Hommage à Guy-Noël Chaumont

LE GRAND SAUMONIER GUY-NOËL CHAUMONT NOUS A QUITTÉS

Le Grand Saumonier Guy-Noël Chaumont nous a Quittés
    Né à Riom le 25 décembre 1924, cet ancien élève de Michel de l'Hospital a passé ses plus belles années, de 1940 à 1945, à lutter contre l'occupant nazi. C'est d'ailleurs de ce collège dont « sont issus les premiers résistants riomois, dont le colonel Max Menut, fondateur du mouvement Combat ».

     En 1940, Guy-Noël a seize ans. Il rencontre un Lezouvien du nom de Jean Rimbert et se lie d'amitié avec lui. Après l'armistice de 1940, Jean Rimbert forme un réseau très actif de résistants. Guy-Noël Chaumont le rejoint avec d'autres Riomois. Il sera l'unique survivant.

     Les choses changent lorsque les Allemands envahissent le sud de la France en novembre 1942, où il est nommé opérateur-radio (ICR) de Clermont-Ferrand, dans un réseau qui récupère les équipages des avions alliés abattus par les Allemands. Ces aviateurs sont regroupés puis conduits à la frontière espagnole. De là, ils peuvent retourner en Angleterre.

    Arrêté le 3 juin 1944, il s'évade quelques heures après par les toits de sa prison de Chamalières. Quant à Jean Rimbert, il fut dénoncé et arrêté par la Gestapo avant d'être fusillé le 2 octobre 1943.

    Parenthèse pour dire que la redoutable Garde civile espagnole n'est jamais là lorsqu'il s'agit de leur faire passer la frontière. Guy-Noël Chaumont est convaincu de la complicité de Franco: «La preuve, après la guerre, il est resté au pouvoir».

    Pendant la guerre il s'était lié d'amitié avec un métis du Manitoba, Pierre Demitruck. Il était un mitrailleur de Lancaster et son avion avait été abattu au-dessus de la France. Au lieu de rentrer en Angleterre, Pierre a préféré continuer de faire la guerre avec les résistants. Il s'est fait tuer par les Allemands dans une embuscade.

    La guerre terminée, Guy-Noël Chaumont est embauché comme contrôleur aérien à l'aéroport d'Aulnat-Clermont. Deux ans plus tard, il entre chez le fabricant de pneus Michelin à titre de responsable des appareils de mesurage.

    En 1951, il part au Canada. Il fait le voyage Paris-Montréal à bord du vol inaugural de Trans-Canada Airlines, le 11 septembre 1951. Montréal ne lui plaît pas: « Trop anglophone à mon goût. J'ai pris le bus, je suis allé à Québec et je me suis présenté au bureau de l'Immigration sur Saint-Joseph ».

    Il est embauché au chantier maritime Davie (Lévis), le surintendant Ted Corriveau lui offre un poste de dessinateur, il y reste trois ans avant d'aller travailler pour R & D de Polytraction, une filiale de la multinationale US Dayco à Thetford Mines. Chez US Dayco, il grimpe les échelons jusqu'au poste de directeur et vice-président de la filiale Polytraction à Tring-Jonction.

     Dans ses temps libres, il va à la chasse et à la pêche, surtout à la pêche au saumon et il retourne une fois par an à Riom pour voir sa famille et ses amis.

Question Saumon

     Guy-Noël Chaumont est une grande pointure. Il a exercé une certaine influence sur le cousin de sa conjointe, le ministre Yves Duhaime, lors du déclubage des rivières à saumon québécoises.Guy-Noël Chaumont a été membre-fondateur de l'Association de protection du Saumon Loire-Allier en 1950, avec son père. 

    Membre-fondateur de l'Association pour la pêche sportive du saumon du Québec (maintenant la %FQSA%), il luttait avec d'autres pour le déclubbage des rivières et l'abolition de la pêche commerciale saumon. Il a influencé la mise en oeuvre du projet de restauration de la rivière Jacques-Cartier avec François de B. Gourdeau. Il a aussi participé à la relance de la rivière Escoumins au milieu des années 1970.
Planète Saumon; Guy-Noël Chaumont
     Il a instigué la coopération franco-québécoise reliée au saumon atlantique, qui a donné lieu à de nombreux échanges entre les scientifiques du Québec et de la France de même qu'entre les associations et les fédérations de pêcheurs.

     Il a aussi contribué à la réalisation de la pisciculture de Chanteuges qui est devenue la salmoniculture la plus moderne d'Europe grâce à la coopération franco-québécoise.

     Auteur de nombreux articles et d'un livre intitulé "Planète Saumon" (2009), il a su exposer brillamment ses connaissances et ses opinions sur la gestion de la ressource saumon, sur le repeuplement des rivières et sur les causes de perturbations de l'habitat. Il a mené toute sa vie une lutte farouche contre les petites centrales hydro-électriques, contre la pêche au filet tant au Québec qu'en France.

     Du fait qu'il pêchait avec une canne à 2 mains, il a amicalement été baptisé sous le pseudonyme de « Longue perche » par les pêcheurs québécois.

    En 2011; Guy-Noël Chaumont publie le livre: "Les Temps d'une Guerre". Il y raconte ses souvenirs dans le maquis auvergnat et son évasion de la prison de la Gestapo à Chamalières.

Les Temps d'une Guerre; Guy-Noël Chaumont
     Pourquoi ce livre ? « C'est simple: pendant toute la guerre, mon appartenance à la résistance me confortait dans l'idée que je vivais quelque chose hors du commun. J'ai pris des notes et fait des photos. J'avais dans l'idée qu'il reste quelque chose de tout ça ». Certes, mais pourquoi avoir écrit ce livre si longtemps après ? « Tous les documents que j'avais emportés avec moi au Canada sont restés dans un tiroir.

    Un jour, j'ai pris conscience que la plupart des ouvrages sur la deuxième guerre mondiale n'avaient pas été écrits par des témoins directs. C'étaient des rapports circonstanciés, mais on n'y voyait pas le vécu des gens. J'ai voulu témoigner de ce que j'avais vu et vécu. J'en sentais la nécessité ». Refusé de publication au Québec sous prétexte que le sujet n'intéresse pas les gens d'ici, ce livre a été publié par un éditeur français.

     Ce vieux Français Guy-Noël Chaumont (de Sainte-Foy) a passé une bonne partie de sa vie au Québec et qui est connu comme Barabbas dans la passion par tous les amateurs de pêche au saumon, il fut en France et ici, un grand défenseur du saumon de l'Atlantique. Cet Auvergnat a eu une vie très remplie de rebondissements qui meubleraient une bien longue biographie. Ses derniers amis, sont un couple de canards colverts. Un mâle et une femelle. Chaque printemps, ils reviennent passer l'été sur les bords de sa piscine à Sainte-Foy, rien d'autre ne comptait pour lui que d'aller donner un peut de pain aux deux volatiles.

    Il est décédé le 31 août 2014 à l'âge de 86 ans, à l'unité des soins palliatifs de l'Hôpital Laval (à Québec).  Ce qui l'a amené au Québec ?. Juste, sa passion pour la pêche et la chasse !.

Référence

» Texte & Photos Didier Fessu Journal le Soleil.
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