Pêche au Saumon Atlantique à la Mouche Sèche

     Il arrive dans la vie d'un moucheur qu'il devienne un amateur de pêche au saumon Atlantique à la mouche sèche. Une levée à la sèche est tellement palpitante, tout se déroulant devant soi !

Pêche au Saumon Atlantique à la Mouche Sèche

     Cette appellation de mouche sèche semble nous parvenir des guides francophones qui travaillaient dans les clubs des rivières québécoises il y a plus de cent ans. Il est un fait que la conception et le développement de la pêche saumon atlantique à la mouche sèche sont nord-américains. La notion de « dry fly et de wet fly » est devenue « mouche sèche et mouche trempe ou mouillée ». De nos jours, nous utilisons les appellations « mouche sèche et mouche noyée ».

   Une mouche noyée implique qu'elle est pêchée sous l'eau souvent en arcs concentriques, successifs et allongés devant les saumons en tenue dans la fosse.

    Par contre, la mouche sèche implique que l'artificielle est présentée à la surface de l'eau, en dérive naturelle au-dessus des saumons dans la fosse.

    L'objectif recherché ici est une excellente flottabilité de façon à ce qu'elle porte sur l'eau par la pointe des hackles enroulés autour de son corps et de sa collerette. La mouche est alors très visible par le pêcheur et l'empreinte des hackles sur la surface de l'eau semble être relativement importante pour le saumon.

Toujours et Jamais

     Avant d'aller plus loin, soyons clair! Ces deux mots, ne sont d'aucune utilité lorsqu'il est question de la pêche au saumon de l'Atlantique. Les initiés ont certainement remarqué au cours de leurs années d'expérience que lorsqu'ils affirment que quelque chose se produit TOUJOURS, rien ne se produit. De même, lorsqu'ils affirment que tel ou tel fait n'arrive JAMAIS, c'est alors que le contraire se produit! Il faut être extrêmement prudent dans nos déclarations officielles lors de discussions se rapportant à Salmo Salar! Évitez ces deux mots et vous éviterez des embêtements lorsque vous direz : « moi, je fais toujours çà de la même manière » ou « moi, je ne fais jamais çà ».

    Au cours des années, j'ai remarqué que les pêcheurs aiment faire toutes sortes de lois et affligent le saumon de comportements pour lesquels il fait souvent le contraire.

    Certains auteurs anglophones s'amusent à dire « Fishermen make the rules and the salmon break them! » Il faut donc être très prudent et très humble lorsque l'on pêche ou lors de discussions entre amis. Le fait d'avoir utilisé malencontreusement les mots JAMAIS ou TOUJOURS a certainement déjà piqué l'orgueil de plusieurs saumonniers !

    Rappelez-vous que la pêche au saumon est un mélange de plusieurs plaisirs. Être aux abords de la rivière dans un site enchanteur avec des amis et partager une aventure alors que le saumon est actif, voilà la vraie recette pour assurer le succès d'un voyage de pêche !

Où est le saumon dans sa rivière ?

Où est le saumon dans sa rivière ?

     La tenue du saumon: C'est un endroit dans la rivière où le saumon s'arrête et se repose. Ce doit être un endroit où il est à l'aise, confortable, en sécurité et où il n'a pas à déployer beaucoup d'effort pour demeurer en place. Il est évident que le niveau, la température et la vitesse de l'eau sont les facteurs les plus importants parmi les paramètres que le saumon analyse instinctivement pour choisir un site d'arrêt dans la rivière. Cela s'appelle une tenue de saumon.

    Les salmonidés réagissent naturellement à toutes les situations dans lesquelles ils se trouvent. C'est la génétique du saumon qui lui dicte la façon de réagir à l'ensemble des stimuli qu'il perçoit. Il choisit donc un site, une tenue où les conditions hydrologiques sont compatibles avec ses besoins essentiels.

     Façon de lire la rivière : L'objectif est de repérer un site propice à la tenue de saumons preneurs. L'expérience aidant, le pêcheur attentif recherchera trois critères de localisation:

    1) La profondeur de l'eau sera entre un et deux mètres.
    2) Le fond de la rivière sera composé de cailloux, de gros cailloux et à l'occasion de blocs.
    3) La vitesse de l'eau de surface sera semblable à la vitesse de marche normale d'un humain.

    Si le pêcheur ne peut repérer à vue les saumons dans la fosse et que trois de ces critères (parfois deux) sont présents, il y a de fortes chances que des saumons preneurs soient là à attendre la présence d'une artificielle à gober. Ces critères de localisation du saumon sont des guides variables dont l'importance peut fluctuer quelque peu mais demeurent une façon efficace de choisir un site de pêche. Le niveau de l'eau est probablement le critère le plus important. Une fosse pleine de saumons par niveau dit normal pour une fosse donnée peut être déserte par une baisse ou une hausse de l'eau. Du moins, les saumons peuvent être plutôt en tête de fosse par eau basse alors qu'ils peuvent être plutôt en queue de fosse par eau haute. Ces variations de niveau modifient la vitesse de l'eau en surface et l'hydrologie en profondeur. Les saumons n'y retrouvent plus alors leur confort et migrent vers de nouveaux sites plus propices. La relation entre le type de fond de rivière, la profondeur de l'eau et la vitesse de l'eau en surface semblent donc très importantes. Le repérage des tenues peut aussi se faire à la vue des saumons qui se manifestent à la surface par des sauts de différents types.

Façons de pêcher selon le type de mouche

Où est le saumon dans sa rivière ?

     Le choix d'une mouche est souvent considéré très important par plusieurs pêcheurs alors que l'expérience nous montre que la meilleure mouche est celle qui est à l'eau !

     En mouche noyée :  il est bon de considérer les facteurs suivants pour améliorer ses chances de captures:

    > La vitesse de parade de la mouche sera contrôlée par la vitesse de l'eau, l'angle du lancer par rapport au sens du courant, les amendements lors de la pêche en courants à vitesses variées et par l'action imprimée à la mouche par le pêcheur.

    > La méthode de couverture des saumons sera assurée par un déplacement rapide du pêcheur vers l'aval de la fosse en utilisant une longueur confortable de soie.

    > Cette couverture peut aussi être faite par l'allongement de la soie à partir d'un point précis jusqu'à ce que la longueur confortable maximale soit atteinte. Le pêcheur dévale alors de 10 à 15 mètres et recommence le même manège. Notez que cette façon de faire est acceptable seulement lorsque vous êtes seul ou avec un ami qui est en accord avec vous.

     En mouche sèche : il est bon de considérer les facteurs suivants pour augmenter l'efficacité de pêche. Cette efficacité peut être atteinte:

     > Lorsque l'on pêche des saumons répartis au hasard dans une fosse, on peut utiliser soit la présentation de la mouche vers l'amont, soit carré au courant, soit vers l'aval, soit par arcs concentriques allongés à chaque lancer ou en dents de scie vers l'aval.

    > Lorsque l'on pêche des saumons bien localisés, on peut utiliser la présentation de la mouche soit par quadrillage systématique d'un secteur donné, soit de l'aval vers l'amont, soit par des lancers répétitifs sur un poisson particulier, soit en horloge avec allongement de la soie suite à chaque quadrant et en couloirs parallèles à la berge.

    Présentation de la mouche sèche: en principe les pêcheurs de saumons à la sèche aiment bien voir flotter la mouche le plus haut possible sur la pointe des hackles. Par contre, plusieurs ont eu la surprise d'avoir une levée sur une mouche complètement submergée. La mouche devrait flotter au gré des flots sur une distance plus ou moins longue selon les circonstances tout en étant sous le contrôle du pêcheur.

    > Il faut éviter de présenter son artificielle sur une soie tendue. Sauf pour les présentations vers l'amont, les lancers devraient être légèrement bloqués quelques instants précédant le déploiement complet de la boucle de la soie et de l'avançon. C'est ce subtil blocage qui donne à la ligne cet important jeu libre responsable d'une flottaison sans entrave de la mouche.

    > Les faux lancers sont essentiels en pêchant à la sèche pour allonger la corde et pour assécher la mouche. Il est important de bien maîtriser la technique des faux lancers de façon à éviter les collisions soie/mouche et ces méprisables petits nœuds dans l'avançon. Lors du lancer arrière, inclinez la canne à un angle d'environ 60 degrés et exécutez le lancer avant alors que la canne est à la verticale. Ce principe d'éloignement des faux lancers diminue la fréquence d'apparition des petits nœuds de l'avançon.

    > Utilisez les lancers déportés (reach cast) vers l'amont ou vers l'aval pour vous aider à contrôler l'effet, soit du vent, soit des courants à vitesses variées et souvent les deux en même temps.

    > Utilisez les présentations avec lancers courbes, droits ou gauches au besoin pour que la mouche soit en vue du saumon avant l'avançon ou la soie.

    > Lorsqu'il est temps de soulever ou arracher la soie de l'eau, faites le geste avec délicatesse. Il est préférable que tous vos gestes soient faits avec subtilité et synchronisme.

    > Utilisez la technique de lancer appelée double traction pour augmenter la vitesse dynamique de la soie. Cette double traction aide à résister aux effets pervers des vents pour lancer encore plus loin et plus facilement.

    > Maintenant, il ne vous reste qu'à déposer délicatement la mouche à l'endroit ciblé de la fosse.

Votre équipement

     Si vous êtes un pêcheur d'expérience, le choix de vos outils de travail n'est pas un problème. Par contre, si pêcher le saumon à la mouche sèche est nouveau pour vous, le choix de votre équipement est très important.

     Canne : La longueur de la canne pourrait être de 9 à 10 pieds pour une soie # 8 ou 9 si vous êtes de forte constitution ou légèrement moins longue pour une soie # 7 ou 8 si vous désirez une canne plus légère. Pour la pêche à gué, il est préférable d'utiliser une canne plus longue que pour la pêche à bord d'un canot. À l'achat d'une nouvelle canne, il est aussi bon de considérer l'action de la canne. Cette action des nouvelles cannes est plus rapide que l'action des modèles des années antérieures, ce qui est avantageux. Elle devra être fabriquée à partir d'un brin de graphite de bonne qualité. Si possible, essayez-en plusieurs avant d'arrêter votre choix. Le prix de la canne peut aussi vous aider à choisir !

     Moulinet : Le moulinet devra être de grosseur proportionnelle à la canne de façon à ce que l'ensemble canne/moulinet soit balancé. Il contiendra 100 verges (+ ou-) de corde de réserve de 20 livres de résistance. Y sera attachée une soie de la grosseur recommandée sur l'étiquette des spécifications de la canne soit # 7, 8 ou 9. À la soie sera noué un avançon d'environ 10 pieds à diamètre décroissant. La résistance de cette pointe sera fonction des conditions du moment. Une pointe de 10 livres de résistance suffit dans plusieurs cas. La mouche sera attachée à la pointe de l'avançon.

    Le balancement d'un ensemble canne/moulinet se vérifie comme suit : passez par les guides de la canne l'avançon et 25 pieds de soie. Déposez à mi-poignée la canne sur votre index. Le tout devra être immobile sur votre doigt. L'équilibre parfait sera alors atteint! La bobine d'un bon moulinet doit pouvoir être enlevée et réinstallée facilement. Depuis quelques années, en plus des moulinets conventionnels, le marché nous offre les moulinets à grands tambours. Sur ceux-ci, la soie est enroulée sur un grand diamètre ce qui réduit la mémoire dans la soie. De plus, le moulinage est plus rapide qu'avec un moulinet conventionnel. Le moulinage se fera du côté de votre choix, gauche ou droit. À l'achat et à l'installation de la corde de réserve et de la soie, il faut décider de quel côté se fera le moulinage. La direction du moulinage est réversible facilement.

    Soie : Pour lancer facilement une mouche sèche, la soie devra en être une à fuseau décalé vers l'avant « WF weight forward ». Demandez conseil au spécialiste de la boutique de pêche à la mouche de votre choix pour bien sélectionner votre ensemble canne/moulinet/soie. Les manufacturiers nous offrent une multitude de produits et votre sélection finale en sera d'autant meilleure que les conseils judicieux du spécialiste choisit. Entretenez votre soie, tenez la propre et bien apprêtée. Elle glissera efficacement dans les guides de votre canne pour votre plus grande satisfaction.

Mouches

     Vous aurez besoin d'une bonne sélection d'artificielles de types, de grosseurs et de couleurs différentes. Vos mouches seront déposées dans une boîte à mouches sèches. Cette boîte sera à grands compartiments pour ne pas écraser les plumes enroulées autour du corps. Plusieurs aiment appliquer sur les mouches un produit servant à augmenter leur flottaison. Par contre, plusieurs initiés qui aiment souvent changer leurs mouches n'en utilisent pas. C'est une question de choix personnel.

      Habillement : Aux vêtements habituels, s'ajoutent des produits spécialisés. Il y a les sous-vêtements performants, les pantalons imperméables à tissus respirant, la veste du pêcheur à gué, l'imperméable à tissus respirant, le chapeau ou la casquette et les lunettes fumées et protectrices à verre polarisé. Par temps froid, il est recommandé de s'habiller en pelures d'oignons et d'enlever une épaisseur à la fois. Par temps chaud il est recommandé de porter une chemise à manches longues, des gants protecteurs contre le soleil et un chapeau à grands rebords. Bien sûr, la crème solaire à haut indice de protection sera essentielle.

    Accessoires : Voyez le préposé de votre boutique pour le choix de tous les menus accessoires. Voici des exemples; bobines de matériel d'avançon de différents diamètres, coupe fil et rétracteur, produits flottants ou plongeants, pince hémostatique, thermomètre, avançons de rechange, boîte à mouches de différents types, etc. La liste peut être longue selon le pêcheur !

Choix des mouches sèches

     Parmi toutes ces artificielles disponibles sur le marché qui proviennent, soit des boutiques spécialisées, soit des monteurs privés, certaines semblent émerger par leur popularité.

     Critères de sélection : La flottaison d'une mouche sèche devra durer le plus longtemps possible. Le dégagement entre le corps de la mouche et le harpon de l'hameçon devra être le plus grand possible. Les matériaux servant à la confection de l'artificielle devront être de qualité ainsi que les proportions des différentes parties de la mouche.. Ces mouches seront montées sur des hameçons de qualité de grosseurs 2, 4, 6 et 8 dans la majorité des cas.

Parties d'une mouche sèche : Sur l'hameçon seront attachés la queue (n° 1), le corps (n02) souvent constitué de poils taillés de cerf de Virginie et enroulé de plumes (n° 3) de qualité, une aile (n04) simple ou double en forme de V et aussi une collerette (n° 5) de plumes de qualité.
 
     Ces matériaux seront agencés en une multitude de combinaisons et de couleurs pour les différentes parties de la mouche.
Suggestions de parures bien concus

     Suggestions de parures bien concus : La Le François, la Canuel Magnum, les Hazel, la Chocolate Humpback, les Killer Wisker, les Wulff, les Bivisible, les Macintosh, les Bomber et les Bugs.
 
     À chaque année, il y en a de nouvelles qui font leur apparition comme les Crevettes, la Labatt bleue et la Tuck. Il y a cette catégorie de mouches sèches mieux connues sous le vocable de Bomber. Les Le François, les Canuel Magnum, les Hazel, la Chocolate Humpback et les Killer Wisker sont en fait des Bombers.
 
     Ces mouches ont plusieurs points en commun. La queue est souvent de poils blancs provenant de la queue d'un veau. Le corps est de poils de corps de cerf de Virginie naturels ou teints en plusieurs couleurs. Ces poils sont flairés et taillés pour créer la forme du corps. La plume du corps (hackle) doit être de très bonne qualité. Sa couleur peut être variée selon la parure. L'aile est souvent de poils de veau blanc, soit simple, soit double en forme de V La collerette est souvent de même couleur que la plume de corps.

     RAPPEL : La meilleure mouche sèche est celle qui est le plus souvent sur l'eau !

Croyances populaires

     Comme mentionné ci haut, « Les pêcheurs dictent les lois et le saumon ne les respecte pas ». Au contraire des croyances populaires, la pêche en sèche peut être efficace sous différents types d'eau. Peu importe que l'eau soit lente ou rapide. C'est au pêcheur d'adapter son approche, sa technique, l'exécution de la présentation, le contrôle de la dérive et les faux lancers préparant la présentation suivante.

    Vous pouvez adhérer à ces croyances ou ne pas y croire. Souvent elles s'avèrent exactes mais l'inverse donne souvent d'excellents résultats. En voici quelques unes:

     > Temps clair, mouche claire.
     > Temps sombre, mouche sombre.
     > Eau haute, grosse mouche.
     > Eau basse, petite mouche.
     > Eau haute, soie plongeante.
     > Éviter de faire sillonner (drag) la mouche sur l'eau.
     > Un saumon sauteur ne mord pas.
     > Un saumon marsouinneur est preneur
     > Et plusieurs autres!

    Le saumon de l'Atlantique semble réagir mieux à la mouche à certaines occasions.

Voici certaines tendances

     > Tôt en saison.
     > Les nouveaux arrivants en rivière.
     > Par eau plutôt haute.
     > Par eau plutôt froide.
     > Précédant une crue.
     > À la suite d'une décrue.
     > Précédant un orage accompagné de tonnerre.
     > En fin de saison alors que l'eau refroidit.

    Mais ces croyances et ces tendances ne sont ce qu'elles sont !

    Souvenez-vous, les mots TOUJOURS et JAMAIS ne s'appliquent pas lorsqu'il est question de pêche à la mouche. Il faut les éviter !

Votre position pour pêcher

Votre position pour pêcher

     Pour lancer efficacement une mouche sèche souvent difficile à cause de sa résistance dans l'air, il est nécessaire de sortir au moins une vingtaine de pieds ou six mètres de soie hors du moulinet. Avec cette longueur minimum de corde, il est possible d'effectuer les faux lancers préparatoires au dépôt de la mouche sur l'eau.

    Pour bien présenter une mouche sèche, il importe de ne pas utiliser trop long de soie de façon à contrôler les lancers d'allongements précédant le dépôt de la mouche à la surface de l'eau. À moins d'être un virtuose de la canne à moucher, évitez d'allonger au-delà de 65 pieds ou 18 mètres de soie hors du moulinet.

    Donc, placez-vous entre 20 et 65 pieds de la tenue des saumons convoités. C'est avec cette longueur de soie que la très grande majorité des saumonniers pêchent avec efficacité, contrôlent bien la présentation et la dérive de l'artificielle. Lors d'une levée, le pêcheur est aux aguets, suit sa mouche sans cesse et réagit avec maîtrise au moment précis pour le ferrage. C'est comme çà que le pêcheur de saumon à la mouche sèche a beaucoup de plaisir !

    Selon que vous soyez à gué ou en canot, prenez position de façon à ce que les poissons soient à votre portée de lancers. Votre compagnon ou votre guide se fera un plaisir de vous aider à vous rendre au bon endroit pour atteindre efficacement vos saumons. Lors de la pêche en canot, votre guide placera l'embarcation de façon à vous faciliter la tâche.

    N'essayez pas de pêcher des tenues de saumons au-delà de votre distance de confort ou de votre longueur de soie optimale. Avez-vous réellement besoin d'impressionner la galerie ?

Déplacements dans l'eau

     Déplacements dans l'eau : La prudence est de mise. N'hésitez jamais à utiliser un bâton de traversée. Attachez le mousqueton de la corde à un anneau de votre veste de pêcheur ou de votre ceinture de pantalon imperméable.

    Soyez subtil et délicat dans vos déplacements. Déplacez-vous lentement dans l'eau, sondez le fond du bout du pied. Une fois que le pied avancé est bien ancré au fond, transférez-y votre poids. Essayez d'offrir au courant la plus petite section de votre corps soit le côté. De cette façon vous pourrez facilement résister à la puissance du courant. Votre sécurité primera et les poissons ne seront pas effrayés.

    En canot, évitez de trop vous approcher du saumon. Étant plus élevé sur le plancher du canot, vous pourrez être dans le cône de vision des poissons.

    Soyez délicat dans les manœuvres de déplacement de l'embarcation. Évitez les bruits causés par l'ancrage et par la pointe de la perche à canot (pole) sur les roches au fond de l'eau.

Facteurs déclencheur de comportement et d'attaque

Facteurs déclencheur de comportement et d'attaque

     Par définition, « un déclencheur est un stimulus dont la perception provoque un acte moteur instinctif spécifique ». C'est donc au pêcheur de faire en sorte que la mouche soit perçue par le saumon de façon à provoquer chez lui une réaction de comportement et encore mieux une réaction d'attaque.

    Gary Anderson, auteur Québecois, a écrit dans son fantastique volume « ATLANTIC SALMON FATCS and FANTASY », que, d'après ses observations, le saumon réagirait aux stimulus déclencheurs de comportement et d'attaque, selon les six hypothèses qu'il énumère:

     > 1) HABITUDE : De se nourrir lorsqu'il était alevin et ensuite tacon. Le saumon s'élève dans la colonne d'eau, suit délibérément, accélère et tourne en prenant la mouche causant un remous à la surface de l'eau. ¨Çà c'est la levée classique !

     > 2) AGRESSION : Le saumon s'élève très rapidement et attaque la mouche de façon éclaboussée. Çà c'est une levée excitante !

     > 3) IRRITATION : Le saumon réagit et gobe la mouche rapidement suite à une multitude de présentations sans répit de plusieurs artificielles. Le pêcheur doit être vigilant et ne pas relâcher son attention.

     > 4) TENTATION : Le saumon s'élève tranquillement tourne vers l'aval observe, suit la mouche et la gobe en plongée à la moindre accélération. Le pêcheur doit avoir les nerfs solides !

     > 5) CURIOSITÉ : Le saumon s'élève très lentement en s'approchant de la mouche, tourne vers l'aval en la suivant mais en ayant la gueule bien fermée. C'est une levée frustrante !

     > 6) BADINAGE : Le saumon s'approche de la mouche, la frôle ou la bouscule du nez, du dos et/ou de la queue sans toutefois la prendre. Une autre levée frustrante !

    Ces hypothèses de comportement et d'attaque du saumon devraient vous aider à mieux réagir le moment venue.

Aspects pratiques de la pêche à la sèche

La pêche au saumon de l'Atlantique comporte trois éléments majeurs:

    > L'occasion de pêcher sur du saumon.
    > L'habileté à exécuter tous les éléments d'une excellente présentation.
    > Avoir beaucoup de patience.

    Le défi principal de tout pêcheur de saumon à la mouche sèche est de maîtriser l'habileté à lancer avec contrôle, avec distance, avec précision et délicatesse lors de la présentation. Il est aussi important de maîtriser les lancers du revers et les lancers dans les plans oblique et horizontal. Il est possible de capturer un saumon alors que la mouche sèche est submergée ou sous tension. Cependant, vous aurez beaucoup plus de succès alors que la mouche flottera librement au-dessus du saumon. Portez attention à votre manière de présenter la sèche tout en ayant le contrôle de sa dérive et du surplus de soie à récupérer ou à relâcher. Cette habileté vous rendra les ferrages plus faciles et efficaces. N'hésitez pas à changer de mouche, variez les grosseurs et les couleurs. Isolez les artificielles qui font bouger le saumon. Attachez à nouveau celles-ci et soyez prêt ! Souvent deux ou trois dèches parmi plusieurs autres se démarquent par l'intérêt qu'elles suscitent chez le saumon. La persévérance est de mise, les présentations à répétitions rapportent souvent des résultats.

    Voici une excellente façon de pêcher à la sèche en équipe de deux pêcheurs; le premier pêcheur fait une dizaine de présentations en direction d'un site de tenues localisées. Le deuxième pêcheur entame ensuite sa séquence de dix présentations pendant que son copain change de mouche. Aussitôt la nouvelle mouche nouée à l'avançon, il entame sa nouvelle séquence de dix présentations et ainsi de suite. Il en résulte un bombardement de diverses mouches présentées à partir d'un poste légèrement varié pour chacun des pêcheurs. Les pêcheurs expérimentés ont peut-être remarqué qu'il est plus efficace de présenter une grande quantité de mouches sèches réparties sur une courte période de temps que seulement quelques mouches présentées pendant un long laps de temps..

     Ferrage : C'est l'action que le pêcheur imprime à la mouche lorsque le saumon la gobe. Le pêcheur lève la canne à la verticale ou en oblique selon les différentes situations. La corde se raidit entraînant l'avançon et la mouche. Le harpon de l'hameçon pénètre alors les tissus mous de la gueule du saumon.

     Maintenant, l'important est de déterminer la façon d'accomplir (comment) le ferrage et d'utiliser le bon synchronisme (quand). Pêcher la truite à la mouche sèche implique un ferrage rapide de la part du pêcheur. Plusieurs moucheurs s'adonnant à la pêche du saumon ont raté les premières fois ou salmo est monté prendre leur mouche sèche. POURQUOI ? En ferrant trop tôt probablement. Au saumon il est bon d'attendre de ne plus voir la mouche, qu'elle soit dans la gueule du saumon ou de sentir la traction exercée par le saumon. Il est souvent très facile de ferrer trop vite et d'enlever la mouche avant que le saumon gobe et plonge avec la mouche. C'est alors qu'il faut ferrer ! Le moment idéal du ferrage nous est indiqué par deux grands indices: La vue et le sens tactile.

    Avec l'expérience, un pêcheur attentif développe cette habileté à ferrer au moment propice. Par contre, la perfection n'est pas de ce monde. La meilleure façon de devenir un bon pêcheur de sèches est peut-être d'observer les autres en situation de pêche, épier leurs moindres mouvements. Essayer de comprendre pourquoi ils font tous ces petits gestes pour finalement faire tout en votre possible pour les imiter. Gardez l'oeil sur votre mouche en tout temps durant la dérive. Contrôlez la quantité de soie lâche entre le moulinet et la canne et entre le bout de la canne et la mouche. Gardez la canne basse, pointée en direction de l'artificielle. Que votre vision périphérique soit vigilante. S'il y a un remous près de la mouche, qu'elle disparaît et que vous ressentez une traction sur la canne, FERREZ !

L'avenir de la pêche au saumon de l'Atlantique

     Le combat :  Une fois que la mouche est bien accrochée dans la gueule du saumon, le combat commence. Premièrement, le saumon peut faire une petite course effrénée accompagnée de sauts à l'extérieur de l'eau pour finalement se tranquilliser. Deuxièmement, le pêcheur pourra probablement débuter le moulinage mais seulement pour un court temps. Le saumon commence à réaliser dans quel pétrin il s'est mis. Il réagit en faisant des courses plus ou moins longues suivies d'accalmies. Le moulinage continue toutefois et le saumon s'approche. Le pêcheur augmente donc la résistance du frein de son moulinet pour contrôler la pression sur celui-ci. Il s'approche à moins de trois mètres mais voit les jambes du pêcheur et s'affole en faisant de courtes courses. Il est fatigué et se rapproche de la main que le pêcheur va déposer entre la nageoire 9 caudale et la nageoire adipeuse. Le pêcheur est à l'eau à mi-cuisse et salmo est tout près. La canne est tenue haute dans la main du pêcheur et son autre main encercle la queue du saumon et ferme la main. Il soulève la queue du saumon hors de l'eau qui n'a maintenant plus de propulsion. Il porte sous le bras qui retient la queue du saumon la canne et l'enfile sous le bras. Avec sa main libre, il peut alors décrocher la mouche de la gueule du saumon et le soulever pour la fameuse photo précédant la graciation.

    Bien sûr, les combats de saumons sont tous différents mais celui décrit plus haut est classique. Durant une bataille, il est probable que le saumon exécute des sauts impressionnants hors de l'eau. Lorsqu'il s'apprête à sortir de l'eau, il est bon d'abaisser la canne de façon à ce qu'il fasse ses contorsions sur une ligne flasque. La corde tendue pendant un saut a souvent été la raison du décrochage de la mouche de la gueule du saumon ou du bris de l'avançon. Les pêcheurs disent « saluer le saumon pendant le saut ».

     La maîtrise du saumon : Pour mettre fin au combat, il faut maîtriser le poisson. Jadis, les guides mettaient fin aux combats à l'aide d'une gaffe,instrument défendu de nos jours. La grande puise à long manche appelée « sallebarde » en Gaspésie est toujours de mise. Longtemps les pêcheurs solitaires se servaient du queutard encore utilisé de nos jours.

    D'autres pêcheurs aiment échouer (beach) leur capture. Finalement, la maîtrise à la main fait honneur au pêcheur désirant accomplir ce geste noble qu'est la graciation. La maîtrise à la main se fait aux opercules pour un castillon et à la queue pour un grand saumon.

L'avenir de la pêche au saumon de l'Atlantique

     Les remontées de grands saumons dans les rivières du Québec ont augmentés en 2002, en 2003 et encore en 2004. Ceci est peut-être dû en partie au banc de pêches commerciales au Groenland, mais il faut se rappeler que, depuis les cinquante dernières années, les stocks de saumons de l'Atlantique ont diminué de près de 80%. Il faut donc que nous tous réalisions la précarité de l'espèce et posions de menus gestes comme celui de gracier un grand saumon le plus souvent possible.

    Le défi est vôtre, commencez à pêcher la saumon à la mouche sèche ou allez encore plus loin dans certains aspects de votre façon de faire. Aller au-delà de vos espérances et de vos habiletés. Faites de la pêche au saumon le sport de votre vie !

Références

» Texte Claude H. Bernard (2004).
» Photos Claude Bernard, Ian Martin, Léon Larocque.
» Volume de Gary Anderson  « ATLANTIC SALMON FATCS and FANTASY » (1990)
Page 17 sur 31