La Résurrection des Rivières à Saumons

     Que diriez-vous si, au lieu de se battre continuellement pour « déclubber » des rivières à saumons situées au bout de la province (sur la Côte-Nord ou en Gaspésie), on décidait de mettre plutôt du saumon de l'Atlantique dans les rivières situées près des grands centres urbains du Québec?"

LA RÉSURRECTION DES RIVIÈRES À SAUMONS
     Je ne me souviens plus trop bien qui a posé cette question le premier. Mais, ce dont je me souviens, c'est que l'idée a été lancée peu de temps après la création, en 1976, de l'Association des pêcheurs sportifs de saumons du Québec, Inc. (A.P.S.S.Q.). Et elle a germé lors des nombreuses et mémorables réunions dans le sous-sol de la maison de Romain Boivin, à Charlesbourg.

     La poignée de dirigeants de l'A.P.S.S.Q. pensait que ça serait le « fun » si, un jour, un saumonier de la ville de Québec pouvait aller pêcher le saumon, dans une rivière située près de chez lui, avant de commencer sa journée de travail ou à son retour du bureau. Exactement comme le font les confrères saumoniers de la péninsule gaspésienne! "Ça serait-y plaisant si, un jour, un saumonier citadin pouvait aller pêcher le saumon pendant une journée de congé, dans une rivière située à proximité, sans qu'il soit obligé de prendre de longues vacances et de voyager au loin pour le faire!"

L'A.P.S.S.Q.

     La création de l'A.P.S.S.Q., ce fut une idée originale de Romain Boivin, alors chroniqueur pigiste de chasse et pêche au poste radiophonique CJRP de Québec. Un amateur averti de la pêche du « roi des poissons » depuis fort longtemps, Boivin réclama mon aide pour propager l'idée de la création d'une telle association provinciale de saumoniers, ce à quoi j'acquiesçai d'emblée. Boivin, qui lisait mes chroniques sur la chasse et la pêche dans le quotidien LE SOLEIL de Québec, s'était rendu compte que nous partagions les mêmes idées.

     Dès les premiers instants, nous avons embrigadé d'autres chroniqueurs de chasse et de pêche dans le groupe des membres-fondateurs de l'A.P.S.S.Q.: feu François de Beaulieu Gourdeau (« Monsieur Saumon »), alors collaborateur à QUÉBEC CHASSE ET PÊCHE et au SOLEIL; Serge-J. Vincent, également collaborateur à QUÉBEC CHASSE ET PÈCHE; Guy-Noël Chaumont, chroniqueur pour des hebdomadaires de la région de Québec et pour des magazines spécialisés publiés en France.

     L'A.P.S.S.Q., premier organisme de niveau provincial du côté francophone à s'intéresser uniquement à la défense de Salmo salar, avait alors pour but primordial de défendre la ressource: information des sportifs, éducation des saumoniers, lutte contre le braconnage, pressions sur les politiciens, combat pour l'accessibilité, projets de dépollution, d'aménagement, de restauration, etc.

     Cette association a tant et si bien fait, depuis huit ans seulement, qu'elle s'attire le respect de tous et que sa réputation dépasse maintenant les frontières. Depuis le printemps dernier, l'A.P.S.Q. s'est transformée; elle est devenue la Fédération québécoise pour le saumon atlantique (F.Q.S.A.) et regroupe au-delà d'une trentaine d'associations locales et régionales de saumoniers, soit plusieurs milliers de Québécois "mordus" de la pêche du saumon à la mouche. Évidemment, le premier directeur exécutif de la F.Q.S.A. c'est Romain Boivin, maintenant à sa retraite d'Hydro-Québec.

Une idée « fou braque »

LA RÉSURRECTION DES RIVIÈRES À SAUMONS
     Donc, en 1976 ou en 1977, l'un des membres-fondateurs de l'A.P.S.S.Q. a lancé l'idée "fou braque" de mettre du saumon de l'Atlantique dans des rivières situées près des grandes villes comme Québec, Trois-Rivières et Montréal.

     En fait, ce n'était pas une idée si farfelue. Car, à l'A.P.S.S.Q., on possédait nombre de documents historiques nous informant que le saumon anadrome montait frayer dans les rivières se jetant dans le Saint-Laurent encore au siècle dernier et, évidemment, durant les siècles passés.

     D'ailleurs, Romain Boivin ne cessait de nous répéter que son grand-père lui avait parlé d'un club privé de riches pêcheurs américains de saumons établi... sur la rivière Saint-Charles (au pied de la chute Kabir Koubat, à Loretteville)! Imaginez-vous donc: au milieu du siècle dernier, on péchait le saumon de l'Atlantique dans la Saint-Charles, qui coule au beau milieu de l'agglomération urbaine de Québec! Évidemment, avec le progrès de la "civilisation", cette rivière est ensuite devenue un égoût à ciel ouvert, qu'on s'occupe toutefois de restaurer, depuis une génération.

La grande-escoumins

​LA GRANDE-ESCOUMINS
     C'est Guy-Noël Chaumont qui suggéra à l'A.P.S.S.Q. le premier combat au niveau de la résurrection des rivières à saumons du Québec, avec le projet de la Grande-Escoumins qui se jette dans le Saint-Laurent à Les Escoumins, localité de la Côte-Nord située à l'est de Tadoussac.

     Chaumont, qui parcourt sans cesse le Québec à la recherche de Salmo salar, avait découvert qu'on prenait des saumons à l'embouchure de la Grande-Escoumins, sous un barrage de rétention de « pitounes » de la compagnie d'exploitation forestière Consolidated Bathurst. Et puisque cette compagnie avait mis fin à ses coupes de bois et au flottage des billes sur cette superbe rivière durant l'année précédente (en 1976), Chaumont se demandait pourquoi l'A.P.S.S.Q. ne lutterait pas pour ressusciter la rivière.

     En avril 1977, après avoir entretenu des communications avec l'A.P.S.S.Q., la population de Les Escoumins a organisé une réunion historique dans l'hôtel de ville local, en présence des membres du conseil d'administration de l'A.P.S.S.Q. C'était à l'invitation de communiqu'Action, un mouvement populaire subventionné et dont le but était le développement socio-culturel et socio-économique des localités de Bergeronnes, Escoumins, Sacré-Coeur et Tadoussac. Puis, en mai, dans le même hôtel de ville, pas moins de 75 personnes participaient à l'assemblée de création du Comité d'action pour l'aménagement de la rivière à saumons Escoumins (C.A.A.R.S.E.)

     Les citoyens de Les Escoumins se sont dit que, si les Britanniques avaient réussi à réintroduire le saumon dans la Tamise, d'où il était disparu depuis plus de 150 ans parce que cette rivière était devenu un égoût, des Québécois pourraient faire tout aussi bien en ressuscitant une rivière pas si amochée.

     Pour vous donner une petite idée de ce que signifie la réussite de ce projet de restauration de la rivière Grande-Escoumins, je vous souligne qu'elle a une cinquantaine de milles de longueur, dont 43 pourraient accueillir des saumons (jusqu'à la chute des Portes de l'Enfer). Elle est considérée aussi belle, sinon plus que la Matane, ce qui n'est pas peu dire! Jusqu'au début des années 1930, la Grande-Escoumins avait une renommée aussi grande que celle de la Matane actuellement; c'était avant qu'elle serve au flottage des billes provenant des opérations forestières de la Consolidated Bathurst...

     Je vous ferai grâce de toutes les péripéties, depuis 1977, dans le dossier de la restauration de la rivière Grande-Escoumins. Mais, il existe certains faits à propos desquels je ne puis garder le silence.

     D'abord, ce ne sont pas les politiciens qui ont incité les citoyens à s'occuper de la résurrection de cette rivière. C'est tout le contraire! Ce sont de simples citoyens (amants de la nature, adeptes de la pêche à la ligne, sportifs et saumoniers, agents économiques dans leur milieu, etc.) qui ont littéralement « poussé dans le cul » des politiciens, hauts fontionnaires et « lologues » pour que ce projet soit enfin réalisé. Et je vous prie de croire que l'expression que je viens d'utiliser n'est pas excessive... Car, soyez-en assurés, les citoyens intéressés ont dérangé bien du monde avec leur idée "fou braque".

     Par ailleurs, il me faut reconnaître que la compagnie d'exploitation forestière Consolidated Bathurst s'est vraiment distinguée de ses « consoeurs » du même domaine: elle a collaboré, de façon étonnante, avec les citoyens pour la réussite du projet (nettoyage du lit et des berges de la rivière, participation à la construction, à l'entretien et à la surveillance de la passe migratoire dans son barrage, etc.). Au lieu de quitter les lieux et de laisser son nid sale après plus de 40 ans d'exploitation de la rivière, la "Consol" a décidé de redorer son blason. C'est un geste que d'autres compagnies d'exploitation forestière auraient avantage à imiter...

     Évidemment, comme en bien d'autres domaines, le gouvernement provincial du Québec a traîné de la patte et n'est entré en jeu qu'après s'être fait tirer l'oreille... lorsqu'il a vu que le gouvernement fédéral canadien n'était pas avare de ses subventions pour la réalisation du projet!

     Pendant ce temps-là, la bande des Indiens montagnais de la réserve de Les Escoumins (qui n'avait aucunement participé à la réalisation du projet) a profité du retour des premiers saumons pour poser des filets "pour assurer leur subsistance..." Ce qui a donné lieu à des escarmouches violentes avec les Blancs de la région, qui ne voulaient pas voir leurs efforts de résurrection de la rivière anéantis.

     On peut dire que la résurrection de la rivière Grande-Escoumins est une réussite: la pêche sportive à la mouche y sera bientôt une réalité. La réussite est tellement grande que tous veulent maintenant y être associés! À la suite de pressions politiques, le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche (MLCP) vient de créer un comité de gestion de la rivière englobant à peu près tous les organismes du coin: municipalités locales et de comté, ZEC, chambre de commerce, association touristique, etc. Le président du comité est... le chef de la bande des Indiens montagnais! Un beau pied de nez au C.A.A.R.S.E., à l'A.P.S.S.Q. et à la F.Q.S.A. ...

     Mais, oublions tout cela! Le principal n'est-ce pas, c'est que le saumon est revenu dans la rivière Grande-Escoumins et qu'on pourra bientôt aller y pêcher! Et c'est aussi qu'on parle maintenant d'aménager la Petite-Escoumins, la Grande-Bergeronnes et d'autres rivières du coin! L'idée "fou braque" et « flyée » du début fait des p'tits!

La Jacques-Cartier

LA JACQUES-CARTIER
     Une autre « idée de fou » des premiers dirigeants de l'A.P.S.S.Q , ce fut de ressusciter la rivière Jacques-Cartier, située à une trentaine de milles à l'ouest de Québec. Les "malades mentaux" de l'A.P.S.S.Q. (comme certains fonctionnaires du MLCP les qualifiaient alors...) voulaient refaire de cette rivière ce qu'elle était au début du siècle dernier, soit l'une des meilleures rivières à saumons du monde!

     Ce projet-là, c'était surtout celui de feu François de Beaulieu Gourdeau, de Cap-Santé, de Portneuf. Gourdeau, connu dans toute la province comme « Monsieur Saumon », n'était pas le dernier venu dans ce domaine-là! Pêcheur sportif de saumons pendant 45 ans, il avait été directeur adjoint du Service des parcs (Tourisme, Chasse et Pêche du Québec) avant de prendre sa retraite. C'est à lui qu'on doit le « déclubbage » de la plupart des rivières à saumons de la Gaspésie et, surtout, la restauration de la rivière Matane... en 1949!

     Romain Boivin céda son poste de président de l'A.P.S.S.Q. à François de B. Gourdeau, se libérant ainsi pour mettre sur pied le comité de restauration de la Jacques-Cartier (C.R.J.C.). Il va sans dire que ce nouveau projet a été appuyé à fond de train par les journalistes chroniqueurs spécialisés en chasse et pêche et qu'il fit boule de neige...

     Le résultat? Six ans plus tard, en novembre dernier, les « doux rêveurs » de l'A.P.S.S.Q. ont connu leur jour de gloire à l'aréna de Donnacona. La phase ultime de la réalisation du projet a été enclenchée par la signature, devant plus de 200 personnes, de trois importants protocoles d'entente (entre le comité de restauration de la Jacques-Cartier, la compagnie Dom-tar, le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, le ministère de l'Énergie et des Ressources, ainsi que l'Office de planification et de développement du Québec).

     L'ingénieur Marcel Frenette, actuel président du C.R.J.C., a annoncé que la fameuse passe migratoire, dans le barrage de rétention d'eau de la Dom-tar (près de l'usine située à l'embouchure de la Jacques-Cartier, à Donnacona), sera construite avant le 31 mai prochain! Le coût des travaux, de 200 000$, est subventionné par le MLCP. Ce qui signifie que, dès ce printemps, des centaines de gros saumons géniteurs pourront remonter dans la rivière pour frayer. 

     Depuis deux ans, des centaines de géniteurs (revenant dans la rivière à la suite des ensemencements faits depuis 1978) ont été transportés par camion vers le haut de la rivière, en haut du barrage de la Domtar; mais, au pied de ce barrage, des dizaines et des dizaines de saumons ont déjà été pris par les sportifs, au cours des deux dernières années! D'ailleurs, dès cet été, les saumoniers pourront accéder aux premières fosses accessibles de la Jacques-Cartier (pêche contrôlée et contingentée, gérée par le C.R.J.C., mandataire du MLCP). L'Office de planification et de développement du Québec vient de remettre 125 000$ au C.R.J.C. pour engager des permanents et réaliser son programme de gestion de la Jacques-Cartier.

     J'aurais besoin de quelques heures et de plusieurs pages pour vous raconter, par le menu détail, l'histoire de la réalisation de ce projet de restauration. Mais, ce qu'il est essentiel de noter, c'est que cette magnifique réalisation a été rendue possible grâce à l'acharnement de simples citoyens, des gens de la base, des gens du milieu, des gens du pays. Encore une fois, ce sont de simples citoyens (saumoniers, sportifs, amants de la nature) qui ont forcé la main des politiciens (municipaux, régionaux, provinciaux, fédéraux) et des autres (compagnie papetière, commerçants, etc.).

     Le gouvernement fédéral canadien, via divers programmes de soutien et de création d'emplois, a versé trois quarts de million de dollars dans l'aménagement de la Jacques-Cartier, à la suite des pressions du C.R.J.C. Puis, le gouvernement provincial québécois s'est ensuite embarqué sérieusement... Le pire problème, ce fut de faire entendre raison à la compagnie papetière Domtar, qui appartient en fait aux citoyens du Québec (puisque l'actionnaire majoritaire de la compagnie est la Caisse de dépôt et placement de la province, qui administre nos cotisations à la Régie des rentes...).

     La Jacques-Cartier, à une demi-heure de trajet en automobile à partir de Québec et à une heure et demie de Montréal, desservira un bassin de population de plus de quatre millions de Québécois: elle est appelée à connaître un très brillant avenir, d'autant plus que son potentiel est époustouflant.

Rivière du Gouffre

RIVIÈRE DU GOUFFRE
     C'est en 1935 que François de B. Gourdeau a pris le premier saumon de sa vie dans la rivière du Gouffre, qui coule vers le fleuve en passant par Saint-Urbain et Baie-Saint-Paul (Charlevoix). Il m'en avait souvent parlé, lors de nos excursions de pêche et il souhaitait que l'A.P.S.S.Q. accomplisse des gestes pour la résurrection de cette rivière.

     Daniel Bradet (actuel maire de Saint-Urbain) rêvait, de son côté, au même projet. Vous pouvez vous imaginer que l'idée a « cliqué » lorsque Bradet a communiqué avec l'A.P.S.S.Q. pour obtenir son appui lors de la création de l'Association de conservation de la vallée du Gouffre (A.C.V.G.). Et Bradet n'a pas eu de difficulté à obtenir l'appui des chroniqueurs de chasse et pêche de la région, puisqu'il est lui-même chroniqueur pigiste de chasse et pêche pour un hebdomadaire régional.

     Encore là, il y aurait tout un roman à écrire sur les péripéties entourant la réalisation de ce projet de résurection de rivière. Encore là, ce sont les gens du milieu qui ont forcé les politiciens à agir... Encore là , le gouvernement fédéral canadien a versé des centaines de milliers de dollars en subventions à l'A.C.V.G. avant que le gouvernement provincial québécois ne décide de s'impliquer...

     Depuis 1979, à la suite d'ententes avec les propriétaires riverains (dont la Société de missions étrangères ou « le Séminaire de Québec » et la compagnie d'exploitation forestière Donahue), l'A.C.V.G. gère la pêche du saumon dans la rivière du Gouffre. Des dizaines de saumons, dont de très gros géniteurs, sont récoltés par les saumoniers chaque année.

La rivière Ouelle

LA RIVIÈRE OUELLE
     Évidemment, la renommée de l'A.P.S.S.Q. dans le domaine de la restauration, du réaménagement et de la résurrection des rivières à saumons n'a pas été bien longue à s'étendre. Au début des années 1980, un groupement à but non lucratif attelé à la tâche d'aménager les berges de la rivière Ouelle et de la rendre accessible, demandait l'appui de l'A.P.S.S.Q. pour la réalisation de son projet. C'est la Société d'Aménagement de la rivière Ouelle (S.A.D.R.O.).

     La Ouelle, qui coule sur une distance d'environ 45 milles entre Sainte-Perpétue (Montmagny-L'lslet) et Rivière-Ouelle (Kamouraska) est d'une beauté à vous couper le souffle, en plus de contenir des saumons par centaines. Le 15 juillet dernier, journée de l'ouverture de la pêche dans la Ouelle, 21 saumons ont été pris dans une seule fosse (dans "la Cavée", à Saint-Pacôme de Kamouraska). Mais, autant de saumons ont été échappés, durant la même journée, dans la même fosse!...

     La plupart des fosses de la Ouelle sont situées sur des terres privées. La S.A.D.R.O. a conclu des ententes avec les propriétaires riverains pour les rendre accessibles... gratuitement!...

     Encore une fois, c'est la même chanson: des gens du milieu se sont pris en charge pour réaliser un projet magnifique. La S.A.D.R.O., ces dernières années, a réussi à arracher des centaines de milliers de dollars aux divers paliers de gouvernement pour créer des emplois en réalisant un projet éminemment positif dans le domaine de la conservation, de la protection et de l'aménagement de l'habitat du patrimoine faunique.

LA MITIS, LA TROIS-PISTOLES, LA RIMOUSKI, LA MALBAIE...

     Tous ces résultats obtenus dans le domaine de la résurrection des rivières à saumons ont incité des groupements populaires à s'embarquer résolument et courageusement dans la réalisation de projets similaires.

     Ainsi, depuis cinq ans, la Société d'aménagement des ressources de la rivière Mitis (S.A.R.R.M.) s'occupe de mettre la Mitis « sur la map ». Là aussi, ce groupement à but non lucratif a réussi à arracher des subventions totalisant des centaines de milliers de dollars aux gouvernements supérieurs (surtout au gouvernement fédéral canadien) pour créer des emplois dans sa région, pour aménager la rivière, pour la rendre accessible.

     Ça n'est pas fini! Le bal continue! Tout le monde entre dans la danse! Car, si vous me promettez de n'en parler à personne, je vous confierai que d'autres projets de résurrection, de restauration et de réaménagement de rivières à saumons sont sur la planche à dessin de la Fédération québécoise pour le saumon de l'Atlantique (anciennement A.P.S.S.Q.): la rivière Trois-Pistoles, la rivière Rimouski, la rivière Malbaie (à Clermont, dans Charlevoix), la rivière Sainte-Anne (à La Pérade, dans Champlain), la rivière À Mars (Saguenay), la rivière Noire (Charlevoix), aux Rochers (Port-Cartier) et la rivière Godbout.

La Mitis, la Trois-Pistoles, la Rimouski, la Malbaie...

LA MITIS
     L'ancienne Association des pêcheurs sportifs de saumons du Québec a tellement d'expérience dans le domaine de la résurrection des rivières à saumons que, bientôt, la Fédération québécoise pour le saumon atlantique mettra sur pied un comité réunissant tous les groupements populaires qui ont réussi des prodiges dans ce domaine. 

     D'ailleurs, au moment d'écrire ces lignes, il y a eu une réunion historique à Québec de tous les comités sur les rivières en voie de restauration. Cette réunion avait pour but d'élaborer un guide de restauration des rivières à saumons. Ainsi, on pourra dorénavant accélérer le processus, en profitant de l'expérience acquise ailleurs, et l'idée "fou braque" du début va faire des p'tits!

     Cette idée est d'ailleurs en train de faire impression sur bien du monde... et pas n'importe qui. Ainsi, en novembre dernier, à Donnacona, lors de la signature des protocoles d'entente concernant la résurrection de la rivière Jacques-Cartier, M. Yves-LeMaistre Duhaime (alors ministre de l'Énergie et des Ressources, après avoir été ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche) suppliait le Comité de restauration de la Jacques-Cartier d'aider les citoyens de sa région à réintroduire le saumon de l'Atlantique dans le Saint-Maurice! Et le ministre Guy Chevrette (alors ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche), témoin des supplications du ministre Duhaime, mettait le poids de son influence sur la table pour qu'on prenne le rêve de son collègue ministre en sérieuse considération!...

     Quand deux ministres se mettent pratiquement à genoux pour supplier des groupements populaires et bénévoles de citoyens et de sportifs de venir à leur secours, il commence à y avoir de quoi se « péter les bretelles!... »

     Voilà de beaux exemples du succès que peuvent obtenir des sportifs convaincus, courageux et déterminés, qui aiment leur sport et leur région et qui ne comptent que sur leurs propres moyens au lieu d'attendre que tout leur tombe rôti dans le bec. S'il existait plus de Québécois comme eux, dans toutes les régions de la province, la chasse et la pêche ne s'en porteraient que mieux!

     Tiens, ça vous donne des idées? Amenez-en des projets de résurrection de rivières à saumons: les Québécois membres de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique sont capables d'en prendre! Ah, vous voulez qu'on s'occupe de la rivière Saint-François dans l'Estrie? Expliquez-nous donc ça un peu qu'on voit ce qu'il est possible de faire...

Références

» Texte: André-A. Bellemare (Mars 1985).
» Photos: La pêche du saumon sur la rivière Matane. photo MLCP - Pierre Pouliot. Une vue de la rivière Jacques-Cartier. photo Raynald Lavoie. L'embouchure de la Grande-Escoumins. 
» Photo André-A. Bellemare, La fosse à Êloi sur la rivière du Gouffre à Baie-Saint-Paul. photo André-A Bellemare. Une merveilleuse petite rivière aux grandes possibilités : la Ouelle. Photo Gérard Bilodeau
» Magazine Sentier Chasse & Pêche.
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