Mon Premier Saumon au Québec

     Grand amant de la nature depuis ma tendre enfance (grâce à mon père, « Thank you Dad ») et moucheur depuis ma prime adolescence, je rêvais depuis longtemps au jour où je pourrais prendre mon premier saumon au Québec. Je dévorais les articles du grand Lee Wulff, et, souvent je visionnais ses courts métrages. De ces derniers, je préfère celui dans lequel, au moyen de son attirail ultra-léger avec une mouche sèche, il tente, ferre et capture de sa main ce saumon, tout en le libérant à la suite, faisant preuve d'un esprit sportif et de conservation, et, tout ceci dans une fosse limpide de la rivière Matapédia.

Mon Premier Saumon au Québec
Peter Farago (steelhead cattaraugus creek new -york)
     Dans mes rêves je me voyais répéter cet exploit lors de mon premier essai mais je me demandais toujours: « quand viendra-t-il? »

     Ayant demeuré seize ans dans les Maritimes, il va sans dire que j'ai côtoyé et péché le saumon atlantique dans les magnifiques rivières telles : la Miramichi et la rivière Cains au Nouveau-Brunswick ainsi que la Margueree River au Cap Breton. Cependant, comme tous les pêcheurs de saumons, j'alimentais par beaucoup de lectures mon rêve de me diriger vers le Québec, plus précisément vers la Matapédia, eh oui vers cette Matapédia où j'aurais la chance de rencontrer Richard Adams, ce phénomène extraordinaire dont tous les moucheurs parlaient avec emphase, ce guide le plus recherché dans le royaume du saumon atlantique.

      Grâce à mes amis joliettains Roland Rhéaume et Maurice Boisvert, l'occasion s'est enfin présentée l'automne dernier; enfin, j'irais pêcher sur une des plus belles rivières à saumons du Québec, la Matapédia. Celle-ci est classée excellente par les plus grands moucheurs et pêcheurs de saumons. La tumultueuse et puissante rivière a un paysage magnifique et accidenté, elle est entourée de chaque côté par des montagnes, de là vient le nom de « La Vallée de la Matapédia ». Très longue et très large, elle se jette dans la Baie des Chaleurs. Son eau claire avec un reflet argenté nous permet de constater qu'elle regorge de saumons mais souvent difficiles à capturer. Jadis, elle n'était accessible qu'aux seuls membres de clubs privés, mais maintenant, au contraire, elle est presque complètement ouverte au public. On peut pêcher en nombre illimité de pêcheurs sur presque toute la rivière, excepté dans le secteur « Glenn Emma » où le nombre est limité à dix pêcheurs à la fois. C'est dans ce secteur que nous avons eu le privilège de pêcher.

   Me voilà donc rendu sur la rivière avec mon guide et pas n'importe lequel guide. Richard Adams en personne, le guide le plus recherché... Je tremble à la vue de ces saumons de vingt livres se déplaçant au pied de la fosse. Attirail en mains, une canne en graphyte, un bon moulinet à saumon armé avec un deux cent verges de corde de réserve, je suis prêt à attaquer.

     Assis à l'arrière du canot gaspésien. j'engage la conversation: « Richard, j'aimerais bien essayer la Green Highlander que j'ai moi-même montée cette semaine ». « Bon choix Peter, c'est une bonne mouche pour cette rivière ». Je suis prêt, mon coeur bat à cent milles à l'heure, mon Dieu que je suis excité...

     Depuis cinq ans, je suis habitué à pêcher dans les lacs et à courir les gobages de grosses truites... Je déroule cinquante pieds de soie et je lance entre les deux rochers... comme un débutant... un lancer bien trop long. « Pas si vite, pas si vite Peter » me lance Richard Adams, « il faut couvrir toute la fosse, tu dois faire progresser ta mouche pied par pied et ainsi tenter chaque saumon en lui présentant l'appât dans son champ visuel ». J'avais compris à demi... je récupère une quarantaine de pieds et j'explore... J'effectue un lancer parfait à cinq pieds en haut du champ visuel et... il attaque... il va prendre ma mouche.. je vois le gobage... je ferre... mon coeur bat de plus en plus... il est magnifique... il ne cherche pas à profiter du courant... il n'est pas gros, six livres mais très beau... il se fatigue vite.

     Après quinze minutes d'efforts, il est tout près de moi... et Richard me donne ses directives pour l'amener à l'épuisette... « Richard me permets-tu de le prendre par la queue? » « C'est ton saumon, tu peux le rentrer comme tu veux ». Le saumon roule, roule... il est fatigué... je l'approche... l'attrape par la queue... je l'amène au bord et lui enlève la mouche de la gueule, je regarde mon guide qui se lève et lance un cri de joie... Hourra... Mes amis, ce fut tout un... « thrill ». Vive Salmo Salar... Vive la Matapédia!!!

     Voilà un résumé de mes grandes émotions de l'été dernier; maintenant, je partagerai avec vous mes vues sur l'équipement de pêche au saumon.

L'ÉQUIPEMENT

     Pour la pêche aux saumons est aussi spécifique que pour la pêche à la truite, voici mon propre choix et celui que je vous recommande.

     Canne: Le graphyte est le produit qui m'apparait le plus idéal. Une canne en graphyte est très puissante et permet de longs lancers; elle est aussi très légère, ce qui nous permet de pêcher plusieurs heures sans ressentir de la fatigue. De plus, il ne faut pas oublier sa propriété d'être très sensible. C'est une canne dispendieuse comparée à une canne en fibre de verre, mais c'est un achat où l'on ne se trompe pas. La longueur adéquate est de 9 pieds et demi. Les compagnies recommandées sont: Sage-Fenwick-Hardy-Orvis.

     Moulinet: Un bon moulinet à saumon doit être capable de contenir au moins 150 à 200 verges de corde de réserve (backing) et doit posséder un bon système de freinage. Des marques réputées comme Fenwick world class—Hardy— Valentine sont de très bons choix.

     Soie: La soie numéro 9 (WF9F) que j'utilise est celle qui me permet de faire de longs lancers.

     Avançons: En ce qui concerne les avançons, quelques bobines de 8 à 15 lbs test seront suffisants.

     Veste de pêche: On doit avoir une veste de pêche qui pourra contenir boîte à mouches, avançons, silicone pour les mouches sèches etc.. Ne pas oublier le serre-queue ou l'épuisette.

     Mouches: Souvent, on reproche aux moucheurs de saumons d'avoir trop de mouches artificielles dans leurs boîtes. Il y a peut-être une certaine vérité dans cela, mais il faut retenir que les moucheurs qui montent ou achètent leurs mouches aiment échanger, essayer, donner, collectionner ou admirer celles-ci entre eux.

     Voici maintenant les mouches spécifiques du grand légendaire Richard Adams de la Matapédia. La première catégorie est de gamme pri-maire, soit Silver Doctor, Blue Charm, Silver Rat-Black, Bear-Cosseboom, Jock Scott, Black Dose, Green Highlander-Faisan orangé*. La deuxième catégorie fait partie des mouches sèches, soit: Brown Bomber, L'oiseau Blanc et Orange-Grey Bomber, White Wulff, Royal Wulff, Le Rat Face McDougall.

     Enfin, je vous suggère de continuer à utiliser d'autres patrons de mouches artificielles et de continuer à inventer, à créer d'autres modèles. Il n'y a pas de formule infaillible, ce qui fait de la pêche du « Salmo Salar » une expérience excitante et mystérieuse.

     D'ailleurs, si cela était autrement, cela ne serait plus un sport...!

     Un tout dernier conseil... juste pour vous...

     Piquez votre saumon dans la queue de la fosse, car le saumon qui vient de remonter les rapides succombe facilement à l'attrait d'une artificielle qui lui est présentée dès son arrivée. Donnez-m'en des nouvelles.

     *: Vous voulez en savoir plus long sur cette mouche?

     Contactez-moi: Peter Farago

références

» par Peter Farago
» Salmo Salar #11, Hiver 1988.
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