, la NATTVAKTEN, la NATTSLÂNDAN.

     Les rivières à saumon coulent en Bretagne et en Normandie. Les Français, ces grands voyageurs, ont pendant quelques décennies fréquenté les rivières de Grande-Bretagne, surtout celles de l'Écosse et de l'Irlande. Par la suite ils ont découvert les rivières scandinaves, mais depuis une dizaine d'années nous les voyons de plus en plus au Québec.

     Les rivières les plus connues s'appellent: l'Allier, le Gave d'Oloron, le Gave de Pau, l'Aulne, le Rhin, la Dordogne, la Gironde, l'Adour, la Vienne, la Creuse, l'Elle, la Cure, l'Yonne, la Seine. Aujourd'hui, le saumon ne remonte que dans quelques-unes et ce n'est pas du saumon de souche locale mais des descendants d'oeufs, d'alevins ou de tacons provenant d'ailleurs.

     Les saumoniers français tout comme les saumoniers britanniques ne sont pas de fervents pêcheurs à la sèche. D'après les dires de Guy-Noël Chaumont, notre ami français de Sainte-Foy, et d'Emmanuel Gladel, résident de Brioude, sur l'Allier, les pêcheurs de saumon de France utilisent les mêmes mouches que nous quand ils décident de pêcher à la sèche. Il y a bien sûr quelques mouche régionales, comme la: MISTIGRI de J.-P. Péguegnot, l'ÉCUREUIL, la PRÉSIDENT BILLARD, la PANAMA, la SUPERRIRRESISTIBLE, l'OLIVE MOYENNE, la DIABOLO de Guy Plas et la PONT AUDEMER, une mouche traditionnelle de Normandie.

     NOTE: Cette mouche se monte aussi en jaune, olive, gris. Guy Plas est l'un des monteur et pêcheur français de bonne réputation.

     Les règles de pêche instituées par le Général Franco ressemblent en beaucoup de points à celles que nous connaissons au Québec. Il semble aussi que les saumoniers espagnols pratiquent leur sport de la même manière que nous et ne dédaignent pas la pêche à la sèche. Ils utilisent nos mouches, mais aussi leurs mouches régionales. Nous connaissons les noms de six mouches sèches typiquement espagnoles, la RIV ADAGUA, la RINCHONA, la TURBON, la REINA, la PEDRESSA, la NEGRA MADURA, mais nous ignorons leur toilette. Les deux seules dont nous ayons l'habillage se nomment: la MOSCA "BIRI" TURBÒN et la MOSCA "BIRI" PEDRESSA.