La Route des Truites

     Souhaitez-vous pêcher de l'omble de fontaine et de la truite brune de taille, soit à la mouche ou soit à la cuillère, à un a plus qu'abordable, dans une section de rivière bien aménagée qui coule dans un milieu champêtre et ce, à moins de heures des grands centres urbains de Montréal et Québec? Rendez-vous cette saison au pays de Sir Wilfrid Laurier, la région des Bois-Francs, taquiner les salmonidés de la rivière Nicolet. Une agréable surprise vous attend!

Une histoire de pêche... et de la persévérance

La route des truites
     Au Québec, la plupart des maniaques de pêche à la mouche sont membres de la Fédération québécoise des pêcheurs à la mouche ATOS. Au début des années 80, quelques membres de cette confrérie qui péchaient souvent dans les rivières des monts Catskills de l'État de New York, considérées comme La Mecque des pêcheurs à la mouche, se donnèrent comme objectif d'aménager des parcours de pêche sur plusieurs rivières des Bois-Francs et d'en faire un éden. Leur dynamisme et leur détermination leur a permis de convaincre les gens du milieu et de regrouper des collaborateurs de tous les niveaux, si bien qu'en 1988, un organisme à but non lucratif fut créé : la Corporation de gestion des rivières des Bois-Francs (CGRBF).

     Les premiers aménagements et ensemencements ont été faits sur la rivière Bulstrode. Toutefois, la CGRBF n'a pu mener ce premier projet à bon port, car certains propriétaires riverains refusèrent de donner accès à la rivière, désirant préserver le caractère exclusivement agricole de leur municipalité. Cependant, dotée d'une expertise intéressante, la corporation entreprit, en 1991, la restauration d'une section de la rivière Nicolet localisée non loin de Victoriaville (20 km par la route 161), dans les municipalités de Saint-Rémi de Tingwick, Chesterville, Notre-Dame-de-Ham et Ham-Nord. Et, à l'été 1994, les amateurs de pêche à la ligne ont pu pratiquer leur activité halieutique dans cette portion de rivière, d'une longueur de 8 km, dans laquelle des ombles de fontaine et des truites brunes de taille avaient été introduits. le Québec venait de se doter d'un premier parcours de pêche en exploitation contrôlée et aménagé en terrain privé. Les quelque dix années d'efforts avaient porté fruit : la région des Bois-Francs devenait un secteur privilégié de la province pour la pêche des salmonidés en rivière.

BON AMÉNAGEMENT

     Pour que ce rêve devienne réalité, plus de 1 000 000 $ ont été investis depuis quelques années pour les études de faisabilité et les aménagements. Et il ne faut pas passer sous silence les efforts du président fondateur Pierre J. Nadeau de la CGRBF, de Léo Ouellet, l'actuel président et d'Yvon Barrette, le responsable des aménagements. Après entente avec la plupart des propriétaires riverains d'un secteur de 8 km, la CGRBF procéda à l'aménagement de structures dans le lit et sur les berges de la rivière. Jusqu'à maintenant, quatre seuils en enrochement et trois déflecteurs ont été réalisés afin de contrôler le débit et assurer une qualité d'habitat pour l'omble de fontaine et la truite brune. On a également aménagé des sentiers d'accès (ponceaux, passerelles, quais flottants, escaliers, marches) et des aires de stationnement et de repos.

     Quant aux ensemencements effectués à toutes les deux ou trois semaines durant la saison, on prévoit introduire plus de 10 000 poissons de 8 à 20 po (20 à 51 cm) au cours des trois premières années. Et ce, sans compter les 14 000 truites brunes d'une longueur de 5 à 6 po (12,6 à 15,3 cm) déposées dans la rivière après la saison de pêche 1994. De plus, en 1995, des aménagements fauniques additionnels seront mis en place sur le parcours et on prévoit restaurer un autre secteur et une autre rivière. Dans le rapport-bilan récemment publié (Qualité des eaux du bassin de la rivière Nicolet, 1979 à 1992), la biologiste Patricia Robitaille de la Direction des écosystèmes aquatiques nous apprend que l'eau de la rivière Nicolet, dans le secteur aménagé par la CGRBG, est de bonne qualité.

Secteurs de pêche

     Afin de plaire à tous les mordus de la pêche sportive, le parcours de 8 km a été divisé en deux secteurs. Le secteur 1, d'une longueur de 3,5 km, est réservé aux adeptes de la pêche à la mouche, tandis que le secteur 2, d'une longueur de 4,5 km, est autant accessible aux pêcheurs avec un lancer léger qu'à ceux avec une canne à mouche. Pour pêcher dans le secteur 1, contingenté à 20 pêcheurs par jour, il en coûte 20.$/jour/personne (16 ans et plus) et 10.$/jour/personne (15 ans et moins); dans le secteur 2, limité à 30 pêcheurs par jour, on demande 18.$/jour/personne (16 ans et plus) et 9.$/jour/personne (15 ans et moins).

     Pour l'année 1995, la pêche débutera le 29 avril pour se terminer le 10 septembre. La limite de prises quotidienne est de cinq ombles de fontaine ou truites brunes par droit d'accès pour les 16 ans et plus, et de trois pour les 15 ans et moins. On se procure les droits d'accès au poste d'accueil de la CGRBF au 30, rue Principale, Notre-Dame-de-Ham (à quelque 20 km au sud-est de Victoriaville via la route 161), ouvert à tous les jours de 6 h à 21 h. Pour obtenir une carte de la rivière indiquant les fosses, les sentiers, les aires de stationnement, etc., on s'informe, en saison, au (819) 344-5844.

     Étant donné que les secteurs sont contingentés, il serait important de réserver votre place à l'avance et de vous informer sur les possibilités d'hébergement et de restauration durant votre séjour. Hors saison, on écrit à C.P 456, Victoriaville, G6P 6T3 (téléphone et télécopieur : (819) 357-3388).

Succès de pêche

     Au cours de la saison 1994, 2 120 ombles de fontaine et 1 847 truites brunes d'un poids de 250 g à 1 kg (1/2 à 2 lb) ont été introduits dans les deux secteurs et 1 671 de ces poissons ont été récoltés par les pêcheurs. Et toujours d'après les statistiques présentées par la CGRBF, les pêcheurs au lancer léger auraient été favorisés, car 51 % des poissons ensemencés dans le secteur 2 ont été capturés, comparativement à 29 % dans le secteur 1 uniquement réservé à la pêche à la mouche. Cependant, il faut souligner que plusieurs pêcheurs à la mouche ont remis à l'eau, vivantes, plusieurs truites brunes et mouchetées qui n'ont pas été comptabilisées dans les statistiques.

     Ce sont près de 1 400 adeptes de la pêche à la ligne, dont près de 85 % provenant de l'extérieur de la région des Bois-Francs, qui ont taquiné la truite dans le parcours aménagé. Étant donné que seulement 40 % des poissons introduits dans la rivière ont été récoltés par les pêcheurs et qu'il y aura encore des ensemencements durant la prochaine saison de pêche, une exceptionnelle qualité de pêche est à prévoir. À ce propos, sachez que lors des dernières journées de la saison de pêche 1994, des trophées de plus de 1,4 kg (3 lb) ont été récoltés alors que ces poissons ne pesaient que 0,5 kg (1 1/4 lb) lors de leur introduction dans la rivière, au printemps.

Suggestions de leurres

     Pour aider celles et ceux qui voudraient obtenir un meilleur succès de pêche, permettez-moi de vous suggérer les leurres qu'utilisent deux pêcheurs expérimentés qui fréquentent régulièrement ce plan d'eau. Ainsi, si vous êtes un adepte de la pêche à la mouche, procurez-vous les artificielles suivantes, suggérées par Claude Bernard dont la réputation n'a plus de frontière. Et si elles sont utilisées selon la technique de pêche appropriée, il est peu probable que vous reveniez bredouille.

     Ainsi, ne partez pas à la pêche sur la Nicolet sans la Muddler, l'artificielle sans doute la plus populaire, et la Muddler Marabout noir, davantage efficace dans les eaux turbides. N'oubliez pas la Wooly Bugger avec un corps de couleur vert/olive, jaune, beige, olive ou noir avec des côtes faites avec un hackle noir, brun ou olive. Bernard attache aussi très souvent à son bas de ligne une Doc Spratley (utilisée surtout dans l'ouest canadien et américain) dont le montage, tout dépendant de la longueur de la hampe de l'hameçon, peut imiter plusieurs insectes... et même une sangsue. Et si l'eau devient sale et colorée, servez-vous d'une Red Soldier que les truites brunes repèrent assez facilement.

     Les truites sont-elles en train de gober des nymphes de couleur beige? Une Gold Ribbed Hare's Ear serait de mise... Ou des nymphes de couleur foncée? Alors utilisez une March Brown anglaise. Des éphémères et/ou des phryganes émergent-elles à la surface de l'onde? Servez-vous d'une Filo Thorax (création de Claude Bernard) selon la couleur du corps de l'insecte naturel. Et n'oubliez pas la Perle de la Nicolet (création de Claude Bernard), une imitation d'un insecte qui émerge en plein courant au centre de la rivière et ce, du milieu de l'après-midi jusqu'au crépuscule.

     Quant aux amateurs de pêche à la cuillère, écoutez les recommandations d'Alain Ramsay, un mordu de la pêche de la région qui suggère d'employer, davantage en début de saison, une Toronto Wobbler or ou dorée sur laquelle vous empalez un bon gros ver. Les Bob-It dorées avec de petites boules de couleur rouge ou orange et les Rapala sont aussi très efficaces. Notez que Ramsay pêche surtout dans les rapides et, à l'occasion, dans les grandes fosses.

La gestion de demain?

     Les dirigeants de la Corporation de gestion des rivières des Bois-Francs ont le vent dans les voiles. D'ici l'an 2000, ils prévoient aménager d'autres rivières dans cette région des Appalaches. Étant donné que les pêcheurs ne pourront plus compter seulement sur les gouvernements pour assurer la pérennité de leur activité préférée, les adeptes devront de plus en plus se prendre en main.

     Ce que plusieurs voyaient comme une idée folle à origine, cette prise en charge d'un parcours de la rivière Nicolet par les gens du milieu, est maintenant un modèle de gestion à multiplier en province. Sachant que les dirigeants de la CGRBF seraient prêts à partager leurs connaissances, qu'attendent les associations locales de pêche pour s'engager dans de tels projets?

Voici la parure de neuf mouches que nous vous suggérons pour la rivière Nicolet

1; WOOLY BUGGER

Hameçon: Tiemco # 300, N° 4 à 10.
Fil de montage: Uni 8/0 noir.
Queue: Marabout noir.
Corps: Chenille verte/olive, jaune, beige, olive ou noir.
Côtes : Hackle noir, brun ou olive.
Collier: Hackle noir.
Tête: Fil noir.

2; RED SOLOIER

Hameçon: Tiemco # 300, N° 2 à 10.
Fil de montage: Uni 8/0 noir.
Corps : Tinsel plat argent.
Gorge: Hackle rouge.
Ailes : Poils blancs de la queue d'un veau.
Épaules: Deux plumes de poitrine d'un canard malard.
Tête: Fil noir.

3; MUDDLER MARABOUT NOIR

Hameçon: Mustad # 3399, N° 4 à 10.
Fil de montage: Uni 6/0 rouge pour le corps et AA blanc pour la tête.
Queue : Quelques fibres d'une plume de selle rouge.
Corps : Tinsel ovale argent.
Ailes : Marabout noir.
Collier: Poils d'un cerf de Virginie.
Tête : Poils d'un cerf de Virginie «tournés» et taillés.

4; DOC SPRATLEY

Hameçon: Tiemco # 300, N° 4 à 12.
Fil de montage: Uni 8/0 noir.
Queue: Fibres d'un hackle grizzly.
Corps : Chenille noire.
Côtes : Tinsel ovale argent.
Gorge: Fibres d'un hackle grizzly.
Ailes: Fibres d'une plume d'un croupion d'un faisan mâle à collier coiffées de fibres d'une queue de paon.
Tête: Fibres d'une queue de paon.

5; PERLE DE LA NICOLET

Hameçon : Tiemco # 947BL, N° 4 à 10.
Fil de montage : Uni 8/0 noir.
Lestage : Fil de plomb de chaque côté de la hampe.
Queue : 3 fibres d'une plume de sabre de paon.
Corps : Dubbing de lapin brun (1/3), de castor 1/3), d'opossum olive (1/3).
Côtes : Fil fin de cuivre.
Thorax : Dubbing de même nature que le corps.
Pattes : Fibres d'une plume d'une faisane à collier.
Ailes : Une petite plume grise du duvet (appelée «filo» par les monteurs de mouches).
Élytre : 10 à 15 fibres d'une plume d'un œil de paon.
Tête : Fil noir.

6; GOLD RIBBED HARE'S EAR

Hameçon: Tiemco # 39068, N° 10 à 16.
Fil de montage: Uni 8/0 beige.
Lestage: Fil fin de plomb sous le thorax (au besoin).
Queue : Fibres d'une plume souple teinte en brun.
Corps: Dubbing d'un masque de lièvre.
Côtes : Tinsel ovale très fin de couleur or (sur l'abdomen seulement).
Thorax: Dubbing d'un masque de lièvre.
Élytre: Section d'une plume grise d'une aile de canard.
Tête: Fil beige.

7; FILO THORAX

Hameçon: Tiemco # 200, N° 10 à 16.
Fil de montage: Uni 8/0 noir ou de la couleur du corps.
Queue : Fibres d'une plume grise du duvet attachée à la plume du dos de la gélinotte huppée (appelée «filo» par les monteurs de mouches).
Corps : Dubbing de lapin de la couleur pouvant imiter l'insecte naturel.
Thorax : Petite plume grise du duvet attachée à la plume du dos de la gélinotte huppée («filo»).
Collier : Petite plume grise du duvet attachée à la plume du dos de la gélinotte huppée («filo»), enroulée autour de la hampe (deux tours).
Tête: Fil noir ou de la couleur du corps.

8; MUDDLER

Hameçon: Mustad # 79580, N° 2 à 16.
Fil de montage: Uni 6/0 blanc.
Queue: Section d'une plume de dinde «mottelée».
Corps: Tinsel plat argent, or ou cuivre.
Ailes : Poils d'une queue d'écureuil gris et une section de plume d'une dinde «mottelée».
Collier: Poils d'un cerf de Virginie.
Tête: Poils d'un cerf de Virginie «tournés», et taillés.

9; MARCH BROWN ANGLAISE

Hameçon: Tiemco # 39068, N° 8 à 14.
Fil de montage: Uni 8/0 noir.
Lestage : Fil fin de plomb (au besoin).
Queue: 3 fibres d'une queue de faisan mâle à collier.
Corps: Dubbing d'un masque de lièvre (50%) et de castor (50%).
Pattes : Une plume souple de gélinotte huppée.
Élytre: Quelques fibres d'une queue de faisan à collier (moitié de la hampe).
Tête : Fil noir.

Références

» Texte & Photos: Gilles Aubert (Mai 1995).
» Magazine Sentier Chasse & Pêche.
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