Attention où Vous Mettez les Pieds !
On discute souvent des techniques de lancers et de ferrage, du choix de l'équipement et des mouches, de la productivité des rivières et de certaines fosses. Un des éléments les plus occultés de la pêche du saumon est cependant le positionnement du pêcheur dans la fosse. Lorsqu'on en parle du moins, c'est pour favoriser le balayage de la fosse et l'angle de dérive de la mouche dans le courant. Dans cet article, j'aimerais m'attarder sur le positionnement dans la fosse en fonction des manœuvres qui suivent le ferrage. Je décrirai d'abord l'essentiel de ces manœuvres pour expliquer ensuite comment elles peuvent éclairer le choix d'un positionnement.

Après avoir positionné l'épuisette ou le queutard, le pêcheur soucieux analyse brièvement le chemin qui le conduit à son poste de pêche.
Les premiers instants du combat sont primordiaux, on le sait. Mais en mesurons-nous toujours l'importance ? Sans bévue magistrale de la part du pêcheur, il arrive que le saumon s'échappe en plein cœur d'un combat ou vers la fin... Penaud et perplexe, le pêcheur regarde sa canne et s'interroge sur ce qu'il a fait d'incorrect. Il cherche l'explication de sa déception dans les derniers moments du combat. Mais ne devrait-il pas se demander ce qui a été mal fait au départ ? Les erreurs ne s'accumulent-elles pas au bout de la ligne ? À mon avis, oui. Les problèmes de tension, notamment au début du combat, peuvent mener à la perte du saumon des dizaines de minutes plus tard. C'est pourquoi il faut minimiser les erreurs et accentuer son efficacité à bien exécuter certaines opérations dès le commencement de la bataille.
Les manoeuvres qui suivent le ferrage sont connues de la plupart des pêcheurs. J'y reviens brièvement pour les plus novices, mais aussi pour établir les bases d'une réflexion sur le positionnement. Lorsque le saumon est ferré, le pêcheur doit immédiatement établir un contact direct entre le saumon et le moulinet, c'est-à-dire que la soie doit être tendue en tout temps. Pour la pêche à la mouche noyée, ce contact est déjà établi puisqu'il n'y a aucun excédent de soie lors de la pêche elle-même.
À la mouche sèche par-contre, cet excédent varie de quelques pieds à plus d'une dizaine de pieds. Une fois le contact direct obtenu, le frein du moulinet s'occupe d'adoucir les sautes d'humeur de Salmo lorsqu'il veut prendre la fuite. D'autres fois, plutôt que de s'éloigner, Salmo fonce en trombe vers le pêcheur. Le saumonier doit alors rembobiner rapidement la soie excédante que crée le déplacement du saumon. L'abaissement de la canne lors de sauts hors de l'eau, qui surviennent majoritairement dans les premiers instants du combat, est un autre geste à accomplir si l'on veut parvenir à capturer le saumon.

Un pêcheur ne devrait pas s'avancer dans la rivière plus loin que le niveau d'eau allant jusqu'à sa taille.
Ainsi, on peut considérer trois manœuvres dont il faut tenir compte dans le début d'un combat:
• établir un contact direct entre le moulinet et le saumon ;
• rembobiner rapidement la soie pour contrer les déplacements du saumon vers le pêcheur ;
• baisser la canne lors des sauts (plusieurs saumoniers appellent ce geste le salut). Ces manœuvres s'effectuent de façon optimale lorsque le pêcheur a les deux pieds sur la grève. Pour établir le contact direct, plus particulièrement à la mouche sèche, il pourra notamment reculer plus aisément sur la grève. Ce faisant, il n'aura qu'à insérer la soie entre ses doigts afin qu'ils agissent en tant que frein et reculer vers le bois. Pour rembobiner rapidement la soie, il pourra faire de même. Quand le saumon décide de foncer sur le pêcheur, le rembobinage doit se faire très rapidement pour ne laisser aucun « mou » dans la soie, ce qui risque de faire en sorte que la mouche se déprenne de la gueule du saumon. Ajouté au rembobinage, le recul du pêcheur vers le bois facilite grandement cette tâche désagréable et surtout stressante.
• établir un contact direct entre le moulinet et le saumon ;
• rembobiner rapidement la soie pour contrer les déplacements du saumon vers le pêcheur ;
• baisser la canne lors des sauts (plusieurs saumoniers appellent ce geste le salut). Ces manœuvres s'effectuent de façon optimale lorsque le pêcheur a les deux pieds sur la grève. Pour établir le contact direct, plus particulièrement à la mouche sèche, il pourra notamment reculer plus aisément sur la grève. Ce faisant, il n'aura qu'à insérer la soie entre ses doigts afin qu'ils agissent en tant que frein et reculer vers le bois. Pour rembobiner rapidement la soie, il pourra faire de même. Quand le saumon décide de foncer sur le pêcheur, le rembobinage doit se faire très rapidement pour ne laisser aucun « mou » dans la soie, ce qui risque de faire en sorte que la mouche se déprenne de la gueule du saumon. Ajouté au rembobinage, le recul du pêcheur vers le bois facilite grandement cette tâche désagréable et surtout stressante.
Lors de l'abaissement de la canne, que le pêcheur soit sur la grève ou dans l'eau change très peu de chose. Dans le premier cas cependant, comme le pêcheur se trouve plus loin du saumon, il peut compter sur une plus grande étendue de soie pour répartir les écarts de tension produits par le saut.

On peut donc retenir qu'en tout temps, lorsque le pêcheur le peut, il aurait avantage à pêcher sur la grève. Grâce à ses déplacements, sur des roches sèches ou du sable, il peut faciliter significativement l'exécution des opérations qui suivent le ferrage du saumon. Par-contre, il s'agit d'une situation idéale qui n'est pas possible dans toutes les fosses. En effet, le saumon est parfois loin de la grève, dans les parties reculées de la fosse. Pour les atteindre avec ses lancers, le pêcheur n'a d'autre choix que de faire son bout de chemin et de s'avancer dans la rivière.
Normalement, le pêcheur ne doit pas s'avancer dans la rivière plus loin que le niveau d'eau allant jusqu'à sa taille, son but étant de pouvoir revenir sur la rive le plus rapidement possible. Même si le courant est faible dans la partie de la fosse qu'il occupe, lorsque le niveau de l'eau dépasse la taille du pêcheur, les déplacements de ce dernier seront lents et ce manque de rapidité nuira à ses manœuvres.
Normalement, le pêcheur ne doit pas s'avancer dans la rivière plus loin que le niveau d'eau allant jusqu'à sa taille, son but étant de pouvoir revenir sur la rive le plus rapidement possible. Même si le courant est faible dans la partie de la fosse qu'il occupe, lorsque le niveau de l'eau dépasse la taille du pêcheur, les déplacements de ce dernier seront lents et ce manque de rapidité nuira à ses manœuvres.
Avant d'entrer dans l'eau, il faut d'abord disposer son épuisette ou son queutard sur le rivage. Certains laissent tomber tout simplement l'un de ces outils essentiels sur les roches, parfois au hasard, le plus souvent à l'endroit où ils entrent dans l'eau, en tête de fosse. Or, il est préférable de faire une analyse sommaire des dix derniers pieds d'eau qui mènent au rivage ainsi que du rivage lui-même.

Le choix d'un bon positionnement peut paraitre superflu... mais pas si cela permet d'atteindre rapidement la grève et ainsi d'avoir pleine maîtrise sur le saumon.
Choisissez un endroit où l'eau est plus calme, donc moins oxygénée, et surtout où les obstacles, pour vous et pour le saumon, sont absents. Je pense entre autres à la présence de roches de grosseur inégale et de végétation, morte ou vivante, même si c'est plutôt rare dans ce dernier cas. Une telle précaution amoindrit les risques de mauvaises surprises à la fin du combat.
Après avoir positionné l'épuisette ou le queutard, s'il y a lieu évidemment, le pêcheur soucieux analyse brièvement le chemin qui le conduit à son poste de pêche. Nous appelons « poste » l'endroit où un pêcheur choisit de pêcher. Ainsi, les roches glissantes ou trop massives seront repérées. Si le chemin est trop hasardeux, le pêcheur devrait en définir un autre, car ce couloir d'accès devra être aussi son couloir de retrait si un saumon est piqué. Un couloir de retrait sans obstacle permet d'atteindre le rivage en marchant à reculons, en faisant face au saumon en tout temps. Cela permet de prévoir et d'effectuer plus rapidement les manœuvres déjà décrites.
Le choix du poste est encore plus important que la définition d'un couloir d'accès. Il est préférable de choisir un endroit où le lit de la rivière est plat et sans grosses roches. Les pieds, écartés de la largeur des épaules, doivent être orientés dans la même direction que les lancers, c'est-à-dire à 45 degrés par rapport au courant. Autant que possible, l'allongement de la ligne devrait être équivalent au déplacement d'un pas en aval. Si vous n'êtes plus capable d'étirer la soie, raccourcissez-la significativement et trouvez un autre poste plus bas dans la fosse afin de recommencer la pêche. Évidemment, dans les fosses de rotation, vous devez descendre un pas à la fois, sinon on vous accusera d'étirer votre pêche. Il arrive que le saumon morde quand le pêcheur progresse vers l'aval. Privilégier l'allongement de la soie donne l'avantage au pêcheur de n'être jamais surpris en déséquilibre pour ferrer le saumon. Les roches plus grosses, submergées en partie ou entièrement, sont invitantes pour le choix d'un poste. Elles surélèvent le pêcheur qui peut alors pêcher plus librement, la soie bénéficiant de plus d'espace pour se déployer, car la surface de l'eau devient plus basse par rapport au poignet du pêcheur. Toutefois, je déconseille autant que possible de tels postes de pêche. On l'aura compris, dans cette position (un peu funambule...), le pêcheur ne peut pas se déplacer rapidement.

Une grosse roche surélève le pêcheur qui peut alors pêcher plus librement, la soie bénéficiant de plus d'espace pour se déployer. Toutefois, si cette roche est au milieu de la rivière, dans cette position un peu funambule, le pêcheur peut éprouver quelques difficultés à se déplacer rapidement.
Il doit d'abord descendre de son perchoir et, comme il a de l'eau jusqu'au nombril, ses pas dans la rivière sont très lents. Il peut aussi survenir de multiples avaries, comme un entortillement de la soie à l'extrémité de la canne lors de la descente, une perte d'équilibre sur le fond de la rivière, un « mou » qui se crée ou un contrecoup, selon les mouvements du saumon.
Pour certains, le choix d'un bon positionnement pourra paraître superflu. Il ne l'est pas à mon avis, dans la mesure où il permet au pêcheur d'optimiser l'efficacité des manoeuvres à exécuter au début du combat, d'atteindre rapidement la grève et ainsi d'avoir pleine maîtrise sur le saumon. Évidemment, tout est une question de compromis : il faut que la mouche passe au-dessus des saumons, mais il faut aussi être en mesure de bien faire ce qui doit être bien fait lors des premières secondes d'un combat.
On comprend bien sûr que cette étude stratégique sera réalisée avant de commencer à pêcher, car dans le feu de l'action on a autre chose en tête.
On comprend bien sûr que cette étude stratégique sera réalisée avant de commencer à pêcher, car dans le feu de l'action on a autre chose en tête.
référence
» Par Sébastien Turcotte
» Photos Pierre-Paul Turcotte, Jean-Guy Béliveau
» Saumons illimités, Hiver 2004.
» Photos Pierre-Paul Turcotte, Jean-Guy Béliveau
» Saumons illimités, Hiver 2004.
